Démontée de son socle pour des travaux de restauration, la statue de Napoléon de Rouen (Seine-Maritime) doit-elle retrouver son emplacement devant la mairie ? Doit-elle être remplacée par une statue de femme ? Par celle de Gisèle Halimi ? Les habitants sont invités à donner leur avis.
Depuis 1865, une grande statue équestre de Napoléon se trouvait au centre de la place de l'hôtel de ville.
Le 2 juillet 2020 elle a été descendue de son socle et envoyée en restauration. Fragilisée par des fissures sur l'une des pattes du cheval, la statue pouvait présenter un risque de chute et donc un danger pour les passants.
Lancement du débat public
Pendant le chantier de restauration de la statue de Napoléon, et avant son retour, la Ville de Rouen a initié un débat public sur l'avenir de la place de l'hôtel de ville et la question de la place des femmes et de la représentation féminine dans l’espace public.
Il s'agit de déterminer si Napoléon doit revenir à son emplacement initial, ou dans un autre lieu comme par exemple à la pointe de l'île Lacroix, là où se trouvait avant-guerre la statue de Corneille. Pour la municipalité il s'agit aussi de "s’interroger sur l’opportunité de mettre en avant une grande figure féminine sur la place de l’Hôtel de Ville, symbole de la démocratie municipale par excellence."
C'est ainsi que Nicolas Mayer-Rossignol, le maire (PS) de Rouen a proposé le nom de Gisèle Halimi. Mais rien n'est encore décidé puisqu'un débat public du nom de "Et si on statuait ?" a débuté le 1er octobre 2021 et doit durer plusieurs mois.
Votation citoyenne
Dans un premier temps les habitants sont invités, via un formulaire en ligne, à participer à une concertation citoyenne en apportant leur contribution et en répondant à la question suivante :
"Que proposeriez-vous concernant la représentation féminine dans l’espace public ?"
La Ville de Rouen indique que cette participation en ligne est organisée "pour une transparence totale des propositions et doit permettre à toute personne de formuler des idées pour l’avenir de la place, qui alimenteront les propositions mises au vote".
A l'issue de la concertation une votation citoyenne sera en effet organisée.
► Accès au formulaire de participation citoyenne "Et si on statuait ?"
La Ville lance la concertation "Et si on statuait ?" sur la place des femmes dans l’espace public. Cette concertation, qui se déroule jusqu'à la fin de l'année, prendra la forme de plusieurs rendez-vous. https://t.co/iBOnjgl3HI
— Ville de Rouen (@Rouen) October 4, 2021
Ateliers, conférences et débat
Pour imaginer ce que sera la future place de l'hôtel de ville de Rouen les habitants sont invités débattre et à faire des propositions. Pour les aider, la concertation se déclinera sous diverses formes.
Des ateliers citoyens sur le projet de renaturation vont débuter avec "le recrutement de 20 citoyens, représentatifs des usagers de la place, des habitants du quartier, de l’âge (intergénérationnel), des commerçants…" pour "une co-construction du projet avec modélisation finale des propositions soumises au vote des Rouennaises et Rouennais".
Quatre conférences (retransmises en vidéo sur Internet) sont prévues dans les prochains mois :
- 16 octobre 2021 : "Oui, les femmes Rouennaises sont entrées dans l’Histoire !"
- 10 novembre 2021 : "Napoléon, entre ombre et lumière "
- 17 novembre 2021 : "Retour sur la restauration de la statue et les archives historiques"
- 1er décembre 2021 : Conférence de clôture "Démocratiser la mémoire ?"
Féminisation des noms des rues de Rouen
La concertation organisée sur l'avenir de la place de l'hôtel de ville de Rouen s'inscrit dans une volonté politique de "dénommer des lieux emblématiques de notre ville avec des noms de femmes."
C'est ainsi que ces derniers mois des équipements portent le nom d'une femme : école Anne Sylvestre et patinoires Nathalie Péchalat et Edith Ballester.
Mais en rappelant qu'en 2021, seulement 5% des noms de rues de Rouen sont féminins, la municipalité annonce vouloir poursuivre son action de féminisation de l'espace public. Dernier exemple en date avec le futur quartier Flaubert (situé entre la Seine et l'usine Lubrizol) dont les noms de 5 nouvelles rues ont un nom de femmes à la suite d'une consultation à laquelle ont participé 2083 habitants de Rouen.
Voici les 5 noms retenus et dévoilés le 4 octobre 2021 :
- Françoise HERITIER (75,76% des votes, soit 1578 sur 2083)
- Agnès VARDA (72.88% des votes, soit 1518 sur 2083)
- Françoise SAGAN (68.99% des votes)
- Hubertine AUCLERT (66.68% des votes)
- Georgette AGUTTE-SEMBAT (63.42% des votes)
Ce nouveau quartier de Rouen va donc porter 100% de noms féminins. La pose des plaques sur les murs permettra sans doute aux passants de mieux connaître le parcours de ces figures de la défense de la place des femmes dans la société.