Débutées le 24 juin, les opérations de démontage de la statue équestre de Napoléon située devant l'hôtel de ville de Rouen se sont finalement achevées une semaine plus tard. Indéboulonnable, la statue de l'Empereur ?
Ce n'est pas le passé militaire de l'Empereur, et le souvenir de ses campagnes en Europe et en Egypte, ni son acharnement à combattre les Anglais qui sont à l'origine de ce déboulonnage de statue.
Ce n'est pas pour des raisons politiques ou éthiques que cette statue de Napoléon doit descendre de son piédestal.
Napoléon décapité
C'est ce jeudi matin (2 juillet 2020) que la deuxième tentative a été la bonne. La statue équestre a été finalement désolidarisée de son socle. La tête de Napoléon, connue pour sa grosseur (lire plus bas) a été descendue en premier par la grue, comme décapitée...
7 tonnes bien accrochées
Pour l'entreprise chargée de "déboulonner" cette statue en vue d'une restauration, la crainte, lors des premières opérations de levage, était de la briser. Une incertitude concernait la présence ou non d'une armature métallique, comme, par exemple, des tiges allant des pattes arrières au centre du piédestal.
N'ayant ni plans, ni photos de l'intérieur du monument, ni son poids exact, les spécialistes ont été obligés d'effectuer des sondages avant le second grutage. Et c'est là qu'ils ont eu confirmation de la présence d'eau à l'intérieur de la statue, ce qui explique son "surpoids"de trois tonnes par rapport aux premières estimations :
7 tonnes, c'est déjà beaucoup pour une statue de cette taille là !
Elle est très épaisse au niveau des pattes et elle est remplie de "noyaux de fonderie", avec de l'eau qui rentre dedans, ce qui fait encore plus de poids.
Donc c'était ça qui n'était pas évident à estimer: c'était quelle quantité il y a de noyaux, et quelle quantité il y a d'eau…"
Un danger pour les passants
C'est une faiblesse du cheval cabré sur lequel Napoléon est représenté qui justifie l'intervention de spécialistes du grutage devant l'hôtel de ville de Rouen.
Une fissure a en effet été détectée sur l'une des pattes du cheval, ce qui présente un risque de chute sur l'espace public, et donc un danger pour les passants (et les skateurs) et les bus qui circulent sur cette place autour de ce monument.
La dépose de la statue doit permettre d'examiner l'étendue des dégâts et de mieux guider les travaux de restauration de cette statue qui a échappé aux guerres, aux bombardements, mais pas aux manifestants.
A Rouen, depuis des décennies, il est habituel de voir, pendant les grands rassemblements populaires (festifs ou revendicatifs) des personnes escalader le monument et prendre place sur le cheval aux côtés de l'empereur…
Mercredi 24 juin 2020 :
Indéboulonnable !
Mais l'opération a finalement échoué. La grue n'est pas parvenue à soulever les 4 tonnes de bronze de la statue. Prochain essai : jeudi prochain, si tout va bien.
Aspergée avec de la peinture rouge
Les péripéties de la statue Napoléon sont décidément pleines de rebondissements. Indéboulonnable, la statue a été aspergée de peinture rouge dans la nuit de mercredi à jeudi. Les services municipaux sont rapidement intervenus jeudi matin pour nettoyer. Le chantier en cours a repris normalement.
Napoléon tête nue, le bicorne à la main
C'est le 15 août, jour de naissance de l'Empereur, que les Corses de Rouen viennent déposer des fleurs au pied de cette imposante statue inaugurée …le 15 août 1865.
Flaubert fut l'un des premiers à se moquer de la taille imposante de la tête de ce Napoléon rouennais. Erreur de proportions ? Effet de perspective ? Choix du sculpteur Gabriel Vital Dubray pour donner une représentation de grandeur ? Aujourd'hui encore la question se pose et permet aux guides conférenciers rouennais d'aiguiser la curiosité de leur auditoire.
Au chapitre historique il faut savoir que le bronze de cette statue équestre provient d'une partie des canons pris à l'ennemi lors de la bataille d'Austerlitz. Elle a été édifiée sept ans après celle de Cherbourg.
Le retour des cendres : une cérémonie grandiose sur les quais de Rouen
Un point commun entre ces deux villes : le retour, en 1840, des cendres de Napoléon en provenance de Sainte-Hélène. Un premier bateau, la frégate "La Belle Poule" fait le trajet jusqu'à Cherbourg. C'est ensuite "La Normandie", le vapeur à roue à aubes affecté habituellement au trajet Le Havre- Rouen (dans la partie maritime de la Seine) qui prend le relais. Mais ne pouvant pas passer sous les ponts et continuer dans la partie fluviale La Normandie s'arrête à Val de la Haye où attend "La Dorade".
C'est à bord de "La Dorade" qu'on embarque le cercueil de l'empereur avant une remontée triomphale de la Seine jusqu'à Paris.
En souvenir de ce transbordement des cendres de Napoléon, une colonne est édifiée (avec à l'intérieur quelques cheveux de l'empereur) et est inaugurée en 1845 en bord de Seine à Val de la Haye.