Le 75ème Festival de Cannes vient de débuter et déjà, la Normandie figure parmi les stars. Cinq longs métrages tournés dans la région sont présentés, dont Un Petit Frère de Léonor Serraille en compétition officielle. En 2021, 110 films ont pris leurs quartiers en Normandie.
« Avoir autant de films et de surcroît un en sélection officielle, c’est une grande fierté » confie Denis Darroy, directeur de l'association Normandie Images qui œuvre au développement du cinéma dans la région.
Pour son film Un Petit Frère, Léonor Serraille a tourné pendant 18 jours en avril et en mai 2021. D’Ancourt à Dieppe, en passant par Elbeuf, Poses, Rouen, ou Varengeville-sur-Mer, elle a sillonné la Seine-Maritime et l’Eure pour raconter l’histoire de Rose, une femme d’origine ivoirienne, qui dans les années 1980, s’installe en France avec ses deux fils.
Grâce à Normandie Images qui gère le Fonds d’aide à la création et à la production cinématographique, audiovisuelle et multimédia de la Région Normandie, la réalisatrice a bénéficié de 10.000 euros de soutien à l’écriture et de 180.000 euros de soutien à la production. 25 techniciens et 135 figurants normands ont travaillé sur ce film.
Comme Un Petit Frère, quatre autres films tournés dans la région ou soutenus par Normandie Images seront également présentés à Cannes : L'Envol de Pietro Marcello (7 jours de tournage en Normandie, 478.000 euros d’aides), Un beau matin de Mia Hansen-Løve (3 jours de tournage en Normandie, 49.000 euros d’aides), Dodo de Panos H. Koutras (10.000 euros d’aides) et Don Juan de Serge Bozon (14 jours de tournage en Normandie, 350.000 euros d’aide)
Soutenir et accueillir les tournages en Normandie
L’association Normandie Images a deux missions principales : l’accueil des tournages qui passe par la recherche de décors et de salariés et le soutien financier de projets de films via le Fonds d’aide à la création et à la production.
Mais avec un budget de 2 248 000 €, comment la Normandie parvient-elle à tirer son épingle du jeu face à des mastodontes comme la Région Bretagne et ses 4 millions d’euros en faveur de la création cinématographique ou la Région Grand Est et ses 6 millions d’euros ?
« Nous sommes proches de Paris, les décors sont variés, et j’ai des équipes qui sont réactives et efficaces » répond Denis Darroy du tac au tac. « Pour Un Petit Frère par exemple, certaines séquences ont été tournées dans des établissements scolaires comme le collège Fontenelle à Rouen. Il a fallu débloquer toutes les autorisations. Nous avons des contacts dans de nombreuses villes : Le Havre, Caen, dans la Manche… Des Mac Gyver capables de faire fermer une route ou de trouver un décor de ruines à la dernière minute» poursuit-il.
Mais le directeur de Normandie Images n’est pas dupe. « Nous ne sommes ni les plus beaux ni les meilleurs. Mais nous essayons de défendre des projets de films qui ont du sens et des valeurs. La fierté ce n’est pas uniquement de monter les marches du Festival, c’est se dire que peut-être certains films auraient eu du mal à se faire sans nous que ce soit des longs métrages ou des documentaires.»
En 2021, la Normandie a accueilli 110 tournages contre 55 en 2020, du documentaire au court métrage, en passant par des téléfilms, des séries et des clips vidéo. Cela représente 666 jours de tournage, qui ont généré près de 6 millions d’euros de dépenses locales. « Derrière tous ces tournages, il y a de l’emploi : des techniciens qui travaillent dans le son et l’image, mais aussi des décorateurs, des électriciens, des peintres, des menuisiers, des loueurs de voiture, des hébergements… Tout cela contribue au développement économique d’une région et à son attractivité » aime à rappeler Denis Darroy. Sans compter les 33 personnes qui travaillent pour Normandie Images et le Fonds d’aide à la création et à la production.
La guerre des régions n’aura pas lieu au cinéma
Les régions se livrent-elles une concurrence pour attirer à elles les réalisateurs de cinéma ? « C’est une concurrence relative » explique Denis Darroy. « Bien sûr, un film qui se tourne en Normandie ne se tournera pas en région Centre. Or, là-bas aussi, il y a des châteaux, des maisons des années 50 et le même type de décor que chez nous. Mais en même temps, nous sommes capables de nous concerter ».
Présent à Cannes, le directeur de Normandie Images enfile sa casquette de VRP. En quelques jours, il compte bien rencontrer un maximum d’équipes de production. « Les réalisateurs, les producteurs profitent du festival pour déposer un projet là où ils trouveront le bon décor ou l’aide nécessaire » raconte-t-il. « Alors sur place, nous venons avec des bases de données pour leur montrer ce qu’on peut leur proposer. Mais au final, ce sont eux qui choisissent s’ils voudront un décor avec une falaise ou la Seine. »
Au fil du temps, les équipes de Normandie Images parviennent à nouer des relations de confiance avec les réalisateurs qui n’hésitent plus à revenir pour de nouveaux projets. « Pour presque tous les films que nous soutenons, les réalisateurs interviennent dans les établissements scolaires pour développer l’esprit critique des jeunes, les éduquer au regard, leur faire découvrir le monde dans lequel ils vivent » La preuve pour Denis Darroy qu’ils ont tissé des liens avec la Normandie !