Arrivé dans l'Orne en 2012, le frelon asiatique ne cesse depuis de s'y développer. Prédateur des abeilles, sa prolifération inuqiète les 600 apiculteurs amateurs et la dizaine de professionnels du département
C'est en 2004 que le frelon asiatique a fait son apparition en France, à Bordeaux précisément. Il serait arrivé via de la marchandise en provenance de Chine. Les spécialistes estiment qu'il progresse chaque année de 100 km vers le nord du pays. Il a atteint notre région il y a trois ans, plus précisément dans l'Orne (un an plus tard un premier nid a été aperçu dans le Calvados).
Depuis il ne cesse de se développer dans le département, essentiellement autour d'Alençon. Officiellement, une vingtaine de nids ont été signalés depuis trois ans. Les apiculteurs évoquent plutôt une cinquantaine. "N'ayant pas de prédateur, il s'acclimate très bien chez nous et il progresse", explique Daniel Perret, président de la section apicole du GDS d'Alençon, "il progresse naturellement: un nid peut générer plusieurs dizaines de femelles fondatrices qui elles-mêmes vont recréer des nids après hibernation". En 2015, des nids ont été signales sur les communes de Lonrai, Alençon, Condé-sur-Sarthe, Le Mêle-sur-Sarthe et La Perrière.
Les abeilles, un met de premier choix
Les piqûres du frelon asiatique sont aussi dangereuses pour l'homme que celles des abeilles, des frelons européens ou des guêpes. Mais c'est pour les abeilles qu'il représente un grave danger, un danger mortel, car elles constituent pour lui un met de premier choix. "Certains se plaignent de voir leurs colonies agressées au point que les abeilles n'osent plus sortir de la ruche, elles sont tellement sur la défensive que dés qu'on veut qu'occuper de la ruche, elles attaquent l'apiculteur", affirme Gérard Corvée, président du syndicat de l'Union apicole ornaise.Pour l'instant la guerre se mène sur le terrain, avec la destruction des nids. C'est l'une des missions du Groupement de défense sanitaire (GDS), des associations départementales d'éleveurs chargées par l'Etat de mener des missions de surveillance sanitaire. L'éradication d'un nid a un coût: autour d'une centaine d'euros. Les apiculteurs souhaiteraient une aide financière des collectivités locales.
L'espoir dans une plante carnivore ?
Mais une autre piste pourrait s'avérer prometteuse. Cet été, le jardin des plantes de Nantes a annoncé une découverte susceptible d'intéresser les scientifiques impliqués dans la lutte contre le frelon asiatique. Le nom de cette arme potentielle: "Sarracenia". Cette plante carnivore originaire d'Amérique du Nord n'avait jamais cotoyé l'insecte avant son arrivée en France. Elle s'est elle-même adaptée et a créé son propre piège.Reportage de Nicolas Corbard et Hélène Goutany
Intervenants:
- Gérard Corvée, président du syndicat de l'Union apicole ornaise
- Daniel Perret, président de la section apicole du GDS d'Alençon
- Arnaud Delafosse, directeur du Groupement de Défense Sanitaire de l'Orne