Infirmier : une vocation à l'épreuve de la crise de la Covid-19 ?

Soigner, sauver, se sentir utile… Les raisons pour devenir infirmier ne manquent pas. Plus d'un an après le début de la crise sanitaire, assiste-t-on à une crise des vocations ? Malgré le manque de moyens, le métier suscite encore de l'envie pour les trois soignantes rencontrées.

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Elle parle d'un « métier passion ». Mathilde Padilla vient d’être diplômée. Après trois ans d’études, cette Rouennaise exerce comme infirmière dans un service de réanimation au centre hospitalier intercommunal d’Elboeuf-Louviers-Val de Reuil (76). « Je veux être infirmière depuis l’âge de cinq ans et je suis très convaincue par ce métier », lance la jeune femme d’un ton assuré. La crise sanitaire n’a pas été un frein à son envie. Au contraire, elle n’a fait qu’encourager son choix professionnel pour « aider et [s]e rendre utile ». 

Lors de la première vague de cas de Covid-19, Mathilde Padilla est encore étudiante. Elle prête main forte dans un service hospitalier de rééducation des personnes âgées. Pour combattre l’isolement social de ces patients, elle donne de son temps et offre même quelques airs de ukulélé. « J’ai bien vécu la crise sanitaire mais la peur d’être confrontée à quelque chose qu’on ne connaît pas, était aussi présente », souligne la soignante. 

Mathilde Padilla sait que tous les étudiants infirmiers n’ont pas réagi de la même manière. C’est notamment le cas de ceux envoyés en renfort dans les hôpitaux des régions fortement touchées par la pandémie, comme le Grand Est ou l’Ile-de-France. « Certains de ces étudiants n’étaient pas prêts à être confrontés à la maladie et à la mort de façon aussi répétée », reconnaît la jeune infirmière.

796 étudiants soignants supplémentaires

« La formation d’infirmier fait partie des formations les plus demandées sur Parcoursup », indique Mathilde Padilla, encore membre de la Fédération nationale des étudiants en soins infirmiers (Fnesi). Pour cette référente normande, « l’engouement pour ce métier de soignant n’a rien de nouveau ». 

La Normandie compte 17 instituts de formation en soins infirmiers et d’aides-soignants (IFSI - IFAS). « La crise sanitaire ne semble pas avoir booster les envies pour devenir soignant. Elle a surtout fait prendre conscience que l’on manquait de personnel dans les hôpitaux », analyse Clarisse Dautrey, directrice de La Formation tout au long de la vie, du Conseil régional de Normandie. C’est pourquoi des places supplémentaires sont créées dans ces instituts de formation. 796 étudiants infirmiers, aides-soignants et accompagnants éducatif et social seront accueillis en plus, d’ici 2023 en Normandie. « Sur l’année scolaire 2020-2021, 67 places ont déjà été créées dans la région », détaille Clarisse Dautrey.

 

Nous ne gérons pas uniquement les soins, il faut aussi résoudre les problèmes de logistique, de matériel et d’absentéisme.

Lucie Merlier, infirmière aux urgences à l'hôpital Pasteur de Cherbourg-en-Cotentin

Des soignants fatigués mais motivés

Si la crise sanitaire a conforté Mathilde Padilla dans son envie d’exercer son métier, elle constate que l’épidémie n’a pas été accueillie de la même façon par les soignants en poste depuis plusieurs années. « La Covid-19 a cassé la dynamique de travail. Mes collègues sont fatigués et à bout », relève-t-elle.

Un sentiment partagé par Lucie Merlier, infirmière aux urgences de l’hôpital Pasteur de Cherbourg-en-Cotentin (50). Depuis un an, son service a accueilli de nouvelles recrues. « Mes jeunes collègues sont tous réellement motivés et ce sont des professionnels exemplaires », constate cette soignante en activité depuis une dizaine d’années. Toujours aussi engagée et passionnée, Lucie Merlier déplore toutefois de ne pas se consacrer pleinement à ses patients. Elle dénonce les manques de moyens. « Nous ne gérons pas uniquement les soins, il faut aussi résoudre les problèmes de logistique, de matériel et d’absentéisme », regrette cette membre du syndicat Force ouvrière.

Laëtitia* fait, elle aussi, partie du personnel soignant sur le pont depuis plusieurs années. Elle travaille comme aide-soignante dans un hôpital de la Manche, mais la Covid-19 n’a pas eu raison de sa motivation. Avant la crise sanitaire, elle souhaitait faire évoluer ses missions en devenant infirmière. « Je n’ai pas eu envie d’abandonner mon projet, au contraire la situation sanitaire a plutôt renforcé ma volonté d’être infirmière », relève la quadragénaire avant de poursuivre : « notre travail est difficile certains jours, mais je veux continuer à aider les gens et je vois mon avenir à l’hôpital ». 

* le prénom a été modifié.

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