Alors que la commission d'enquête a donné un avis favorable à l'arasement des barrages de Vézins et de la Roche-qui-Boit, la ministre de l'Environnement a estimé ce jeudi qu'il existait des "solutions alternatives".
En visite dans la Baie du Mont-Saint-Mciehl ce jeudi, La ministre de l'Ecologie Ségolène Royal a estimé qu'il était possible "d'étudier des solutions alternatives" au projet de destruction de deux barrages hydroélectriques sur la Sélune, près du Mont-Saint-Michel, s'inquiétant du "rapport qualité-prix" de ce projet.
"Il y a de quoi se poser des questions sur des solutions alternatives", a dit la ministre lors d'un point de presse en rappelant que le projet d'arasement des barrages de Vezins (36 m de haut pour 278 de long) et de La Roche-qui-Boit (16 m de haut pour 125 de long), situés à une trentaine de kilomètres du Mont-Saint-Michel, site classé par l'Unesco, avait deux objectifs: améliorer la qualité de l'eau de la Sélune et permettre le passage des poissons migrateurs.
Des barrages datant de 1916 et 1926
La ministre, qui s'est interrogée sur le "paradoxe" "de supprimer des ouvrages qui produisent de "l'énergie renouvelable", a décidé de demander "des expertises sur le potentiel de production d'hydroélectricité" de ces barrages. Ces barrages datent de 1916 et 1926 et produisaient en 2012, 0,04% de la production électrique française.
Le projet de destruction fait l'objet d'un "avis favorable" de la commission d'enquête publique mais il est contesté par plusieurs parlementaires UMP locaux. L'opération est rendue délicate en raison des 1,8 million de m3 de sédiments cumulés (en 2004), les barrages jouant le rôle de barrière à métaux lourds.
Il faut que le rapport qualité-prix soit raisonnable. On ne met pas 53 millions d'euros pour faire passer les poissons" Ségolène Royal
Mme Royal veut faire étudier les possibilités d'améliorer la qualité de l'eau sans détruire les ouvrages et des solutions pour permettre le passage des poissons, citant sur ce point les "pelles à poissons" ou les "ascenseurs à poissons". "Il faut que le rapport qualité-prix soit raisonnable. On ne met pas 53 millions d'euros pour faire passer les poissons", a dit Mme Royal, soulignant que le coût du projet d'arasement était de 38 millions d'euros auxquels il faut rajouter 15 millions d'euros pour renaturaliser le site.
La ministre a ajouté qu'il y avait un risque que les sédiments toxiques libérés par la destruction des barrages aillent polluer la baie du Mont-Saint-Michel. Elle a aussi pointé le risque d'inondations pour les communes limitrophes. Mme Royal s'exprimait à l'issue d'une réunion avec les élus des villes concernées, sur le site du centre de loisirs d'Isigny-le-Buat, qui pourrait disparaître, son activité économique étant liée au lac formé par le barrage.
Une centaine d'opposants à l'arasement, que Mme Royal a salués, était présents.