En 2013, l'Etat annonçait en grande pompe la création d'une ferme hydrolienne au raz Blanchard. Cinq ans plus tard, un nouveau gouvernement enterrait ce projet. La Région Normandie et l'entreprise britannique SIMEC Atlantios Energy décidaient alors de prendre le relais. Le feu vert vient de tomber.
Dans le Cotentin, l'aventure hydrolienne a laissé un goût plus qu'amer, le sentiment d'un immense gâchis et de millions d'euros engloutis à perte, dans l'aménagement du port de Cherbourg et dans la construction d'une vaste usine OpenHydro de 5500 m2, la première au monde consacrée à l'assemblage d'hydroliennes. Six semaines seulement après son inauguration, la maison-mère, Naval-Energies (filiale de Naval Group) jetait l'éponge. Faute de soutien de l'Etat. L'histoire connaissait un triste épilogue quelques mois plus tard, début 2019, lors de la vente aux enchères du matériel d'OpenHydro.
Mais en parallèle, une autre histoire était en train de s'écrire. Et cellec-i vient d'entamer récemment un nouveau chapitre, décisif. La préfecture de la Manche vient d'approuver le transfert de la concession jadis dévolue à Engie à l'entité Normandie Hydroliennes. Cette dernière a vu le jour à l'automne 2018 et réunit en son sein la Région Normandie et l'entreprise britannique Simec Atlantis Energy. D'autres acteurs, tels que le groupe industriel local Efinor sont partie prenante. "Tout ce dont nous avons besoin, c'est d'un accord de la France pour déployer une ferme-pilote dans le Raz-Blanchard" déclarait Timothy Conelius, le Pdg de l'entreprise britannique en 2018 lors d'un séjour à Cherbourg. "La société Atlantis ne demande pas d'argent. Elle a l'expertise, l'expérience. Elle a le soutien d'un groupe puissant", plaidait Hervé Morin, le président de la Région Normandie.
Une première étape
Avec ce feu vert récemment obtenu, Atlantis va pouvoir lancer son projet marémoteur de 12MW au Raz Blanchard, "le courant de marée le plus puissant de France (qui) détient 50% du potentiel marémoteur national", comme le rappelle l'entreprise britannique dans un communiqué publié sur son site internet. Quatre hydroliennes devraient être immergées au large de la Hague, la première étape d'un plus vatse projet si l'on en croit l'industriel. "Normandie Hydrolienne s'engage à faire en sorte que cette gamme soit le catalyseur de l'installation et de la livraison d'au moins 1 GW de capacité opérationnelle dans la course d'Aurigny, qui pourrait être rapidement étendue à 2 GW avec le bon investissement", déclare le PDG Tim Cornelius.En septembre dernier, avant même d'obtenir le feu vert des autorités françaises, Normandie Hydroliennes avait signé un accord avec Alderney Electricity Limited (AEL), l'opérateur d'Aurigny, afin d’alimenter en électricité l'île anglo-normande, à partir d'installations au Raz-Blanchard. La coentreprise aimerait également récupérer, à terme, la concession jadis attribuée à Naval Energy. Elle pourrait enfin, dans le cadre de ce projet, implanter une base industrielle sur le port de Cherbourg, qui ne manque pas de place. A l'automne 2018, lors de son passage à Cherbourg, le PDG d'Atlantis avait confié à l'un des journalistes de notre rédaction être intéressé par l'usine OpenHydro, laissée à l'abandon.