A partir de ce mardi 12 juin et jusqu'à jeudi, Cherbourg accueille la plus grande conférence internationale sur les énergies marines renouvelables (EMR). Au même moment, le gouvernement remet en cause les six premiers projets de parcs éoliens en mer.
Avec plusieurs projets dans ses cartons dans le domaine des énergies marines renouvelables (trois parcs éoliens offshore à Courseulles, Fécamp et Le Tréport, une ferme hydrolienne au Raz Blanchard), la Normandie avait su séduire, voilà deux ans, l'International Conference on Ocean Energy (ICOE) qui avait préféré la candidature de Cherbourg à celle de Washington. A partir de ce mardi, la capitale du Nord-Cotentin accueille la plus grande conférence internationale sur els énergies marines renouvelables.
Jusqu'à jeudi, une quarantaine de conférences réunissant des experts et professionnels du secteur de 25 pays vont avoir lieu. Ce grand rendez-vous, qui se déroule tous les deux ans, accueille également les Assises des énergies marines organisées par le Syndicat des énergies renouvelables. Un secteur actuellement quelque peu inquiet quant aux objectifs poursuivis par le gouvernement, tant sur hydrolien et que sur l'éolien offshore.
Les parcs éoliens offshore remis en cause
Depuis plusieurs semaines, le gouvernement tente de faire passer au Parlement un amendement qui pourrait condemaner les six premiers projets de parcs hydrolien français. Après une première tentative infructueuse (rejetée par le Sénat en mars dernier), cet amendement vient de répparaître dans le cadre de la nouvelle lecture à l'Assemblée nationale du projet de loi "Renforcement de l'efficacité de l'administration pour une relation de confiance". Il permettrait de renégocier les tarifs de l'énergie éolienne accordés en 2012 et 2014. Le gouvernement estime que le secteur a vu ses coûts baisser ces dernières années et que ces tarifs ne sont plus justifiés. En cas d'échec des renégociations avec les industriels concernées, les six projets seraient annulés.La première version de l'amendement avait suscité une levée de boucliers en Bretagne, Normandie et Pays-de-la-Loire,
les trois régions où est prévue la construction de ces parcs. Les industriels avaient, eux, mis en garde contre une décision qui "fragiliserait lourdement et durablement la confiance des industriels et investisseurs". Ce mardi 12 juin, ce sont plusieurs élus de Cherbourg et de la Manche qui montent au créneau, via une lettre ouverte, pour défendre ce secteur d'activité porvoyeur d'emploi et de développement économique dans la région.
L’appel de Cherbourg a été signé ce matin par JL Bal Pdt @ser_enr, @ArriveBenoit @CherbourgEnCot, JL Valentin Pdt communauté d’agglomération Le Cotentin, @ValerieNouvel @MancheCD50 et @HdeLaBatie @RegionNormandie. #EMR : réalisons, avec elles, l’ambition… https://t.co/amT6OgIWuc pic.twitter.com/hkINIvtIDH
— David Guglielmina (@GuglielminaD) 12 juin 2018
L'hydrolien aussi dans le doute
Les acteurs de l'hydrolien ne sont pas beaucoup plus rassurés que leurs homologues de l'éolien offshore. A Cherbourg, Naval Group doit inaugurer ce jeudi une usine d'assemblage d'hydroliennes. Dans un premier temps, elle emploiera une dizaine de personnes. Seulement. Bien loin des dizaines d'emplois annoncés initialement. "La montée en puissance des effectifs dépendra très fortement" du lancement ou pas d'appel d'offres commerciaux, a indiqué l'industriel à l'AFP.L'usine cherbourgeoise est l'un des éléments clés du projet Normandie Hydro, mené par Naval Energies en partenariat avec EDF Energies Nouvelles. C'est ici que doivent être assemblées les hydroliennes qui seront installées au Raz Blanchard. L'Etat a donné son feu vert en avril dernier.
Mais depuis, les espoirs des acteurs de la filière ont été quelque peu douché. Les industriels espéraient le lancement de nouveaux appels d'offre. Mais en novembre dernier, lors des assises de l'économie de la mer , le ministre de la transition écologique, Nicolas Hulot, déclarait qu'il ne fallait pas "brûler les étapes", estimant qu'il fallait d'abord "évaluer" cette technologie, moins mâture que l'éolien offshore. Face à cette friolosité gourvernementale, Naval Group avait décidé, quelques jours plus tard, de réduire la voilure, annonçnatle suppression de 100 postes sur 260 dans sa filiale Naval Energies.
"Aujourd'hui, nous sommes toujours en attente de ce que va décider le gouvernement en termes de lancement des appels d'offres. Nous espérons très fortement, au plus tôt, un signe positif. Nous avons énormément travaillé pour leur montrer tout ce que la technologie était capable de faire", a déclaré ce lundi à l'AFP Laurent Schneider-Maunoury, le président de Naval Energies, trois jours avant l'inauguration de sa nouvelle usine cherbourgeoise. Cette dernière va travailler dans un premier temps sur une hydrolienne pour le Japon, une autre pour le Canada. Dans l'attente de nouvelles perspectives en France.