ENTRETIEN EXCLUSIF. "Sébastien, c'était l'âme d'un champion. Il voulait être le premier" Les parents du pilote de chasse normand décédé rendent hommage à leur fils

Il avait 36 ans et était père de famille. Sébastien Mabire, l'un des deux pilotes décédés mercredi 14 août 2024 dans la collision entre deux avions Rafale, était de Brix, dans la Manche. Ses parents, à Brix dans le Nord-Cotentin, ont accepté de témoigner.

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L'émotion est vive à Brix, bourg de 2 000 habitants situé au Sud de Cherbourg-en-Cotentin, dans La Manche. 

Voisins, amis, tous tentent de soutenir les parents de Sébastien, décédé mercredi dans la collision entre deux avions Rafale. Des parents qui ont accepté de témoigner auprès de Pauline Comte et Marie Saint-Jours de France 3 Normandie. 

Une vocation précoce 

C'est au salon du Bourget à Paris, alors qu'il n'a que 9 ans, que Sébastien Mabire découvre les avions. Son père Michel, qui a travaillé à la DCNS puis dans la Marine nationale, y avait emmené son fils. 

"Et là, il y avait des démonstrations de vols de Rafale, ce qui avait subjugué Sébastien. On a senti après que naissait en lui une vocation". 

"C'était l'âme d'un champion"

En 2004, à 16 ans, élève moyen, il a voulu entrer dans l'armée pour être technicien de l'air. "Il a beaucoup travaillé pour réussir le concours de Saintes." Une fois sur place, il passe tous ses week-ends à faire du planeur.

Sorti radariste, Sébastien est muté à Metz. "Ensuite, tout seul, il s'est préparé en interne pour se former et réussir son rêve", relate sa maman Marie-France. 

"Sébastien, c'était l'âme d'un champion. Il voulait être le premier. Quand il a fait du vélo, il a fallu qu'il soit champion de La Manche. Quand il se donnait un objectif, il y allait à fond", se souvient son père.  

C'est en 2013 que Sébastien est devenu pilote de chasse. Avec plus de 2 000 heures de vol et 47 missions de combat à son actif, c'était un militaire très expérimenté.

"Mais c'était quelqu'un de très humble, souligne sa maman. Sébastien n'a jamais oublié ses racines. Il venait de la base et avait beaucoup de respect pour tout le monde. Il disait toujours bonjour aux mécaniciens." 

Un homme proche de sa famille 

Sébastien fêtait cette année ses 10 ans de mariage. "Sa femme Fanny, originaire de Flottemanville-Hague, l'a toujours épaulé, soutenu et suivi partout", souligne son père

"Sébastien était très fidèle en amitié et en amour, très proche de sa famille, de ses deux enfants, sa fille de 8 ans et son fils qui aura 3 ans mardi, soupire Marie-France. Il leur lisait une histoire tous les soirs et leur demandait toujours ce qu'ils avaient aimé dans leur journée."

Marie-France, qui dit s'être toujours préparée à ce qu'il arrive une catastrophe, s'accroche à l'idée que Sébastien "est mort de sa passion, de ce qu'il aimait". Mais sa voix se brise quand elle pense à sa belle-fille. "Il laisse une femme et deux enfants, une femme avec laquelle il était très fusionnel, et ça c'est dramatique."

Sébastien était issu d'une fratrie de trois enfants. Son frère Nicolas travaille au centre équestre de Portbail. 

Rendre hommage à Sébastien 

La mairie de Brix a mis ses drapeaux en berne après l'annonce du décès du pilote Sébastien Mabire, l'enfant du pays.

L'Armée de l'air a ouvert un livre d'or accessible sur internet jusqu'à mardi prochain. 

"36 ans et déjà parti dans les étoiles... Il faut qu'il ait tous les hommages et que sa femme et ses enfants soient à l'abri, car Sébastien a tout donné à la Nation", pleure sa maman qui se souvient de sa dernière visite en juillet pour leur apporter sa fille en vacances. "Je lui ai dit "je t'aime mon fils" et il m'a répondu "je t'aime maman"".  

Une enquête qui peut durer plusieurs années 

Pour tenter de faire la lumière sur cet accident, des enquêtes ont été ouvertes, orientées "sur plusieurs facteurs", comme "le facteur de la mission, une défaillance technique ou le facteur humain". "Nous recueillons un maximum d'éléments par le recoupement de témoignages, mais également la saisie de documentation que nous devrons exploiter ultérieurement", explique le commandant adjoint à la section de recherches de la gendarmerie de l'Air et de l'Espace.  
 
Pour l'heure, le capitaine Claude Levêque assure qu'il est "prématuré de tirer des conclusions sur ce qui a pu se produire". "C'est une enquête qui peut durer plusieurs années", ajoute-t-il. 

"On espère avoir les résultats de l'enquête", soupirent les parents de Sébastien. 

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