La maire de Lessay dépose plainte contre le pasteur d'une mission évangélique, non sans crainte : "J'ai peur pour ma sécurité"

Stéphanie Maubé reproche "une occupation illicite" de terrains municipaux par des caravanes de gens du voyage qui chaque année participent à une mission évangélique en marge de la foire de la Sainte-Croix qui se tient à Lessay (Manche). L'élue accuse aussi le pasteur "d'enrichissement personnel". Elle a porté plainte, non sans crainte : "J'ai peur pour ma sécurité".

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C'est devenu une coutume. Depuis une trentaine d'années, des gens du voyage convergent vers Lessay afin de participer à un rassemblement évangélique. Les caravanes s'installent deux semaines avant l'ouverture de la foire qui se tient toujours au mois de septembre.

"Nous avons une longue tradition d'accueil des marchands ambulants qui font les foires et les marchés. C'est dans notre ADN, mais cette mission prend tout l'espace", déplore la maire de Lessay. "Ce rassemblement religieux grandit chaque année, au point qu'il s'accapare tous les terrains que nous dédions à l'accueil des gens du voyage".

Cette année, le ton est monté entre Stéphanie Maubé et le pasteur qui organise ce rassemblement évangélique. "Avant on n'avait aucun problème. Depuis qu'elle est arrivée à la mairie, on n'a que des problèmes", soulignait Adrien Debard lors d'un face-à-face tendu devant la mairie de Lessay le mercredi 4 septembre.

Plainte pour occupation illicite

Le contentieux portait sur la somme de 2500 euros que la mission verse à la mairie pour "couvrir les frais d’eau potable, d’entretien du terrain et la collecte de déchets" et sur l'occupation d'un terrain adjacent que la municipalité réservait aux voyageurs qui travaillent à la foire. La mairie réclamait donc une rallonge. "Je suis venu avec les 2500 euros sur lesquels on s'était mis d'accord, elle n'a rien voulu entendre alors je suis reparti", précisait le pasteur.

L'affaire n'en est pas restée là. Stéphanie Maubé a décidé de porter plainte. Elle se justifie dans un communiqué : "Je dénonce l’exploitation frauduleuse de terrains municipaux, qui sont financés avec de l’argent public". L'élue laisse aussi entendre que pour régler les 2500 euros, le pasteur prélève de l'argent auprès des participants à la mission sur lesquels il exercerait une "emprise".

Nous n'avons pas pu joindre le pasteur, mais dans les colonnes de Tendance Ouest, il s'étrangle devant une telle insinuation : "Elle fait de la discrimination. Traiter les pasteurs de voleur, c'est incroyable", s'emporte-t-il. Il assure être prêt à répondre à toutes les questions qui pourraient lui être posées lors d'une enquête.

"Ce sujet effraie manifestement"

L'affaire illustre la difficulté que rencontre la municipalité chaque année : "Gérer ces centaines de caravanes (entre 250 et 400 selon les années) est impossible pour une commune de 2 300 habitants qui ne reçoit aucune aide". Faute de terrain disponible en arrivant à Lessay pour travailler à la foire, "les caravanes ont pris l’habitude de s’installer partout où elles peuvent : sur les espaces verts, voies vertes, pistes cyclables, jardin municipal, parcelles agricoles, parkings". 

"Je mesure la difficulté qui va être la mienne pour obtenir des suites concrètes à ma plainte et protéger Lessay lors de la prochaine édition de la Foire, car ce sujet effraie manifestement", écrit Stéphanie Maubé. Au téléphone, elle résume : "j'ai peur pour ma sécurité personnelle".

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