Alors que s'ouvre la 72ème édition du Festival de Cannes, gros plan sur "Papicha" un film franco-algérien produit par le cherbourgeois Patrick André. Ce premier long-métrage réalisé par Mounia Meddour sera projeté vendredi dans la section "Un certain regard". Il concourt pour la caméra d'Or.
Le producteur cherbourgeois, Patrick André, présente au festival de Cannes "Papicha"
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© HIGH SEA PRODUCTION
Patrick André connaît bien la croisette. En 2015, le film "Mustang" qu'il a co-produit avec Charles Gillibert avait fait sensation à la Quinzaine des réalisateurs. L'année suivante, cette pépite signée Deniz Gamze Ergüven avait même raflé quatre Césars : Meilleur scénario original, Meilleur montage, Meilleure musique et Meilleur premier film.
Avant ce coup de maître, les amateurs de musique avaient vibré devant son "Eden" de Mia Hansen-Løve. Depuis, son nom s'est retrouvé au générique de l'"Echange des Princesses"de Marc Dugain.
Vous l'aurez compris, sa filmographie n'a qu'une exigence : donner sa chance à de vrais auteurs. C'est prometteur !
"Papicha" en lice pour la caméra d'Or
Cette année, Patrick André revient avec une autre bande de filles, rebelles elles aussi. "Papicha est un film engagé", prévient-il. "L'histoire se passe pendant les années noires en Algérie en 1990".
La réalisatrice raconte l'acte de résistance d'une jeune fille de 18 ans. Nedjma, étudiante à la Cité Universitaire d’Alger, rêve de devenir styliste. À la nuit tombée, elle se faufile à travers les mailles du grillage de la Cité avec ses meilleures amies pour rejoindre la boîte de nuit où elle vend ses créations aux « papichas », jeunes filles algéroises.
Mais, la situation politique et sociale du pays se dégrade. "Alors qu'elle subit l'oppression, Nedjma décide d’organiser un défilé de mode, envers et contre tout."
Un film en partie autobiographique
"Tout ce que vivent les filles dans la cité universitaire, c’était bien le quotidien d’étudiantes algéroises à la fin des années 90. Y compris le mien. Avec l’intégrisme montant, l’oppression tout autour. Mais l’attentat dans la cité universitaire est un ressort dramatique de fiction.
© Jour de fête
Comme la passion de Nedjma pour la mode qui prend une dimension symbolique : ce que les islamistes voulaient, à cette époque-là, c’était cacher le corps des femmes. Pour moi, la mode, qui dévoile et embellit les corps, constitue une résistance aux foulards noirs." explique la réalisatrice Mounia Meddour
Après le Festival de Cannes, Papicha espère bien poursuivre sa route au festival d'Angoulême, fin août avant de se retrouver en salles, en septembre.