REPLAY- Municipales 2020 à Cherbourg-en-Cotentin. Ce qu’il faut retenir du débat du second tour

Cherbourg-en-Cotentin est courtisée par quatre listes. Situation inédite pour cette commune nouvelle de 80 000 habitants, fief traditionnel de la gauche, où la campagne a été marquée par de nombreux accrochages politiques.
 

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Dans cette ville du nord de la presqu’île du Cotentin, bastion de la gauche, le maire sortant PS Benoît Arrivé est en tête au 1er tour. Sa liste Passion commune a rassemblé 42.10% des suffrages exprimés. Il devance de plus de 10 points David Margueritte candidat LR (29.68%). Suivent ensuite Sonia Krimi  pour LREM (14,26%) et Barzin Viel-Bonyadi (13.97%) pour Coopérative citoyenne.

Ces dernières semaines, la commune a été le théâtre d’affrontements politiciens dès le lendemain du 1er tour.

Revoir le débat entre les 4 candidats de Cherbourg-en-Cotentin

La campagne d'entre-deux tours

Parmi les principaux acteurs, Sonia Krimi, tête de liste et députée LREM, huit de ses co-listiers qui se sont désolidarisés, ainsi que David Margueritte, candidat de la liste de droite. Accusation de cambriolage, tentative de déstabilisation, dépôt de plainte… Ce ne sont que quelques-uns des heurts qui auront agité cette campagne si particulière en période post-confinement.

Sonia Krimi  

C’est un second tour inédit, j’ai toujours dit qu’une élection locale est plus dure qu’une élection nationale… Moi et mes partenaires aujourd’hui, ça fait 3 ans qu’on est dans le paysage local. Trois ans c'est insuffisant pour connaitre bien les personnes, pour constituer un réseau avec des militants. Après réellement, y’a eu des dissonances, y’ a eu une minorité –faut rappeler qu’il y a 47 personnes sur 57 qui sont toujours là,  il y a toujours des personnes qui croient en cette idée de droite et de gauche et les écologistes ensemble. La majorité de la liste ne voyait pas pourquoi on irait avec monsieur Margueritte ou avec le PS.

David Margueritte affirme que cela ne l'’intéresse pas, et ne le concerne pas, il préfère "parler du fond". 

A la question : est-ce que oui ou non, il a tenté de débaucher des candidats de la liste de Sonia Krimi, sa réponse est claire : 

Absolument pas. D’ailleurs je vais vous dire que madame Krimi a un positionnement politique qui est à gauche, qui n’a rien à voir avec le mien. Il n’a jamais été question d’une alliance avec elle. Ses co-listiers dissidents qui sont partis ont expliqué eux-mêmes qu’ils n’avaient aucun contact avec aucun candidat. Quant au volet judiciaire de cette affaire, moi je suis avocat je sais qu’on ne commente pas une affaire en cours sur la divulgation de courriers privés. 

Pour terminer sur ce sujet des alliances envisagées ou non, de son côté, Burzin Viel-Bonyadi, de coopérative citoyenne, estime que "la coopérative citoyenne s’est prononcée massivement avant le 1er tour pour l’ouverture de négociations avec la liste passion commune de Benoît Arrivé. Il y a eu une fin de non-recevoir de la part de Mr Arrivé que je regrette. "

Ce à quoi Benoît Arrivé, maire sortant, répond que "tout cela est un peu dommage, cela donne une image de la politique qui est catastrophique".   

Pour ce qui est des propos de M Viel-Bonyadi, nous étions favorables à une discussion lors du 1er tour mais certains amis de monsieur Viel-Bonyadi ont fait le choix d’un autre chemin.

Les mesures économiques phare des candidats

David Margueritte propose une vision sur 6 mois et sur 6 ans, avec notamment une aide de 100 euros par enfant scolarisé destinée à relancer la consommation locale.

Pour le cap à 6 ans, ce sont les grands équipements. Dès le début du mandat nous aurons un plan d’investissement sur ces grands équipements. Je pense à la  patinoire, et au marché couvert.  Les entreprises ont besoin d’avoir de la visibilité sur les commandes publiques.

Sonia Krimi  évoque notamment les transports et leur gratuité.

C’est de la relance économique parce que les transports gratuits, c’est 2 millions d’euros de pouvoir d’achat qui est redistribué aux habitants de la ville.

On a complété notre programme par la mise en place de 1000 tablettes en libre-service parce qu’on s’est rendu-compte en plein confinement à quel point c’était difficile pour les familles qui n’avaient pas les moyens informatiques d’assurer la scolarisation de leurs enfants. On a vu aussi les dégâts d’un mauvais déploiement de la fibre optique dans la ville.

Barzin Viel-Bonyadi relève que la crise ne date pas d’hier. Lors de la campagne du 1er tour, il estime avoir été considéré comme "un doux rêveur".

Il faut lutter contre la crise sociale et économique qui s’annonce via le fait de prendre soin de nos habitants, c’est aussi comme ça qu’on renforce une ville.

L’une des propositions-phare c’est de garantir un minimum municipal garanti c’est-à-dire que chaque foyer puisse avoir des revenus au-dessus du seuil de pauvreté. Il bénéficie à la consommation locale. Je rejette totalement l’idée d’un maire bâtisseur, je veux un maire qui investisse dans les habitants et pas dans le béton, un maire qui recrée des liens de solidarité

Benoît Arrivé commence par rappeler que la compétence économique est partagée entre la région et l’agglomération.

Nous avons fait de nombreuses propositions. D’abord aider au développement des énergies marines renouvelables, et puis tout le travail qui est le nôtre sur le commerce, travailler sur la rénovation du secteur piétonnier.

Les propositions culturelles viennent aussi travailler sur l’attractivité de la ville. Cherbourg-en-Cotentin va mieux aujourd’hui qu’en 2014, le taux de chômage a été divisé par deux. L’effet Covid, on ne le mesure pas encore. On s’aperçoit qu’un certain nombre de grandes entreprises ont confirmé leur plan de développement et il faudra surveiller cela comme le lait sur le feu.

Repenser la ville de Cherbourg

Je rappelle que les commerçants veulent être écoutés et les chefs d’entreprise ne veulent plus être perdus dans couloirs de la mairie. Les commerçants veulent que les clients se garent mieux, plus facilement. Il faut aussi végétaliser le centre-ville. Il faut donner envie aux clients de revenir.  

Sonia Krimi

Avec le confinement, c’est la revanche des villes moyennes, c’est la revanche de la ruralité, avec les producteurs locaux qui ont été sollicités. Je note aussi que deux de mes adversaires parlent de projets pharamineux mais Cherbourg n’a pas l’ambition de devenir une mégapole 

Barzin Viel-Bonyadi

Le bilan de notre mandat passé nous a permis de mieux traverser cette crise, les grands services publics aussi. Le projet que je porte est celui de ville qui protège, de ville durable où chacun trouve sa place. Nous allons  accélérer sur ces enjeux-là, On peut avoir des ambitions pour la ville et des ambitions environnementales

Benoît Arrivé  

 

On peut nourrir une grande ambition pour la 4e ville de la région, les projets de patinoire sont à la hauteur de notre ambition, et en même temps, la proximité est aussi au cœur de nos préoccupations, je pense à la voirie et à l’accessibilité de la ville. Nous aurons aussi l’enjeu de la formation et de l’orientation selon les besoin des familles et des entreprises.   

David Margueritte 

La mobilité dans la ville et ses environs

Benoît Arrivé évoque la mise en place d'un double réseau de bus, complémentaire.

Sur la mobilité on propose une double révolution, avec d’abord la construction d’un réseau fort et moderne, avec plus de bus le matin, plus de bus le soir, le week-end et une amélioration de la desserte horaire avec un bus toutes les  6 à 12 minutes Ensuite la deuxième étape c’est la création d’un réseau à l’échelle du Cotentin qui permette à tous les habitants de passer d’une ville à l’autre. Y’a des enjeux environnementaux, de vivre ensemble, économiques, de maintien à domicile… 

Barzin Viel-Bonyadi défend l'idée d'une politique écologique contraignante.

L’ambition pour la coopérative citoyenne c’est de créer une ville durable et vivable pour tous les habitants. En terme d’écologie, nous avons un devoir  moral.

Il faut se donner les moyens d’y arriver, l’horizon est fixé par la majorité actuelle à mi-mandat, mais pourquoi on attend si longtemps pour garantir aux habitants des déplacements doux. On n’a pas le choix que d’être contraignant. 

David Margueritte  

Je n’ai pas du tout cette vision de l’écologie. On a une vision positive et globale. Sur la mobilité, l’ennemi ce n'est pas la voiture. Nous sommes favorables à plus de bus qui desserviraient mieux la ville, avec la gratuité le week-end, mais nous sommes hostiles aux couloirs de bus. Et enfin sur le vélo on est la liste la plus claire 5, 8 millions d’euros dédiés au développement du vélo (soit 12 euros par habitant). On peut construire un projet de développement durable qui ne soit pas punitif, ni contraignant.

Sonia Krimi 

L’écologie ne doit pas avoir de parti, et je ne crois pas à la contrainte. On a vécu les gilets jaunes, et c’était très dur pour notre nation. Je reviens sur les cantines bios et locales, on a 600 agriculteurs bio dans Manche. Oui pour plus de vélo et pourquoi pas une autoroute verte comme dans les pays scandinaves, entre Cherbourg et la Hague qui permette aux travailleurs de rejoindre en sécurité leur site. Oui aussi au transport gratuit, c’est très important, et pourquoi ne pas rêver d’une ville de Cherbourg-en-Cotentin où on a des voitures électriques ?

 

C’est le tout premier scrutin pour cette commune de 80 000 habitants, née en 2016 de la fusion de 5 communes.

Une nouveauté qui n’a pas suffi à résister à l’impact de la crise sanitaire : au premier tour, le taux d’abstention est de 66,31%, soit presque 20 points de plus que lors du précédent scrutin de 2014. Un record. Et un enjeu fort de mobiliser les électeurs massivement pour le second tour.

Le maire sortant PS, Benoît Arrivé, 45 ans, est donc arrivé en tête au 1er tour ( 42,10 % des suffrages exprimés). Petit-fils de militants communistes, cet enfant du quartier des Provinces de Cherbourg est entré dans la vie politique locale  à 20 ans, en 1995 comme conseiller municipal de Jean-Pierre Godefroy (PS).

Il a été élu maire de la commune nouvelle de Cherbourg en Cotentin en 2016, et a refusé toute idée d’alliance pour le second tour. Il revendique notamment un bilan économique jugé positif : Cherbourg-en-Cotentin affiche l’un des taux de chômage les plus faibles de Normandie avec 6,7% de chômeurs.

D’ailleurs l’une des entreprises installées dans la ville, LM wind Power, a annoncé il a quelques jours le recrutement de 250 emplois de plus pour son usine de pales d'éoliennes.

L’un des grands projets de Benoît Arrivé est de développer les liaisons de bus entre Cherbourg et le reste du Cotentin.

 

Il est suivi par le représentant de la droite traditionnelle, David Margueritte, avec sa liste l’Avenir en tête 29.68%. Il est deuxième vice-président de la région Normandie.

Dès ses 14 printemps, il militait pour le RPR. Il n’a de cesse de faire basculer le bastion de la gauche vers son bord politique. Aux dernières municipales, il avait rassemblé plus de 48 % des suffrages, contre son adversaire PS d’alors, Jean-Michel Houllegatte, élu avec un peu plus de 51%.

La surprise (mauvaise pour la candidate et ses co-lisitiers) du 1er tour est venue de Sonia Krimi. Cette députée élue en 2017 lors des dernières élections législatives avec plus de 61% des suffrages exprimés n’a décrochée que la troisième place de ce scrutin local. Elle ambitionnait être celle qui mettrait fin à 50 années de socialisme. Sa liste « Pour vous » a obtenu  14.26% des suffrages exprimés.

Barzin Viel-Bonyadi est le plus jeune candidat déclaré lors de ces élections. A 28 ans, il défend la liste « Coopérative citoyenne », soutenue par Europe Ecologie- Les Verts, la France insoumise et Génération S.

Fort de ses 13.97% des voix au 1er tour, il a décidé de rester dans la course au second tour. Il milite à gauche depuis 2007, et a endossé la responsabilité d’un poste de conseiller municipal en 2014 sous le mandat de Jean-Michel Houllegatte.

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