Depuis le 25 octobre, une supérette de Cherbourg ne ferme plus. Le magasin est ouvert 7 jours sur 7, 24 heures sur 24. L'objectif pour les gérants est double : faire face à la concurrence et maintenir leur commerce à flots.
L'expérience a démarré depuis quatre jours et a généré "un peu de stress" au couple de gérants de la supérette cherbourgeoise. "Partir en laissant tout ouvert, ne pas baisser les rideaux de fer, c'est forcément un peu d'angoisse" explique Nathalie Le Cam "mais l'agent de sécurité est là". A l'intérieur, 16 caméras de surveillance avec zoom ont été installées.
Jeremy et Jessica viennent faire leurs courses dans ce magasin tous les jours : "on n'a pas encore testé mais c'est une bonne nouvelle en cas de besoin, c'est pratique".
Ca peut m'intéresser le soir tard ou au petit matin mais pas la nuit, la nuit ça m'intéresse pas, je dors comme tout le monde.
Angélique
"On se demande s'il y aura vraiment une activité la nuit"
Ouvrir 24 heures sur 24, l'expérience a été proposée aux gérants par le groupe auquel appartient le petit supermarché. L'attrait de la nouveauté les a attiré "ça existe dans les grandes villes. Sur Paris ça fonctionne très très bien, sur Toulouse ça fonctionne également. Ici on se posait des questions. Il n'y a pas la même vie dehors à Cherbourg qu'à Paris où les gens sortent beaucoup la nuit. Nous on vise plutôt une clientèle qui travaille de nuit, comme à l'hôpital, Areva, les éoliennes, les grands groupes. Mais nous aussi on se pose des questions et on se demande s'il y aura vraiment une activité la nuit".Cette supérette est la première dans la Manche à franchir le pas. Les quatre premières nuits ne sont pas forcément représentatives de l'activité à venir mais elles montrent une clientèle présente jusqu'à 23 heures.
Entre minuit et 6 heures du matin, la boutique est très très calme. "La première nuit les gens sont entrés en pensant pouvoir acheter de l'alcool et comme ils voient que ce n'est pas possible, ils font demi-tour" résume la gérante.
L'objectif de ce service supplémentaire (l'ouverture non-stop) est d'attirer de nouveaux clients. "On est obligé d'évoluer et de s'adapter" explique Eric Le Cam. La boutique fonctionne "moyennement". Les petites surfaces comme celle-ci ont vu leur chiffre d'affaires diminuer avec la concurrence des Drive et l'ouverture des supermarchés le dimanche matin. "Il faut réagir" avoue Nathalie Le Cam.
"Je n'aurais jamais imaginé ouvrir la nuit"
La boutique ouvrait auparavant jusqu'à 21 heures. En choissant l'ouverture non-stop, le couple de gérant entend préserver sa vie personnelle. "On a fait le choix d'ouvrir mais on rentre chez nous après 20 heures. C'est important pour notre vie de famille." Le couple conserve également son jour de congé (le mercredi) et le dispositif d'ouverture reste le même que la nuit avec la présence du vigile."Je sécurise la zone alcool quand je pars" explique Eric Le Cam "et le vigile se met devant les caméras. Pour le client, ça ne change rien, il fait ses courses comme d'habitude" ou presque car sans caissière ou caissier.
Pour l'instant, l'engouement pour les courses de nuit ne se fait pas encore sentir. "Les gens viennent voir, pas forcément acheter mais par curiosité", remarque Eric le Cam, "déjà ça fait une publicité supplémentaire". Un point positif pour Eric qui en pointe un autre : "on est un tout petit magasin de quartier et on a créé deux emplois".
La boutique restera ouverte non-stop pendant au moins trois mois. Les gérants envisagent ensuite de réajuster les horaires en fonction de la fréquentation à l'issue de cette phase de test.
