Que se soit pour combattre l'anxiété en se faisant plaisir, ou pour effectuer un placement intelligent en prévision d'un avenir incertain, le marché du véhicule d'exception connaît un veritable coup d'accélérateur depuis le début de la crise sanitaire.
Auparavant installé à Gouville et à Geffosse dans le sud Manche, Paul Ancelin a choisi de déménager son entreprsie au cours de l'année. Avec une activité qui devient de plus en plus importante, l’importateur de voiture de collection se sentait à l’étroit. Il a donc décidé de déménager ses merveilles à 4 roues dans le bâtiment d'une ancienne enseigne de grande distribution à Créances (Manche).
Un entrepreneur qui voit grand
Entièrement réaménagés les locaux de 2000 m2 accueillent désormais un stock d’une centaine de véhicules au milieu d’un décor minutieusement réalisé avec les affiches des courses prestigieuses du passé. Si le bâtiment est assez grand pour abriter également un atelier et des bureaux, le chef d’entreprise a prévu de faire construire un deuxième hall de 1000 m2 au mois de juin pour exposer une cinquantaine de voitures supplémentaires.
La voiture de collection : une valeur refuge
Il semblerait qu’au même titre que l’immobilier (ou le dollar à certaines époques ou l’or depuis toujours), la voiture d’exception serait également devenue une valeur refuge. Lors des crises historiques, des guerres, les personnes inquiètes quant à l’avenir investissent dans tout ce qui peut garantir la protection de leur patrimoine. Lors de cette crise sanitaire, certains investisseurs ont donc choisi la voiture de collection.
C’est en tout cas l’analyse de Paul Ancelin qui depuis le début de la crise sanitaire a observé une augmentation de 20% de ses commandes pour des véhicules qui se vendent entre 5000 et 100 000 euros.
En un an nous sommes passés de 250 voitures vendues à 300. Les clients sont toujours des passionnés mais presque 100% d’entre eux l’avouent, au-delà de l’achat plaisir, ils réalisent un placement. Ils achètent en sachant que leur voiture prendra de toute façon de la valeur.
C'est d’abord un achat plaisir
Olivier a les yeux qui brillent quand il regarde sa Morgan, un petit cabriolet anglais qu’il s’est offert au mois de décembre 2020. Cette voiture, il l’a acheté d’abord sur un coup de cœur, mais il est conscient qu’elle représente aussi un bon investissement.
Pour moi acheter cette voiture c’est réaliser un rêve d’enfant, et c’est vrai que si on l’achète au bon prix elle ne peut pas perdre de valeur.
Acheter une voiture de luxe pour oublier la crise sanitaire
A Gonfreville l'Orcher en Seine Maritime, Cédric Guillaume ne vend pas des voitures de collection mais des voitures de luxe. Porche, Maserati, Aston Martin, Ferrari, le professionnel importe des voitures de rêve de l’Europe entière. Ses clients sont pour moitié des Normands et pour une autre moitié des passionnés du reste de la France.
Cet expert a lui aussi observé une augmentation des commandes lors de l’année passée. Si dans le showroom une quinzaine de voitures sont exposées, il en vend en moyenne 50 par an. Cette année il en a vendu 60.
Mes clients ne sont pas des gens fortunés, ce sont plutôt des gens qui ont économisé longuement pour se payer un rêve. Depuis le début de la crise sanitaire ils sont nombreux à avoir déclenché un achat.
Des clients qui lui avouent ne pas pouvoir partir en vacances, aller au restaurant ou se réunir en famille et qui préfèrent oublier l’angoisse que provoque la pandémie en s’offrant un objet de luxe et de plaisir.
Profiter du confinement pour bricoler sa voiture
A la Haye-du-Puits dans la Manche, Yann Decaen dirige l’entreprise « The little car shop ». Une entreprise que ce passionné de mécanique a créée en 2004. Avec ses 14 salariés il ne répare pas ou ne restaure pas les voitures. Sa spécialité : les pièces détachées pour vieilles anglaises qu’il vend dans un magasin mais aussi et surtout sur internet.
Ce chef d’entreprise a aussi vu son chiffre d’affaire augmenter brutalement depuis la « crise covid ».
Aujourd’hui nous faisons partie des leaders français sur les pièces détachées, jusqu’à présent nous faisions autour de 2000 expéditions par mois, depuis le début de la crise nous sommes passés à 3000.
Pour ce patron l’explication est simple
Il y a de nombreuses voitures anciennes qui dorment au fond des garages. Pendant les différents confinements, les propriétaires qui s’ennuyaient les ont restaurées pour s’occuper, pour certains, c’est même devenu une façon de se retrouver en famille.
A l’aune de ce succès, le spécialiste de la pièce détaché a décidé de parier sur l’avenir. Convaincu que le phénomène n’en est qu’à son début, il a d’ores et déjà doublé ses équipes pour assurer les expéditions et il compte bien pousser les murs de son bâtiment logistique.