Froid, manque d'effectif, salaires... Pourquoi les employés du Mont-Saint-Michel sont en grève

Gratuités et longues files d'attente au Mont Saint Michel depuis dix jours. Une partie des salariés du Mont-Saint-Michel est en grève. Ils réclament une augmentation des effectifs, des revalorisations salariales et de meilleures conditions de travail.

Le vent et la pluie ne rebutent pas les visiteurs : ils viennent par milliers au Mont-Saint-Michel pendant les vacances de Noël. Mais depuis le 26 décembre 2023, leur arrivée à la Merveille est perturbée: la caisse et les boutiques sont fermées la plupart du temps, les visites guidées parfois annulées, et les horaires d'ouverture décalés, pour cause de mouvement de grève.

Un ras-le-bol des salariés

Parce que braver le vent et la pluie le temps d'une visite de la Merveille, c'est acceptable, mais quand on y travaille tous les jours, c'est plus que désagréable. Et certains salariés en ont marre.

Marre de ne pas avoir assez d'endroits où se réchauffer tout en étant visibles du public ; marre de ne pouvoir se réchauffer que lors de la course matinale où ils n'ont que dix minutes pour ouvrir les bâtiments (et gravir toutes les marches d'escalier pour aller à l'abbaye !); marre d'avoir le sentiment d'être en sous-effectif permanent et de ne pas être payés à la hauteur de leurs compétences. 

Les négociations avancent lentement

Syndicats et direction se sont rencontrés deux fois depuis que le préavis de grève a été déposé. Le 22 décembre 2023, la réunion n’a pas permis d’empêcher la grève. Le 3 janvier 2024, elle n’a pas permis d’y mettre fin.

La direction a fait un pas en annonçant la création de 2,5 postes. Mais les syndicats en réclament une dizaine au départ.

Les agents qui travaillent Mont-Saint-Michel parlent plusieurs langues et les syndicats plaident pour la reconnaissance financière de cette compétence. Sur ce point, la direction, par l’intermédiaire du secrétaire général de l’abbaye Arnaud Noblet, précise qu’ « une réflexion va être menée, mais au niveau du Centre des monuments nationaux, afin de prendre en compte cette compétence pour l’ensemble des agents », autrement dit ceux d’une centaine de monuments et pas uniquement ceux œuvrant au Mont. Donc une revalorisation salariale n’est pas exclue, mais ce n’est pas pour tout de suite.

"La direction n'agit pas !"

Et c’est un peu le sentiment du cosecrétaire général de la CGT au Centre des monuments nationaux sur l’ensemble de ce dossier : « La direction nous écoute, selon Jean-Élie Strappini, mais elle n’agit pas. Au niveau de l’organisation du travail, elle campe sur ses positions ».

Au sujet des conditions de travail, les syndicats ne dénoncent pas de graves dangers pour les salariés, mais « plusieurs petites choses qui se sont cumulées dans le temps » et ne seraient plus acceptables : peu de lieux de pause pour se réchauffer, des guérites provisoires qui ne sont pas satisfaisantes, une mauvaise visibilité des agents d’accueil, une absence de visibilité sur l’organisation du travail, etc.

Un exemple qui en dit long : la porte de la boutique de l’abbaye claque à cause du vent. Les salariés n’en peuvent plus d’entendre ce bruit : Et ça fait neuf ans que c’est comme ça, la porte n’a pas été changée !

Jean-Élie Strappini, co- secrétaire général de la CGT au centre des monuments nationaux

Des visites perturbées

Le dialogue entre syndicats et direction, même s'il n'est pas au beau fixe, n'est pas rompu. À l'issue de la réunion du 3 janvier, le mouvement de grève a été reconduit jusqu'au samedi 6 janvier. Direction et syndicats continuent de négocier. Les grévistes décideront de la suite du mouvement en assemblée générale ce samedi 6 janvier 2024. 

Depuis le 26 décembre, le Mont-Saint-Michel est resté accessible au public tous les jours, souvent en mode réduit, avec une fermeture du monument le matin, une billetterie et/ou une boutique fermées, des visites guidées parfois annulées. La direction estime fonctionner avec « un tiers de gréviste et deux tiers de non grévistes » depuis dix jours.

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