"Il y a toujours des munitions un peu partout". 80 ans après le Débarquement, encore un siècle de travail pour les plongeurs démineurs

Chaque année, le groupe des plongeurs démineurs de la Manche neutralise plusieurs tonnes d'explosifs larguées sur le littoral normand lors de la seconde guerre mondiale. Les experts estiment que ce travail de dépollution prendra un siècle.

L'essentiel du jour : notre sélection exclusive
Chaque jour, notre rédaction vous réserve le meilleur de l'info régionale. Une sélection rien que pour vous, pour rester en lien avec vos régions.
France Télévisions utilise votre adresse e-mail afin de vous envoyer la newsletter "L'essentiel du jour : notre sélection exclusive". Vous pouvez vous désinscrire à tout moment via le lien en bas de cette newsletter. Notre politique de confidentialité

Le 28 mai dernier, sur la plage d'Octeville-sur-Mer, en Seine-Maritime, le groupe des plongeurs démineurs de la Manche (GPD) a neutralisé un obus contenant 60 kilos de TNT. L'opération a nécessité la mise en place d'un important dispositif de sécurité dans un rayon de 950 mètres autour de l'engin. Rien d'exceptionnel pour qui réside en Normandie depuis plusieurs années. Le bouclage de villages entiers dans les terres relève presque du quotidien ou du moins fait régulièrement la une des journaux locaux. Moins médiatisées, ces opérations sont tout aussi fréquentes sur les côtes et en mer.

"Il y a des munitions un peu partout ",  nous expliquait en 2019 Ingrid Parrot, Lieutenant de Vaisseau en charge de la Communication de la préfecture maritime Manche- mer du Nord,  "bien évidemment elles sont plus importantes dans le Calvados. On imagine bien que c’est lié au Débarquement. On va encore en retrouver de manière cyclique. Les marées qui brassent énormément de choses, couplées aux mouvements de sable, font que ces munitions remontent régulièrement. Bien évidemment avec les grandes marées on en retrouve davantage mais il y en a tout le temps sur l’ensemble de la façade . On va encore continuer à dépolluer."

Avec les années, la quantité de munitions neutralisées tend à diminuer. Mais elle reste encore aujourd'hui importante. L'an dernier, 252 engins historiques ont été détruits pour un équivalent de 11 tonnes de TNT (contre 1421 engins détruits en 2016 représentant plus de 46 tonnes).

Selon les experts, les plongeurs démineurs auraient encore près d'un siècle de travail devant eux avant d'achever ce vaste chantier de dépollution du littoral normand. 

Une unité spéciale créée en 1959

Les plongeurs-démineurs de Cherbourg traquent les munitions depuis soixante ans . L’unité a été créée en avril 1959 pour neutraliser les explosifs largués pendant la seconde guerre mondiale. "Il faut être motivé, sportif, très exigeant avec soi-même et il faut un mental d'acier !", expliquait le commandant Geffroy à nos équipes.
 

De dangereux trésors sous le sable

Certains passionnés d'histoire arpentent les plages normandes dans l'espoir de trouver une précieuse relique. Mais certaines découvertes peuvent avoir des conséquences dramatiques. Que faire quand on découvre des munitions ou des obus sur la plage ? "Pour commencer il ne faut pas toucher les engins parce qu’on ne sait jamais dans quel état ils sont, ils peuvent encore être amorcés" prévient le lieutenant de Vaisseau Ingrid Parrot. "Souvent il y a encore de l’explosif à l’intérieur donc il ne faut pas y toucher. Par contre il faut relever les coordonnées GPS avec son téléphone. Et si on peut, prendre une photo avec si possible un objet à côté ou une pièce, pour avoir un ordre de grandeur. Quand le GPD la reçoit il peut l’analyser tout de suite"

Il ne faut surtout pas déplacer un engin explosif et encore moins l'emporter chez soi. Il arrive que des collectionneurs soient victimes de leur collection. Les engins explosifs peuvent fonctionner des dizaines d'années après leur amorçage.

Une pêche tout sauf miraculeuse

Ces vestiges qui dorment depuis de nombreuses années sous les eaux sont parfois exhumés, involontairement, par les pêcheurs. "C’est exceptionnel et heureusement", commente Ingrid Parrot, "ça présente vraiment un risque et dans ces cas-là on lance une alerte. Les plongeurs démineurs interviennent immédiatement grâce à l’hélicoptère Caïman. Dernièrement, en moins d’une heure ils étaient sur place à bord du chalutier parce que là, il y a vraiment un risque d’explosion ."

 

"Ce sont des bombes qui sont énormes. Ce sont souvent des bombes qui sont allemandes,  comme on dit "deutsche qualität", elles sont souvent encore amorcées. Soit on traite tout de suite la bombe soit on la remet à l’eau mais en sécurité et là encore on la marque pour venir la détruire ultérieurement."

Lorsqu'un engin explosif est remonté à bord d'un bateau, quelques règles essentielles s'imposent : ne pas pénétrer dans un port, se tenir éloigné des autres navires au large, limiter les mouvements du navire et éloigner tout le personnel à l'opposé de l'engin. Ne reste alors plus qu'à attendre l'arrivée des spécialistes.

Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Tous les jours, recevez l’actualité de votre région par newsletter.
Veuillez choisir une région
France Télévisions utilise votre adresse e-mail pour vous envoyer la newsletter de votre région. Vous pouvez vous désabonner à tout moment via le lien en bas de ces newsletters. Notre politique de confidentialité
Je veux en savoir plus sur
le sujet
Veuillez choisir une région
en region
Veuillez choisir une région
sélectionner une région ou un sujet pour confirmer
Toute l'information