Les marais du Cotentin : la récolte du jonc, une tradition depuis plus d’un siècle

Comme chaque année à Saint-Nicolas-de-Pierrepont, petite commune de la Manche, un tirage au sort permet à cinq agriculteurs de se partager une vingtaine d’hectares de prairies marécageuses. Depuis le 19ème siècle, le jonc y est récolté pour être transformé en litière pour bovins.

« Tirage au sort ! Vous êtes 5 agriculteurs, il y aura donc 5 lots. » Dans le marais de Launay, l’organisation de la récolte du jonc est simple : chacun leur tour, les participants piochent un papier sur lequel se trouve un numéro, correspondant à une parcelle communale.

En ce mois d’août et comme depuis plus d’un siècle, tous se sont réunis pour effectuer les traditionnelles coupes des joncs. Le tirage au sort, lui, date seulement des années 70. Daniel Basneville, agriculteur de Saint-Nicolas-de-Pierrepont, était enfant mais il se souvient encore de ce moment : « À l’époque, il y avait 35 paysans à Saint-Nicolas et il y a eu un litige entre eux car certains reprochaient d’être moins bien servis que les autres. Le maire leur a dit "on va passer à un tirage au sort". Depuis, on a maintenu ce système et plus personne n’est fâché. Tout le monde est content. » 

 

 

Une économie importante pour les agriculteurs

Si la quantité récoltée varie en fonction des conditions météorologiques, elle reste importante pour les cinq agriculteurs, tous originaires de ce village situé dans la Manche. Pour Alexis Lebarbanchon, exploitant de vaches allaitantes, en plus de participer à une tradition, il s’agit surtout de faire des économies. 

On a de la chance dans notre secteur d’avoir des marées où on peut récolter le jonc. Ça permet de faire la litière pour pailler les vaches l’hiver, c’est toujours moins cher que d’acheter de la paille de blé.

Alexis Lebarbanchon, agriculteur

 

 

Préserver la biodiversité des marais

Jumelles à la main, Frédéric Malvaud, observe sans cesse la faune et la flore des marais du Cotentin. « On a une richesse cumulée d’oiseaux, d’insectes et aussi de plantes de tourbières extraordinaires », raconte l’ornithologue. « On est sur le dernier bastion français d’un oiseau en fort déclin : le Courlis cendré. Ici, la population se porte assez bien alors que, partout en Europe, l’espèce s’effondre. Si les prairies étaient davantage envahies par la végétation, le Courlis disparaitrait. »

Faucher les joncs du marais de Launay, en collaboration avec les agriculteurs locaux, est donc indispensable pour la biodiversité : « Imaginons qu’on ne fasse plus rien pendant 20 ans, les espèces les plus remarquables qui sont présentes ici disparaitraient. »

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