L'animal a été vu ce vendredi dans le secteur de La Colombe près de Villedieu-les-poêles. Les patrouilles des gendarmes et des pompiers n'ont rien donné, pas plus que le survol effectué par l'hélicoptère de la gendarmerie, mais la préfecture prend l'affaire au sérieux.
C'est une automobiliste qui, la première, a dit avoir vu "un lion ou une lionne" alors qu'elle circulait sur l'autoroute Caen-Rennes. Diable ! Le témoignage aurait pu prêter à sourire, tant il semble peu probable de croiser la route du roi de la savane au fin fond du bocage normand.
Mais l'affaire a été d'autant plus prise au sérieux qu'un gendarme - qui a quand même dû se frotter les yeux ! - a affirmé lui aussi être tombé sur "un grand félin de couleur jaune".
Reportage de Florent Turpin et Joël Hamard
Aussitôt, douze patrouilles de gendarmes ont été déployées afin de mettre la main sur la bête, avec l'aide de pompiers et d'un vétérinaire spécialisé. L'hélicoptère de la gendarmerie a aussi décollé : "il est muni d'une caméra thermique", explique Michel Marquer, le sous-préfet de Cherbourg, qui ne s'attendait sans doute pas à devoir superviser une telle opération lors de sa permanence estivale. "Cette caméra est efficace pour détecter les être vivants, même lorsqu'ils sont tapis sous la végétation". Le fauve ne pouvait donc pas duper l'oeil de la caméra, pas plus que la vigilance des militaires. Or, bilan des investigations : négatif.
Les fauves sont des animaux craintifs, aptes à se camoufler. Il faut être prudent. Si quelqu'un voit l'animal, il ne faut pas chercher à s'en approcher et prévenir la gendarmerie.
"Un grand félin est d'abord très craintif. Il est capable de se dissimuler, puis de se déplacer très vite d'un point à l'autre", poursuit Michel Marquer. "Nous avons donc suspendu les recherches vers 19h30".
La préfecture de la Manche recommande la plus grande prudence : si quelqu'un aperçoit l'animal, il est recommandé de ne surtout pas chercher à s'en approcher, et de prévenir la gendarmerie.
Une lionne aperçue à plusieurs reprises en Mayenne - France 3 Pays de la Loire
Suite à l'appel d'un chauffeur routier à 9h30 jeudi dernier, un dispositif avait été mis en place pour retrouver un lion, aux abords de la D57, près de Laval. Les recherches des gendarmes n'avaient rien donné. Jeudi midi, on croyait alors à un canular lorsque les militaires sont revenus bredouilles de leurs recherches.
Si tant est que l'automobiliste et le gendame n'ont pas rêvé, rien n'explique la présence d'un grand félin dans ce coin de la verdoyante Normandie. Certes, il y a quelques jours, un lion aurait bien été aperçu à plusieurs reprises en Mayenne et dans la Sarthe. Tout est parti du témoignage d'un chauffeur routier qui affirmait, catégorique, avoir vu de ses yeux vu "un lion sans crinière d'un mètre de haut" à Saint-Jean-sur-Erve. D'autres témoignages ont ensuite corroboré les dires du camionneur, mais la bête n'a pas daigné se laisser approcher.
Se peut-il que ce même fauve ait avalé tant de kilomètres pour réapparaître une semaine plus tard dans la Manche ? Le haut-fonctionnaire de la préfecture, qui a eu le temps de se renseigner, est dubitatif : "une lionne mange quatre kilos de viande par jour. Si elle avait chassé du bétail, elle aurait laissé des traces dans la nature. Or personne ne s'est plaint... " Une piste se referme. "En revanche, un lynx pourrait correspondre à la description. Les spécialistes nous disent que c'est une espèce endémique qu'on trouve encore dans certaines forêts dans l'Est de la France. Ce serait plus vraisemblable. Le lynx chasse du gibier ou des lapins". Et il peut donc se déplacer furtivement...
Lynx : le point sur la situation en France et en Europe
Si le loup est mal aimé en France, il est un autre carnivore qui connait tout autant de problèmes de cohabitation avec l'homme mais dont on entend beaucoup moins parler : le lynx. Comme le loup ou l' ours, on ne peut pas faire de généralités et parler d'espèce menacée alors qu'il s'agit en fait de plusieurs espèces aux situations bien différentes.
Quant à savoir d'où serait originaire le fugitif ? Mystère. A priori, aucun zoo ni aucun cirque n'a signalé d'évasion. La piste d'un animal domestique est difficile à envisager : une telle bête détenue derrière des grilles au beau milieu d'un jardin aurait forcément attiré l'attention, et il n'est quand même pas fréquent qu'un lynx se prélasse sur le canapé d'un salon, tel un inoffensif matou. Le sous-préfet en convient. Alors ? "On n'exclue rien".