Outre les objets souvenir, le Mont-Saint-Michel voit son nom apposé sur une multitude de produits. La municipalité de la commune, qui affirme avoir du mal à boucler son budget, veut sa part du gâteau.
Avec plus de deux millions de visiteurs chaque année, c'est l'un des sites les plus visités en France. Le Mont-Saint-Michel, classé au patrimoine mondiale de l'UNESCO depuis 1979, attire des touristes venus du monde entier et sa silhouette, un des emblèmes de notre région, est devenue une icone. Pas qu'au sens religieux du terme. L'image est déclinée par les marchands du temple sur une multitude de produits qui n'entretiennent bien souvent qu'un lointain rapport avec le patrimoine et le sacré.
En 2015, la municipalité a donc déposé le nom et l'image du Mont-Saint-Michel à l'Institut National de la Propriété Industrielle (INPI), histoire de pouvoir contrôler un peu à quelle sauce est consommée la Merveille. Concrètement, toute entreprise souhaitant utiliser le nom et l'image du Mont doit en demander l'autorisation à la mairie. Mais quatre ans plus tard, celle-ci a décidé de passer à la vitesse supérieure. On ne parle plus d'image mais de marque, comme Deauville ou Saint-Tropez.
Et cette différence se paye. "Toute personne qui voudra marquer Mont-Saint-Michel sur son produit devra demander l'autorisation et le Mont-Saint-Michel pourra demander le paiement d'une redevance. Ça peut être 0,5% du chiffre d'affaire, je ne sais pas, il faut en discuter", explique Yann Galton, le maire de la commune.
Le Mont-Saint-Michel est une image et ça ne lui rapporte rien
Pour la municipalité, il ne s'agit pas de faire fortune mais tout simplement de boucler son budget estimé à un peu plus d'un million d'euros. "Le Mont-Saint-Michel est une image et ça ne lui rapporte rien", s'emporte Yann Galton, "Moi, je n'ai plus de finances, faut que j'en trouve : les parkings, c'est une délagation de service public qui se sert du Mont-Saint-Michel, les guides de la Baie ne payent pas l'eau et ils se servent du Mont-Saint-Michel, la communauaté d'agglomération a récupérér la compétence tourisme et la taxe de séjour. Moi, je suis obligé d'avoir quatre policiers municipaux, il y a des travaux à faire, la propreté à maintenir, du personnel."
Dans la Grande rue, jalonnée de boutiques, la démarche entreprise par la municipalité ne semble pas inquiéter les commerçants dont les étals pullulent de produits figurant le Mont-Saint-Michel, pour beaucoup fabriqués à l'étranger. "On a 2 à 3 millions de visiteurs et puis pour les entreprises, faut que ça marche, alors elles continueront à fabriquer ces produits, même s'il faut payer une redevance", explique ainsi Emmanuel Conan, "Ça sera peut-être un petit peu plus cher pour nous à l'achat mais tout le monde y gagne". Sauf le touriste, qui verra le prix de ses souvenirs augementer, reconnait le commerçant. Et si la démarche lancée par la mairie aboutit, ces nouvelles règles ne s'appliqueront qu'aux nouveaux utilisateurs de l'image du site.