Maurice Dufresse a raconté dans un livre publié en 2010 ses 25 ans de carrière à la DGSE. Il a été condamné le 16 septembre dernier pour avoir divulgué des éléments secret-défense. Une accusation qu'il conteste.
"J'étais devenu le vilain canard parce que j'ai parlé de choses, et que je continuerai d'en parler c'est certain, qui sont non-conformes à ce qu'on peut attendre de la fonction publique, du service de l'Etat et du service de la France". Si Maurice Dufresse a décidé de ne pas poursuivre le combat judiciaire qui l'oppose à son ancien employeur faute de moyens financiers, l'ancien "espion saint-lois" ne renie en rien son livre "Vingt-cinq ans dans les services secrets" publié en 2010 sous le pseudonyme de Pierre Siramy.
L'ancien sous-directeur de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE) a été condamné le 16 septembre dernier à deux mois de prison avec sursis et 5.000 euros d'amende pour avoir divulgué des éléments secret-défense. Une accusation qu'il balaye d'un revers de la main. "Je n'ai pas écrit d'histoires nouvelles, elles sont toutes si ce n'est connues, du moins imaginables et ce n'est pas un tremblement de terre de dire que la DGSE avait des dossiers de ministres", plaide le haut-fonctionnaire qui, dans son ouvrage, revient sur certaines affaires comme le Rainbow Warrior ou l'assassinat des moines de Tibérine. C'est selon lui sa critique du fonctionnement de la "boite" (l'autre nom de la DGSE) qui lui a valu d'être poursuivi.
Le livre de Maurice Dufresse lui avait déjà valu un précédent procès. Poursuivi pour avoir prétendument révélé l'identité de deux hauts responsables de la DGSE, il avait été relaxé le 7 septembre 2012 par le tribunal correctionnel de Paris. Les juges avaient estimé "qu'il ne saurait être considéré que l'ouvrage litigieux" a "révélé" les noms des deux agents, "puisque ces informations avaient précédemment été rendues publiques" dans la presse.
Maurice Dufresse alias Pierre Siramy n'a pas tourné la page de l'écriture, ni celle de l'espionnage. Mais il compte dorénavant se cantonner à la fiction.
Reportage de Patrick Mertz et Cyril Duponchel