Amputé d'une jambe durant son enfance suite à une maladie, Séraphin Périer s'est plongé à corps perdu dans le sport. Cet été il a terminé deuxième des crossfit games aux USA, le championnat du monde de la discipline. Il a également été repéré par la fédération française de handisport pour les JO.
"Je ne suis pas crossfit life style où je vais avoir les dernières fringues à la mode, je m'en tape un peu. Ma vie tourne autour de mes entraînements", explique Séraphin Périer, 25 ans, "Je ne vis pas que pour le crossfit. Pour moi. Peut-être que vu de l'exérieur, ce n'est pas pareil." A Blainville-sur-Mer, le Manchois a transformé son garage en salle d'entraînement où il pratique ses exercices à raison de onze fois par semaine. Un rythme soutenu pour une discipline qui l'est tout autant, mêlant mêlant gymnastique, haltérophilie, cardio, et mettant le coeur et le corps à rude épreuve.
Sportif, Séraphin l'a été depuis son plus jeune âge. Amputé d'une jambe à quatre ans à cause d'un cancer, il s'est jeté à corps perdu dans le sport enchainant les disciplines. L'équipe de C Sports l'avait déjà rencontré il y a deux ans et demi en 2019. A l'époque, le jeune homme pratiquait le crossfit pour l'entretien, en parallèle du water-polo avec l'équipe de Granville, un club de National 3. Il venait également de s'incrire au championnat de France Promosport, où les pilotes roulent tous avec la même machine, une mote de 390 cm3 qui valorise les freinages tardifs et les trajectoires audacieuses. "Le risque, je crois que c'est ça que j'aime", nous confiait-il alors. Le risque et la gagne.
Un accomplissement
Depuis, le crossfit a pris bien plus de place dans la vie du jeune homme. Fin juillet, le Manchois de 25 ans s'est envolé direction Madison dans le Wisconsin aux Etats-Unis pour les Crossfit Games, le rendez-vous mondial de la discipline. Et il en est revenu avec une belle médaille, celle du deuxième. "C'est un accomplissement", reconnait dans un premier temps Séraphin Périer avant de quelque peu tempérer l'enthousiasme du moment, "C'était minimum la place que je voulais. Je suis très content de moi mais on a travaillé pour, ce sont des heures d'entraînement, des scarifices personnels, il ya plein de trucs qui sautent. La deuxième place fait du bien mais faut celle du dessus maintenant. Tant que je n'aurais pas cette place là, c'est clair et net que je vais continuer."
Aux Etats-Unis, Séraphin a trouvé plus qu'une médaille. Il s'y est senti un peu comme chez lui. "Le crossfit n'est pas le sport national mais on en est pas loin. Là-bas, on est des petites stars. En France, on est rien du tout. Là-bas, on nous félicite, on nous applaudit alors qu'on a encore rien fait." Outre la reconnaissance de son sport, Séraphin y a trouvé aussi une culture qui correspond à son carcatère. "Ils jugent beaucoup moins les gens là-bas, il n'y a pas de jalousie. Si t'es premier, c'est que t'as travaillé et non pas, comme on pourrait l'entendre en France, parce que t'as eu de la chance. Ils mettent leur égo de côté. Si t'es devant, c'est que t'es devant, il n'y a pas de question à se poser." Le jeune homme estime également que le handisport est mieux considéré de l'autre côté de l'Atalantique. "Il n'y a pas de regard gênant comme chez nous, il y a une autre vision du handicap, t'es ( considéré comme) un vrai sportif."
Volants et raquette
Ironie de l'histoire, c'est en portant les couleurs de son propre pays que le sportif normand pourrait peut-être connaître un jour la consécration. Mais pas forcément dans sa discipline de prédilection. Depuis quelques semaines, il a retrouvé les terrains de badminton qu'il fréquentait jadis dans son adolescence. "Mentalement il a changé de stratégie, avant il ne jouait que en force et là on est surpris de voir des amortis de temps en temps et du coup ça change tout son jeu", commente son entraîneur Marc Pommier. Physiquement, Séraphin a gagné en "explosivité avec ses entraînements (de crossfit)". Du potentiel donc. "Vu mon niveau, je peux l'entraîner au départ. Mais s'il persévère, dans quelques mois, il faudra quelqu'un d'autre."
Car le jeune homme n'a pas retrouvé la raquette et les volants pour le simple plaisir. Une fois encore, les ambitions sont particulièrement élevées. Si le crossfit est méconnu en France, le profil de Séraphin n'est pas passé inaperçu. Il a tapé dans l'oeil de la fédération française de handisport. avant de s'envoler pour les Etats-Unis, il a passé avec succès toute une batterie de tests. "Physiquement j'étais prêt, j'étais au summum de ce que je pouvais faire au iveau entraînement parce que je m'entraînais à fond", raconte le Manchois, "Trois semaines après, je partais aux Etats-Unis, je ne pouvais qu'être prêt par rapporta ux autres."
En route pour Paris 2024 ?
Force, rapiditié, agilité, réflexe, Séraphin Périer a convaincu une fédération en quête d'athlète et qui, avant même les JO de Tokyo, prépare l'étape suivante : Paris 2024. Le crossfit n'étant pas une discipline olympique, c'est le badminton qui a été choisi. "Il y a peut-être une chance d'être reconnu en tant que sportif handi. Aujourd'hui, je suis complètement méconnu partout, sauf dans ma communauté et il paraît qu'on est une secte", s'amuse le jeune homme, "Quand on est sportif, faire les jeux olympiques c'est un rêve, dès qu'on est gosse."
Séraphin a désormais trois ans pour se hisser au niveau des meilleurs de sa discipline. "Il y a beaucoup d'entraînements et faut avoir le temps de tous les faire." Le Normand a conscience du chemin à parcourir. Et garde une place pour sa discipline de coeur, celle où il a, d'une certaine manière, trouvé sa place. Mais il a, chevillé au corps et au coeur, le goût du risque et de la gagne.