VIDÉO. "Karim, à notre insu" : trois raisons de partager une parenthèse artistique en compagnie de Karim atteint d'autisme

À ceux qui lui ont dit que la meilleure réponse aux troubles autistiques de son fils Karim c'était les anxiolytiques, Rita a opposé une vision artistique de la prise en charge des symptômes de son enfant. Le temps d'un tournage en équipe, elle va le laisser s'émanciper.

C'est un pari bienveillant, un peu osé au premier abord. Embarquer Karim, jeune adulte de 33 ans, atteint d'autisme, sur le tournage d'un film, avec une équipe inconnue, loin des routines quotidiennes qui ponctuent ses journées. Lui faire quitter son environnement rassurant des trottoirs de Strasbourg. L'éloigner de sa mère, Rita, qui constitue son univers. Un pari osé et bienveillant qui offre à Karim une nouvelle expérience artistique et qui offre à l'équipe du film une autre approche de la différence.

Voici trois bonnes raisons de visionner le documentaire "Karim, à notre insu" de Françoise Schöller.

Un documentaire à (re)découvrir ce jeudi 31 août à 23h15 sur France 3 Normandie.

Rediffusion le lundi 4 septembre à 9h10, toujours sur France 3 Normandie.

Et quand vous voulez, sur notre site internet pendant un mois.

1. Parce que Rita, parce que Karim

La vie de Rita est en soi, un thème de documentaire. En voix off, elle raconte le parcours qu'elle a mené pour offrir à son fils Karim, une vie plus large que celle que la société voulait lui imposer.

Et même si la jeunesse de Karim, déclaré atteint de handicap mental puis d'autisme, s'est déroulée selon le balisage prévu par les institutions : hôpital de jour, institut médico-éducatif et institut médico-professionnel, elle veut lui offrir une vie plus commune lorsqu'il parvient à l'âge adulte.

Contre l'avis des professionnels qui lui suggèrent le recours aux anxiolytiques, elle s'entend leur dire : "Je suis dans le milieu artistique, je crée et je vais lui créer un monde où il aura sa place". Ainsi, ayant observé les centres d'intérêt de Karim, la photo et les films, elle l'incite à prendre des photos. Elle l'accompagne puis le laisse parcourir les rues de Strasbourg, appareil en bandoulière, pour qu'il capte sa ville. Karim devient photographe et s'affirme en tant que tel.

Mais Rita sent bien qu'elle est tout l'univers de Karim. Et s'il est rassuré par ce contexte, à l'inverse elle s'en effraie. Quel avenir et quelle prise en charge pour lui si elle venait à s'absenter ?

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Un documentaire de Françoise Schöller Une coproduction Keren Production et France Télévisions (France 3 Grand Est) ©France 3 Normandie

2. Parce qu'il faut rendre visible le commun plutôt que la différence

C'est l'un des combats des associations qui militent pour les conditions de vie des personnes atteintes de handicap : rendre visible le handicap, familiariser le plus grand nombre aux symptômes, aux difficultés, à la discrimination que subissent les personnes handicapées. Car rendre visible, c'est la première étape vers la reconnaissance des différences et l'observation du commun.

Et ce n'est pas à travers de grands discours que les protagonistes du documentaire de Françoise Schöller vont mettre en œuvre cette connaissance de l'autre. Arnaud, comédien et ami de Karim à Strasbourg, suggère à Rita d'emmener Karim en Normandie, sur le tournage d'un film, auquel il participe. Il convainc sans difficulté le réalisateur du film Paul et une partie des membres de la troupe associative audiovisuelle, la Garande.

Et sans le prévenir pour ne pas l'angoisser, il emmène Karim, à son insu, dans une action collective, inédite et essentielle, une parenthèse à la fois ordinaire et extraordinaire. Rita rédige simplement une lettre de conseils et c'est parti pour 800 kilomètres et une fabuleuse aventure. Aussi simple que ça. Pas de quoi en faire un plat, mais bien un doc empli d'humanité.

3. Parce qu'on est plus fort ensemble

Rita l'a bien compris : "Le groupe est l'idéal pour [te] porter dans une énergie, pas trop lourde pour chacun". Ce qu'elle gère seule, un groupe peut le prendre en charge. Elle jette sur le papier ses dernières peurs : elle décrypte Karim, ses réactions, les situations problématiques et hop; elle le jette dans le grand bain. Cette lettre servira de point d'ancrage à la troupe de comédiens et de techniciens. Sans même y penser, Karim s'intègre au collectif, apprend les gestes de la vie en commun : mettre la table, participer à l'effort, et apprend aussi son métier de comédien. Au même titre que les autres acteurs présents.

Et si Hélène avoue que "c'était angoissant au départ d'accueillir un autiste chez nous, mais en fait, il n'y a rien eu à faire, à part repérer l'angoisse qui monte et le rassurer."

Maxime raconte : "En fait, on est devenus potes assez vite. En 2, 3 jours, c'était fait. On a un peu les mêmes centres d'intérêt : les bagnoles et se battre pour rigoler."

J'apprends à décoder certaines choses. Je sens différentes intensités d'humeur. En fait, quand quelque chose est en train de le travailler, il va plus aller parler aux voitures et il va leur parler de manière plus autoritaire. On apprend à sentir dans quel état il est et comment on peut faire en sorte que ça se passe bien et qu'il aille bien.

Thomas

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Une coproduction Keren Production et France Télévisions (France 3 Grand Est) ©Un documentaire de Françoise Schöller

Enfin Maxime conclut : "C'est pas comme la petite Mady, 3 ans, qui a besoin qu'on soit là; lui il a besoin qu'on soit là mais on peut le laisser tranquille. Il n'est pas chiant - comme d'autres - dans l'équipe. C'est un super pote." Membre à part entière de l'équipe, comédien parmi les comédiens, pote parmi les potes.

Si Karim s'est épanoui au sein de cette mini collectivité, quel a été le bénéfice de son inclusion pour les autres ?

Karim, à notre insu

De Françoise Schöller

Une coproduction Keren Production et France Télévisions (France 3 Grand Est)

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