Dans l'Orne, la Banque alimentaire envisage de recruter des salariés pour remplir ses missions. Une question de survie pour l'association. Plusieurs de ses bénévoles vont prendre une "retraite" bien méritée à 70 ans et l'association ne trouve pas de remplaçants. Les Restos du Coeur du Havre manque aussi de bras.
"Si on ne trouve pas de solution rapidement, on sera peut-être obligé de dissoudre l'association". Le Président de la Banque alimentaire de l'Orne tire la sonnette d'alarme. Dans quelques mois, 6 bénévoles vont prendre une "retraite" bien méritée.
Avec une moyenne d'âge de 70 ans, l'équipe de bénévoles de la Banque alimentaire de l'Orne arrive à faire près de 12 000 heures de travail par an. "Nos bénévoles ont bien mérité de se reposer à 70 ans, après avoir donné 10 ans de leur vie à l'association. Le problème, c'est comment une entreprise fonctionne quand elle perd la moitié de ses effectifs" s'interroge Pascal Vigel, le responsable ornais de la Banque alimentaire.
Des salariés pour aider les bénévoles
Selon une étude publiée en 2022 par Recherches et Solidarités, le nombre de bénévoles engagés dans une association en France est en chute libre. Aujourd'hui, 20,1% des Français sont bénévoles dans une association, contre 24% en 2019. Devant la difficulté de trouver des volontaires, les responsables de la Banque alimentaire ont décidé de changer de modèle économique en passant au salariat. L'association ornaise cherche à embaucher 5 à 6 personnes pour compléter son équipe. Des salariés qui seront là en permanence, à temps complet et "qui maitriseront les données techniques de notre mission auprès des bénévoles" ajoute Pascal Vigel.
Un appel aux entreprises
Pour financer ces embauches, la Banque alimentaire de l'Orne a besoin d'argent. 90 000 euros de plus par an. Pour 2023, elle a déjà trouvé la moitié de la somme auprès de l'Etat, mais le compte n'y est pas. Elle a décidé de faire appel aux particuliers et surtout aux entreprises.
On dit aux entreprises, aidez-nous. Valoriser votre action d'entreprise à travers une aide humanitaire.
Pascal Vigel, Pdt de la Banque alimentaire de l'Orne
Aujourd'hui financée à 92% par de l'argent public, l'association espère à terme assurer son financement avec 40% d'aides privées. Pour cela, elle propose d'ouvrir son conseil d'administration aux chefs d'entreprise. Un pari difficile, mais vital pour son avenir et celui de plusieurs autres associations qui dépendent de son action. L'épicerie sociale du Collectif d'urgence d'Alençon qui s'alimente trois fois par semaine auprès la Banque alimentaire ne pourrait pas tenir en cas de disparition de l'association.
Même combat pour les Restos du Cœur
Au Havre, les Restos du Cœur, eux aussi, manquent de bras. À l'approche de la grande collecte des 3,4 et 5 mars 2023, l'association cherche désespérément des volontaires. Les bénéficiaires sont de plus en plus nombreux et les rangs des équipes de bénévoles de plus en plus clairsemés.
Sur la région havraise, l'opération va se dérouler dans 55 magasins pendant 3 jours et pour recueillir le maximum de denrées, il faut du monde. Mais au-delà de ce rendez-vous, le manque de bénévoles se fait sentir toute l'année. Pour le département de la Seine-Maritime, il manquerait une centaine de personnes pour couvrir les besoins des 14 centres de distribution. Aujourd'hui, 29% des bénévoles ont 65 ans et plus et depuis la Covid-19, les retraités sont plus difficiles à trouver.
Il faut être solidaire, il y a de plus en plus de gens qui ont besoin d'aide.
Alain, retraité et bénévole au Resto du Havre
Les besoins en forte augmentation, les associations se diversifient. Atelier cuisine, atelier informatique, aide à la recherche d'emploi, les offres d'emploi bénévole se multiplient. Caristes, chauffeurs routiers, comptables, les profils sont nombreux.
On a besoin de bénévoles aussi pour ces compétences particulières.
Jean-yann Anfray, responsable Restaurant du Cœur-Montlairy
Toutes les associations le rappellent aux particuliers et aux chefs d'entreprise. Les dons sont déductibles des impôts dans les limites fixées par la loi.