Didier Guillaume s'est rendu à Charencey ce mercredi 18 septembre au lendemain de l'incendie qui a entièrement détruit trois bâtiments destinés à abriter des volailles. Les inscriptions laissées sur place laissent penser à un acte commis par des opposants à l'élevage industriel.
Le fait n'est pas banal. Pour la profession agricole, en état de choc, un cap a été franchi. L'incendie qui a ravagé les poulailler d'Emmanuel Presvost près de Tourouvre va au-delà de l'agri-bashing qui est fréquemment pointé du doigt. "C'est un acte criminel inacceptable. Il y avait une famille qui dormait à côté", s'étranglait Anne-Marie Denis, la présidente de la FDSEA de l'Orne qui était sur les lieux mardi soir. Ce mercredi matin, le conseil fédéral de la puissante FNSEA a interrompu ses travaux afin de dire sa colère.
Le Conseil fédéral de la FNSEA DEBOUT pour afficher son soutien à Emmanuel Presvost et sa famille, éleveur de volailles victime de l’incendie de ses bâtiments d’élevage @FdseaOrne pic.twitter.com/zfnXSJcPg8
— La FNSEA (@FNSEA) September 18, 2019
"On ne peut pas laisser passer cela"
Le ministre de l'agriculture a donc décidé de se rendre sur place ce mercredi matin afin d'apporter son soutien à l'éleveur. Didier Guillaume ne semble pas non plus douter de la motivation des auteurs de l'incendie. "Chacun a le droit de penser ce qu'il veut, d'avoir la vie qu'il veut. Mais en république, on vit ensemble. On peut être en désaccord. On peut avoir envie de manger de la viande ou de ne pas en manger, ce n'est pas le sujet," dit il avant d'ajouter :
Moi je défends les agriculteurs qui gagnent mal leur vie et qui sont montrés du doigt par la société. Cet acte est inqualifiable et intolérable. J'espère que les auteurs seront condamnés par la justice. On ne peut pas laisser passer cela.
Le feu qui s'est déclaré dans la nuit de lundi à mardi a détruit deux bâtiments d'une surface totale de 2200 m². Les deux poulaillers étaient vides au moment du sinistre, mais ils devaient bientôt accueillir des poussins. Une trentaine de pompiers sont intervenus en vain. Des graffiti retrouvés sur les murs orientent l'enquête sur la piste d'un acte malveillant peut-être commis par des militants de la cause animale. "Assassins", "Camps de la mort".
Les gendarmes ont ouvert une enquête. Un véhicule de l'identification criminelle est sur place afin de recueillir des indices. "Cet acte d'une extrême violence est rendu encore plus insupportable par des signes évidents d'une préméditation méticuleuse, ce qui accentue la détresse de l'éleveur et le sentiment d'angoisse de l'ensemble de la profession" estiment la FDSEA de l'Orne et les Jeunes Agriculteurs.
Reportage de Thierry Cléon et Damien Migniau