Hier, une réquisition a été envoyée aux journaux ornais, sarthois et d'Eure-et-Loir du groupe PubliHebdos pour leur demander si Pénélope Fillon figure dans leurs archives. Les journalistes sont surpris par la démarche et surtout nous n'en avons pas trouvé qui ont croisé l'épouse de François Fillon.
Dans la petite rédaction du journal Le Perche, à Mortagne-au-Perche, hier matin comme tous les matins, on ouvre le courrier. Mais fait peu banal, à l'intérieur d'une des enveloppes, une réquisition de Serge Tournaire, vice-président chargé de l’instruction au sein du Pôle financier de Paris, dans le cadre de l’information visant François et Pénélope Fillon et Marc Joulaud, maire de Sablé-sur-Sarthe, député européen depuis 2014. Auparavant, ce dernier avait été attaché parlementaire de l’ancien Premier ministre avant de lui succéder à l’Assemblée nationale en 2002 et 2007.
" Nous avons été très surpris par ce courrier dans lequel on nous demande d'aller fouiller dans 18 ans d'archives! C'est pas notre travail" explique Amine El Hasnaouy, journaliste à la rédaction.
Dans la réquisition, la justice demande en effet « tout article publié évoquant Mme Pénélope Fillon et notamment tout article relatant sa participation à des événements locaux (inaugurations, cérémonies officielles, visites d’hôpitaux, de maisons de retraite, vernissages, concours divers, etc) publié entre 1998 et 2016 ».
Cette demande concerne plusieurs hebdomadaires du groupe Publihebdos dans la Sarthe et dans l’Orne. L’Action Républicaine (Nogent-le-Rotrou), le Perche (Mortagne-au-Perche), l’Orne Hebdo (Alençon), Le Petit Courrier du Val de Loir- L’Echo de la Vallée du Loir (Château-du-Loir), le Journal de l’Orne (Argentan) et les Nouvelles de Sablé (Sablé-sur-Sarthe) ont été destinataires de la même enveloppe émanant du tribunal de grande instance de Paris.
" Dans le Perche, nous sommes à la frontière du fief politique des Fillon, d'ailleurs dans nos éditions, nous avons des infos ornaises, sarthoises et d'Eure-et-Loire. Le juge ratisse large". Un autre journaliste qui après avoir nous avoir parlé librement, nous a demandé de respecter son anonymat et nous a orienté vers sa direction explique: " Des cas de réquisitions, on en a déjà eu. Dans ces cas-là, les gendarmes viennent et ils consultent eux-même nos archives d'autant qu'elles ne sont pas toutes numérisées".
Le groupe Publihebdos répond publiquement : " nous ne sommes pas des auxilliaires de justice" dans ce tweet à lire :
Nous ne sommes pas ds auxiliaires de justice: #Publihebdos répond au juge Tournaire #Fillon #presse https://t.co/od2RGpefkl @actufr_officiel pic.twitter.com/aNSQPwxlGH
— actu.fr (@actufr_officiel) 26 avril 2017
Selon nos confrères de actu.fr : Publihebdos a fait savoir au juge Tournaire « ne pas avoir les moyens de mener ces recherches colossales et être dans l’incapacité de fournir ces éventuels articles ».
Publihebdos précise tenir à la disposition de la justice ses archives et rappelle qu’elles sont publiques « dans le cadre du dépôt légal et disponibles auprès de la BNF (Bibliothèque nationale de France) ».
Depuis la fin de matinée, les journalistes des rédactions concernées n'ont plus le droit de répondre à nos questions. Le directeur de la publication de PubliHebdos qui appartient au groupe Ouest-France, Francis Gaunaud, n'a pour l'instant pas donné suite à nos demandes d'informations.
Non, nous n'avons jamais rencontré Pénélope Fillon sur le terrain
Quant à la présence de Pénélope Fillon, les journalistes que nous avons eu le temps d'interviewer, qui ont travaillé sur l'ensemble des territoires géographiques visés par la réquisition et qui plus est, ont accepté de nous répondre en off ( le comble pour un journaliste) nous ont dit" Non, nous n'avons jamais rencontré Pénélope Fillon sur le terrain". Certains ont même rajouté: "Jamais depuis 1998" .