Avec l'automne, la forêt d'Andaine devient le paradis des cueilleurs de champignons. Mais les promeneurs font parfois des découvertes autrement plus explosives, dans ce lieu marqué par la seconde guerre mondiale. La gendarmerie tire la sonnette d'alarme.
Elle s'étend sur plus de 5000 hectares entre Domfront, la Ferté et Bagnoles de l'Orne. La forêt domaniale d'Andaine est un paradis à l'automne pour les amateurs de champignons. A l'image de ce couple croisé par notre équipe qui chaque année à la même époque, et ce jusqu'au mois de janvier, vient régulièrement de Mayenne pour y dénicher cèpes, bollets ou girolles. Mais certains promeneurs y font aussi d'autres découvertes, beaucoup moins comestibles et beaucoup plus dangereuses.
Les gendarmes, eux-mêmes, ont récemment trouvé, au pide d'un arbre, à proximité de la route qui traverse la forêt, une pile de neuf obus datant de la seconde guerre mondiale. De quoi occasionner quelques sueurs forides. Mais pas autant que lorsque des promeneurs les rapportent directement à la gendarmerie. "Il ne faut surtout pas y toucher et j'insiste, ne surtout pas nous les ramener", déclare le capitaine Thierry Barbot, de la compagnie de Domfront, "Jusqu'à maintenant, quatre ou cinq brigades on eu affaire à des gens qui nous ramenaient des obus. Les gens se mettent en danger et mettent nos gendarmes en danger. Il ne faut surtout pas toucher à ce genre d'engins qui sont encore actifs."
Se plonger dans l'histoire
La première à chose à faire est d'identifier le plus précisément possible la localisation des obus puis d'en informer la gendarmerie. Laquelle viendra ensuite repérer les lieux, prendre des photos et contacter les services déminage qui assureront la neutralisation de l'engin et la sécurisation des lieux. Le weekend dernier, pas moins d'une douzaine d'obus ont été mis au jour en forêt d'Andaine. Ce type de découverte n'a rien d'exceptionnel. "Lors de cueillettes de champignons mais aussi pendant la saison de la chasse, on nous rapporte régulièrement la découverte d'obus ou de munitions qui peuvent apparaître au grand jour par le biais de mouvement de terrain", explique Christian Clément, responsable territorial de l'ONF, "Parfois ça peut être des opérations de débardage de bois qui mettent en lumière des obus. Ça peut dailleurs être la face émergée d'un iceberg qui gît depuis 70 ans dans le sous-sol de la forêt."Car pour trouver la raison de cette prolifération, il faut se plonger dans l'histoire des lieux. La bataille de Normandie a laissé bien des traces dans la région. Mais ces obus, découverts en quantité dans la forêt d'Andaine, n'ont pas été largués par des avions. "Un certain nombre d'études ont montré que la forêt d'andaine a été avant 1944 le premier lieu de stockage de munitions et de carburant pour servir le mur de l'Atlantique", explique , "La forêt d'Andaine était à peu près à 85 km du littoral, elle était desservie par une gare à Bagnoles-de-l'Orne qui faisait le lien avec la ligne Paris-Granville. Stratégiquement, c'était un lieu idéal pour camoufler un maximum de matériel."
Les obus ne sont pas les seuls vestiges de cette époque. "On trouve des endroits qui sont encore intacts pour le remisage des véhicules, des chars, des camions, mais aussi des dépôts de carburants." Les munitions, elles, ont été enfouies au lendemain de la guerre plutôt que détruites. Ces vestiges, la ville de Bagnoles-de-l'Orne et le Département ont décidé de les valoriser en créant, avec l'ONF, un parcours découverte dans la forêt d'Andaine.