Depuis plusieurs mois, le prix du beurre industriel flambe, contraignant les professionnels à augmenter leurs propres prix. C'est désormais le risque de pénurie qui inquiète, jusque dans les rayons des supermarchés.
"Je ne me souviens pas avoir eu autant de rupture dans le beurre. On l'a vu souvent sur des rayons comme la bière quand il y a des problèmes de négociation avec les fournisseurs mais là....ça fait long....". En 27 ans de carrière, Bertrand Capoen, directeur d'un supermarché à la Ferté-Macé, n'avait jamais été confronté à une telle situation. Son rayon beurre est sérieusement dégarni et de nombreuses références manquent à l'appel. "Si le client trouve du beurre ailleurs, il va aller faire ses courses ailleurs. C'est un gros manque à gagner", s'inquiète le gérant.
Voilà pourtant plusieurs mois qu'on évoque une "crise du beurre". Mais la nouveauté, c'est que le phénomène touche à présent directement les consommateurs. Car les professionnels du secteur agro-alimentaire sont confrontés à la flambée des prix de cette matière première. Ces 20 derniers mois, le cours du beurre industriel a augmenté de 172%. En avril 2016, la tonne se négociait à 2500 euros. Début septembre, on approchait des 7000 euros.
Plusieurs facteurs sont avancés pour expliquer cette situation: une demande mondiale qui explose (+23% en chine, + 11% aux états Unis), une baisse de la production laitière et un lait moins gras. Au-delà de la flambée des prix, le rsique d'une pénurié commence sérieusement à inquiéter les professionnels. Dans un communiqué publié début septembre, la Fédération des entreprises de boulangerie rapportait "des premiers cas de pénurie" chez les grossistes. elle indiquait également que "La pénurie n'est pas perceptible dans la grande distribution par le consommateur lambda". Quelques semaines plus tard, cette affirmation semble remise en cause sur le terrain.
Dans un premier temps, les professionnels ont dû répercuter cette flambée des cours sur leurs prix de vente. Mais à l'approche des fêtes de fin d'année, certains secteurs comme celui de la boulangerie-pâtisserie sont de plus en plus inquiets. Et les galettes du mois de janvier pourraient ne pas être au rendez-vous l'an prochain.
Reportage de Damien Migniau, Nicolas Corbard et Carole Lefrançois
Intervenants:
- Bertrand Capoen, directeur de l'Intermarché de la Ferté-Macé
- Alain Guillois, boulanger-pâtissier
- Christelle Guillois, boulangerie de la Halle au blé