"C'est pas possible, je n'ai pas pu faire ça". Sept ans après le meurtre de son gendre, il ne réalise toujours pas

Plus de sept ans après les faits, la cour d'assises de l'Orne, à Alençon, se penche sur le meurtre de Dylan Fouquet. L'Argentanais de 22 ans avait été tué par arme blanche lors d'une rixe à Macé. L'accusé encourt trente ans de réclusion criminelle.

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L'instruction aura été longue pour ce dossier examiné par la cour d'assises de l'Orne du lundi 29 au mardi 30 janvier. Plus de sept ans après les faits, la justice se penche sur le meurtre de Dylan Fouquet.

Le 24 août 2016, aux alentours de 21 heures, l'Argentanais de 22 ans était tué par arme blanche lors d’une rixe à Macé, près de la gare de Surdon.

Un conflit familial

Ce jour-là, lui et sa compagne sont allés rendre visite à la mère de cette dernière et son concubin. Mais une dispute éclate entre les deux hommes. Ils sortent de l'habitation et s'arment de ce qu'ils trouvent. Dylan Fouquet est mortellement blessé et meurt devant la maison de ses beaux-parents. L'accusé est mis en examen pour homicide volontaire le 27 août.

Âgé de 57 ans à l'époque, Farid Daoudi, l’auteur présumé des coups de couteau avait été placé en détention provisoire durant neuf mois avant d’être assigné à résidence sous surveillance électronique pendant un an, dans le sud de la France. Depuis cette libération, l'accusé est placé sous contrôle judiciaire. Il lui était interdit de se rendre dans l’Orne et d’entrer en contact avec la famille de la victime.

Né en France en 1959 d'un père Algérien et d'une mère Française, il a été élevé par sa grand-mère en Algérie de 3 à 17 ans puis revient dans l'hexagone.

Ce père de six enfants connaissait la victime. En effet, l'accusé était le concubin de la mère de la compagne de la victime. Les violences ont eu lieu dans un contexte de conflits familiaux. Farid Daoudi reconnaît les violences mais pas l’intention de donner la mort. Il invoque la légitime défense. Âgé de 65 ans aujourd'hui, il encourt trente ans de réclusion criminelle.

Plusieurs coups de couteau

Dylan Fouquet a été mortellement blessé par plusieurs coups de couteau, notamment dans le dos, dont sept lésions profondes. Sa mère, Anita Germain, veut que justice lui soit rendue. Elle a lancé à la barre : 

Ce que je veux c'est que la personne qui a mis autant de coups de couteau à mon fils finisse en prison. 

Anita Germain

Mère de Dylan Fouquet

De son côté, l'accusé a raconté sa version des faits à la cour. Ce jour-là, Farid Daoudi explique qu'il montait une tente avec son plus jeune fils et un des enfants de sa compagne. La nuit commençait à tomber. Dylan est arrivé. L'accusé a entendu des éclats de voix entre ce dernier et sa compagne.

Il voit Dylan dévaler dans sa direction avec ses mains derrière lui. Il prend peur et le chasse avec le piquet de tente qu'il avait dans la main. Une barre en fer d'environ 500-600 grammes qui mesurait un mètre de long. Il constate que la concubine de Dylan, fille de sa compagne, est également là. Les insultes fusent. Selon Farid, Dylan lui met des coups. Il perd connaissance un moment et fini par se relever. Il voit Dylan avec un panneau de signalisation avec son poteau à la main. C'est là qu'il décide de rentrer dans la maison pour chercher un couteau.  

Mais pour la Présidente de la cour, cette version des faits ne semble pas coller. Elle lance à Farid Daoudi : "Ça ne correspond pas avec les coups de couteau. Il y a sept plaies. Trois dans le dos. La plaie la plus importante est de 10 centimètres et elle traverse les côtes". Plusieurs estafilades sont constatées.

"Un passage à l'acte unique"

L'accusé répète sans cesse : "C'est pas possible, je n'ai pas pu faire ça". En établissant la personnalité de l'accusé, la psychologue à la barre décrit que Farid Daoudi est "dans le déni". Selon elle "il s'agit d'un passage à l'acte unique". L'homme a un casier judiciaire vide.

De son côté, Dylan Fouquet a fait l'objet de 32 événements de main courante dans lesquels il est l'auteur, dont une plainte déposée par Farid Daoudi. Des vols avec violence ou en réunion, parfois avec une barre de fer, ont été relevés par la cour. Il a aussi déjà fait l'objet d'une condamnation. 

Le père de la victime affirme que : "Dylan s'est toujours senti obliger de protéger les uns et les autres".

Un jugement repoussé à de nombreuses reprises

Cette affaire est jugée par la justice plus de sept ans après les faits. Durant l'instruction, un magistrat aurait été absent pendant un an pour des soucis de santé. Le dossier de Dylan Fouquet a alors été mis en stand-by durant cette période.

L'instruction a été clôturée le 2 février 2023, soit plus de six ans après les faits. Pourtant cette étape, pour des faits criminels, dure généralement 18 mois en moyenne ou bien deux à trois ans dans les affaires les plus compliquées. Interrogée par nos confrères de Ouest-France, une source proche du dossier a avoué ne pas être en mesure d’expliquer la lenteur du traitement de cette affaire. 

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