Le dernier rapport de l'association Petits frères des pauvres, publié le 30 septembre 2024, tire la sonnette d'alarme sur la précarité croissante et l'isolement des aînés. En Normandie, les chiffres sont davantage alarmants que la moyenne nationale.
Deux millions de personnes âgées vivent sous le seuil de pauvreté. Le dernier rapport de l'association Les petits frères des pauvres, publié lundi 30 septembre 2024, dresse un constat préoccupant de la situation de pauvreté et d'isolement des personnes âgées en France.
Ce chiffre correspond aux personnes de 60 ans et plus qui vivent avec moins de 60% du niveau de vie médian (soit 1 216 euros par mois pour une personne seule et 1 824 euros pour un couple). Parmi les plus de 60 ans, les femmes et les personnes seules sont les plus touchées par la précarité, selon l’étude.
C'est la première fois que l'association sort un rapport sur les seniors. "Quand on regarde les chiffres de cette dernière décennie, il y avait une forte régression de la pauvreté chez les plus de 60 ans, mais depuis environ 5 ans, il y a de nouveau une augmentation du taux de pauvreté chez les personnes âgées", nous explique Raymond Penhard, directeur régional Normandie de l'association Petits frères des pauvres.
Cette étude met en lumière les difficultés grandissantes des plus vulnérables. L'association demande donc de relever le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté.
Des conditions de vie de plus en plus difficiles en Normandie
Concernant la Normandie, le rapport est alarmant et la plupart des chiffres sont au-dessus de la moyenne nationale. 76% des personnes âgées pauvres de la région considèrent que leurs conditions de vie se sont détériorées ces cinq dernières années (contre 55% en moyenne nationale).
49% d'entre elles ont le sentiment d'être abandonnées au sein de la société (contre 37% en moyenne nationale). Ce phénomène est amplifié dans les zones rurales où l'accès aux services publics, notamment les transports et les soins de santé, est limité. Les personnes âgées vivant seules sont les plus touchées, beaucoup n'ayant plus de contact régulier avec leur famille ou leur entourage.
Les relations familiales et amicales restent le plus souvent solides, mais pour ceux qui cumulent pauvreté et et solitude, c'est une double peine qui fragilise encore plus.
Petits frères des pauvres
"En Normandie, environ 9 communes sur 10 sont situées en zone rurale. La désertification médicale, le manque d'accès à la mobilité accentue ce sentiment de précarité", ajoute Raymond Penhard.
Des revenus insuffisants pour une vie décente
Sur le plan financier, la pauvreté des retraités normands est frappante. 74% des personnes âgées pauvres de la région ne reçoivent pas d'aides (contre 58% en moyenne nationale)
Cette précarité économique se traduit souvent par des difficultés à payer les charges fixes, notamment les factures d'électricité et de chauffage.
Là encore, le milieu rural est le plus touché : "Il y a une désertification administrative avec la disparition des services publique de proximité".
À l'échelle régionale, le taux de pauvreté reste plus élevé en Seine-Maritime et dans l'Orne. Dans les cinq départements, ce sont les 50-59 ans qui sont les plus touchés.
Un appel à l’action des pouvoirs publics
Toute l'année, l'association fait appel à des bénévoles pour rendre visite aux personnes isolées. Les Petits frères des pauvres appellent à une mobilisation urgente des pouvoirs publics pour pallier ces difficultés croissantes.
Le rapport préconise la mise en place de mesures spécifiques pour renforcer le tissu social et soutenir financièrement les retraités les plus précaires.
Ce rapport est un véritable cri d’alarme pour qu’une réponse collective soit apportée afin d’améliorer les conditions de vie des aînés en Normandie. L'association demande donc de relever le minimum vieillesse au niveau du seuil de pauvreté. "Le minimum vieillesse est aujourd'hui 200 euros en dessous du seuil de pauvreté", déplore Yann Lasnier, délégué général de l'association Les Petits frères des pauvres sur franceinfo.
"Il faut que ce soir revalorisé et indexé sur l'inflation", ajoute Raymond Penhard. "Si on ne fait rien aujourd'hui, les situations seront de plus en plus dramatiques à l'avenir."