Depuis ce lundi 11 avril 2022, les deux candidats à la présidentielle sont connus et la campagne bat son plein. Et comme territoire prioritaire pour convaincre les Français, Emmanuel Macron et Marine Le Pen ont choisi la Normandie. Ce mardi, la représentante de l’extrême droite se rendait à Vernon dans l'Eure, ce jeudi le président sortant a, lui, opté pour le Havre.
Mobiliser les troupes dans la dernière ligne droite mais aussi et surtout convaincre les indécis et les 12,8 millions de personnes qui se sont abstenues dimanche. Si les sondages donnent pour l'instant Emmanuel Macron vainqueur (53 à 55%), le match retour s'annonce beaucoup plus serré qu'en 2017.
Pouvoir d'achat, réforme des retraites, diplomatie et construction européenne: le président sortant et la candidate d'extrême droite multiplient les fronts depuis lundi, défendant des projets radicalement différents en répliquant aussitôt aux attaques du camp d'en face. Après une campagne de premier tour en pointillés en raison de la guerre en Ukraine, le président-candidat enchaîne les déplacements en région.
Emmanuel Macron au Havre ce jeudi
Et c'est au Havre (Seine-Maritime) que le président sortant s'est rendu ce jeudi 14 avril 2022. Un terrain conquis en apparence grâce à la présence d’Edouard Philippe, maire de la ville et allié de taille d’Emmanuel Macron. Mais la réalité est autre, car c’est Jean-Luc Mélenchon qui est arrivé en tête dans la ville portuaire, avec 30% des suffrages.
Avant d’entamer le cœur des discussions – et de tenter de resserrer les rangs chez ses propres sympathisants – Emmanuel Macron a franchi les portes du MuMa (musée d’art moderne du Havre) peu après midi, accueilli par son ancien Premier ministre.
Une première étape pour laquelle de nombreux havrais, soutiens ou opposants, se sont déplacés. Chacun espérant apercevoir le président pour sa première visite officielle dans la ville portuaire depuis le début de son quinquennat.
Pour assurer la sécurité d'Emmanuel Macron, un important dispositif de sécurité a été déployé et certaines rues ont été fermées à la circulation. Aux côtés d’Édouard Philippe et son parti Horizons, Emmanuel Macron a pu évoquer le report de l’âge de départ à la retraite à 65 ans, réforme portée par l’ancien Premier ministre durant le quinquennat.
Un enjeu de taille : convaincre les électeurs de gauche
Sur la table, ce jeudi 14 avril : des discussions essentiellement centrées sur l’écologie, l’industrie et les énergies renouvelables, notamment les éoliennes en mer. Passage obligatoire donc par Siemens Gamesa qui en produit les pales et les nacelles depuis mars dernier et a permis la création de 500 emplois.
Pour Emmanuel Macron, les enjeux sont importants : il espère marquer des points face à Marine le Pen, qui souhaite démanteler le parc éolien français en cas de victoire au second tour. « Sortir du renouvelable est une aberration complète, nous serions le seul pays au monde à le faire », a-t-il notamment plaidé au micro de France Bleu Normandie.
Le président sortant va ainsi tenter de s’imposer comme « le candidat du développement durable » auprès des électeurs de gauche et en particulier des soutiens de Jean-Luc Mélenchon, et pourrait pour cela réviser son programme en faveur de l’écologie.
Une démarche qui ne convainc pas l'union locale de la CGT au Havre, qui a appelé à l’accueillir « comme il se doit », et en nombre, jusqu'au site de Siemens Gamesa.
En grève des heures supplémentaires depuis le 5 avril dernier, les agents portuaires d'Haropa Port du Havre, quant à eux, ont également tenté de se faire entendre. Ils ont incendié des pneus peu avant le passage d'Emmanuel Macron sur le port, réclamant davantage d'embauches.
Au cours de la journée, le président sortant s'est entretenu avec une délégation de dockers, un échange qui n'a pas pu être suivi par la presse.
Point culminant de ce déplacement de campagne, un discours devant les salariés de Siemens Gamesa. « Nous continuerons à décarboner nos industries, vous êtes au cœur de notre stratégie écologique et industrielle », a déclaré Emmanuel Macron, promettant que « des milliards d’euros d’investissements » seront réalisés en ce sens « dans les prochaines années ».
Marine Le Pen à Vernon
C’est un rassemblement qui était attendu mardi 12 avril à Vernon (Eure), le monde afflue devant l’hôtel Normandy. Une centaine de personnes se tient prête à accueillir la prétendante à l’Elysée. Non sans grabuge, les pro et les anti se font face avant l’arrivée de Marine Le Pen, représentante du Rassemblement national au second tour de la présidentielle.
On y entend des « Marine présidente » comme des « Marine, Poutine », l’actualité est tendue, l’ambiance aussi. La candidate a passé près de trois heures à Vernon, fief politique de Sébastien Lecornu, ministre d’Emmanuel Macron mais où la candidate est arrivée en tête des votes.
Attaques frontales et affaires familiales
« Emmanuel Macron est allé lundi, à Mulhouse, ville de Sébastien Chenu (Rassemblement national). Alors ce n’est pas complètement insensé que je vienne à Vernon. » La presse nationale et internationale est à l’affut, les journalistes sont nombreux pour écouter le programme de la candidate d’extrême-droite. Son objectif : « impulser la nouvelle vie démocratique ».
Je propose ici une révolution référendaire. La constitution sera révisée, d’abord pour rendre plus facile l’organisation de référendums sur tous les sujets. Mais aussi et surtout pour instaurer le référendum d’initiative citoyenne.
Marine Le Pen (RN), candidate à l’élection présidentielle
Avant d’ajouter. « Il a maintenu la mise sous tutelle de la démocratie opérationnelle. Il a contribué par pratique à dévaluer le rôle du politique, à dégrader la fonction présidentielle, à montrer un mépris ostensible aux élus et aux corps intermédiaires et à prôner le remplacement des politiques par des techniciens. »
Dans la salle de conférence de presse, des élus sont aussi présents. Indispensable dans un département où le Rassemblement national a obtenu 32%.
La conférence de presse s’est terminée sur une question déterminante : qu’en sera-t-il de sa nièce, Marion Maréchal Le Pen qui s’est alliée à Eric Zemmour, si elle est élue Présidente de la République ? Pourrait-elle avoir un poste de ministre ? La réponse est claire. « Non, je ne prendrais pas Marion Maréchal Le Pen dans mon gouvernement. »
Pour le moment aucun autre déplacement n’est prévu en Normandie pour Marine Le Pen, sauf si, nous confie un de ses proches, l’actualité l’impose.
Entre les deux candidats, les approches sont bien différentes mais les voix normandes seront bien déterminantes.