Présidentielle 2022 : comment Dieppe, fief communiste, a placé Marine Le Pen au premier tour

A la grande surprise, c'est la candidate du Rassemblement National qui est arrivée en tête du premier tour de l'élection présidentielle à Dieppe (Seine-Maritime), avec 27,78% des voix. Jean-Luc Mélenchon n'est arrivé qu'en troisième position. Comment expliquer ce basculement à droite ? Explications.

A Dieppe, la surprise était de taille ce dimanche 10 avril 2022 pour le premier tour de l'élection présidentielle. Alors que qu'il était arrivé en tête au premier tour en 2017, Jean-Luc Mélenchon ne se classe que troisième. Le candidat La France Insoumise était pourtant soutenu par le maire et le député communistes Nicolas Langlois et Sébastien Jumel. Et c'est Marine Le Pen, candidate d'extrême-droite, qui s'impose dans la ville portuaire avec 27,78% des suffrages. Même le président sortant Emmanuel Macron devance le candidat de La France Insoumise avec 26,42% des voix.

Dans les rues de Dieppe ce mardi 12 avril, certains ne réalisent toujours pas la victoire de Marine Le Pen. "C'est très étonnant quand on voit qu'à chaque municipales on passe largement à gauche. Je suis très surprise. J'ai regardé sur trois sites d'infos différents pour être sûre de ne pas me tromper", nous lance une habitante.

Ces scores élevés de l'extrême droite ne datent pas d'hier. Déjà au premier tour en 2017, le Rassemblement National était arrivé à la deuxième place. Et il avait gagné les dernières élections européennes. De quoi alerter la gauche.

Des votes en moins à cause d'une gauche divisée ?

Si Jean-Luc Mélenchon avait réussi à mobiliser 26,75 % des votants de la cité Angot au premier tour du scrutin de 2017 pour La France insoumise, il a perdu un peu plus de quatre points cinq ans plus tard. Quatre points qui se sont envolés chez Fabien Roussel, candidat communiste qui récolte 4,95% des voix.

Pour Sébastien Jumel, ancien maire de Dieppe et député PCF de la Seine-Maritime, l'heure est aux regrets. En janvier dernier, il avait choisi de rallier la candidature de Jean-Luc Mélenchon. "Les 600 000 voix qui nous manquaient la dernière fois, nous les avons obtenues mais ça n’a pas suffi. Si nous avions additionné les forces de gauche, de la gauche combative, nous aurions pu déjouer le pronostic construit patiemment par Emmanuel Macron qui ne voulait qu’un match entre l’extrême droite et l’extrême argent", dénonce le parlementaire, "J’avais des désaccords avec Jean-Luc Mélenchon mais j’ai considéré que cette élection pour éviter que nous en reprenions pour cinq ans justifiait que la gauche soit rassemblée." 

Si la gauche avait été rassemblée, nous serions au second tour.

Sébastien Jumel, député PCF de la Seine-Maritime
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Sébastien Jumel réagit au premier tour de l'élection présidentielle. ©France Télévisions

"Nous avons été premiers au Havre, premiers à Rouen, premiers à Evreux - lorsqu’on additionne les voix de Jean-Luc Mélenchon et celles de Fabien Roussel - à Dieppe on est devant également, ça veut dire que des graines d’espoir sont semées et il appartient à notre génération d’élus de cultiver cela, de faire prospérer ça pour démontrer qu’un autre monde est possible."  

De la droite à l'extrême-droite

Autre cause, l'effondrement de l'électorat de la droite : si en 2017, le candidat des Républicains, François Fillon, avait obtenu 17,10% des voix, Valérie Pécresse n'a obtenu que 3,48%. "Il y a eu une translation de l'électorat de droite sur l'extrême droite", nous lance Sébastien Jumel.

Reste désormais à savoir pour qui voteront les électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Si le candidat de La France Insoumise a appelé à "ne pas donner une seule voix à Marine Le Pen", certains semblent plus convaincu par la candidate du Rassemblement National. 

Pour d'autres habitants de Dieppe, le score de Marine Le Pen au premier tour n'est pas étonnant.

"Entre une mairie majoritairement communiste et un vote au premier tour de la présidentielle à droite, c'est très paradoxal, mais ce n'est pas si étonnant", nous lance un habitant. "Ca regroupe un peu le fait que beaucoup de choses ont été lâchées par la gauche. Il suffit de lire les programmes, c'est clair. Malheureusement la politique de gauche est ce qui est annoncé sur les dépliants de madame Le Pen. La retraite à 60 ans, la baisse de la TVA sur les prix du carburant... "

Le 24 avril prochain, cet ingénieur retraité qui a voté Fabien Roussel au premier tour,  donnera sa voix à la candidate d'extrême-droite.

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