Hervé Morin, candidat à sa réelection, en 2021, aimerait des compétences "santé" à la Région. Après avoir acheté des masques au printemps dernier pour pallier les manquements de l'Etat, peut-elle aujourd'hui mener sa propre campagne de vaccination contre le coronavirus ?

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C'est une annonce lancée dans la presse comme un pavé dans la mare. Mais c'est un véritable nouveau coup de gueule du Président de la Région Normandie. On le sait, il travaille depuis très longtemps pour une décentralisation forte à l'image des "länder" allemand, son modèle. Et la crise sanitaire n'a cessé de lui démontrer qu'il y a des raisons d'avancer dans ce domaine.

Son coup de sang du 5 janvier sur les chaînes nationales est, en ce sens, bien logique : "Les Régions sont aujourd’hui magistralement ignorées. Pourtant, nous sommes une véritable armée de l’ombre. Nous avons les moyens d’aider. Mais le gouvernement, et son système bureaucratique et hermétique, nous considère comme des ploucs et des imbéciles"

Hervé Morin annonce qu'il est "en discussion avec des laboratoires"

Le 6 janvier, le lendemain de ce premier coup de colère, il lâche ce qu'il prépare en coulisse, remonté après une campagne de vaccination qu'il trouve trop lente, comme une large partie de l'opposition en France. Hervé Morin est, rappelons-le, le patron des Centristes, au centre droit, parti d'opposition.

Le dossier des vaccins devient donc un enjeu politique de première catégorie. "On sauve des vies en vaccinant plus vite ceux qui souhaitent être vaccinés", précise Hervé Morin dans les médias. 

Aussi sur LCI, il affirme : "Je suis en discussions avec un laboratoire pour que nous, régions, puissions acheter des vaccins et faire en sorte que tous ceux qui vont bosser le matin puissent être vaccinés".

Celui-ci refuse d'avancer le nom d'un laboratoire et les Régions devront attendre que tous les pays soient fournis, en clair qu'il y ait assez de vaccins dans le monde.

Je propose d'acheter des vaccins pour ceux qui ne sont pas prévus dans les listes prioritaires. Cela va demander quelques semaines, le temps que d'autres vaccins arrivent et qu'on change de modèle. Mais c'est possible.

Hervé Morin, ce 6 février dans le 19/20 de France 3 Normandie

L'ARS décline poliment, les médecins pas opposés

Thomas Deroche, le directeur de l'Agence Régionale de Santé-Normandie (service lié au ministère de la Santé) a réagi à cette annonce du Président Morin, en ne refusant pas, en bloc l'idée. Tout en précisant qu'il n'en voit pas vraiment l'utilité. Ce qu'il attend des collectivités, c'est avant tout une aide pour faciliter la logistique. "On est dans une démarche de démultiplication dans les prochaines semaines. On a un nombre de dose considérable, on a besoin de l'aide de tous pour vacciner."

Bref, une manière polie, de décliner l'offre "régionale". 

Antoine Leveneur, le président de l'URML, le syndicat majoritaire des médecins libéraux, ne montre pas d'opposition, au contraire.

En effet, la Région ne pourra pas vacciner sans "l'aide des médecins" et des infirmiers et infirmières libéraux de Normandie. Les pharmaciens peuvent certainement aider également, mais aussi les kinésithérapeute et les sages-femmes.

C'est une surprise mais pourquoi pas. De toutes les façons ce sera pour février, mars, pas avant. J'ai même envie de demander au Président Morin qu'il s'assure d'avoir des vaccins monodoses et à ce moment là, on pourra vacciner tout le monde dans nos cabinets

Docteur Antoine Leveneur, URML

Une campagne régionale de vaccination : est-ce possible et légal?

Alors qu'Arnaud Muselier, le président des Régions de France, assurait hier que cette envie était partout, pour tous les présidents de Région, il a souhaité rappeler que c'était possible pour nos collectivités régionales, à condition que l'Etat ne s'y oppose pas.

« Nous faisons confiance au pragmatisme de Jean Castex pour accélérer et réussir la campagne de vaccination ! » Les régions appellent à basculer clairement d’une gestion centralisée de la crise et de la campagne de vaccination à une gestion décentralisée.

Communiqué de presse d'Arnaud Muselier, le 6 février, pour Régions de France

Tout la question repose sur la légalité. Olivier Véran se dit opposé. Mais cette prise de position -politique- du ministre de la santé n'intimide pas, au contraire.

A quelques mois des élections régionales, le sujet sera politique.

Franchement quand j'entends le ministre de la Santé dire "les Régions n'ont pas le droit". En réalité, rien ne nous l'interdit dans la loi. Et que l'Etat central veuille nous empêcher d'en acheter alors que nous voulons simplement rendre service à notre pays et notre Région et donner un coup de main à l'effort pénible que fait l'Etat aujourd'hui, c'est reconnaissons-le, assez abracadabrantesque.

Hervé Morin, sur France 3 Normandie

Le code de Santé publique exige qu'une convention soit signée entre l'Etat et la Région. Et pour le moment c'est la Commission européenne qui centralise les achats et une répartition "équitable" entre les Etats membres. Mais cela va évoluer d'ici la fin du mois de février. Voilà pourquoi le débat éclate dès maintenant, le temps d'organiser les choses. 

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