Hervé Morin met une condition au report des élections Régionales voulu par Emmanuel Macron : plus de décentralisation

C'est un dossier "chaud" sur le bureau du Président de la République. Emmanuel Macron envisage de repousser le scrutin des Régionales de mars 2021 à mai-juin 2022. C'est à dire, après la Présidentielle. Quel intérêt à accepter ce report ? Hervé Morin y met une condition : plus de décentralisation.

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Si c'était un simple calcul politique, il n'aurait pas d'intérêt à tendre la main au Président Macron pour un report des élections Régionales à 2022. Mais on le sait, Hervé Morin est un fervent régionaliste. Une région forte et puissante, c'est pour lui un modèle politique idéal pour un pays plus équilibré. Alors si cette proposition du chef de l'Etat discutée depuis 48 heures était une vraie chance d'évoluer vers un peu  moins d'hypercentralisation, il ne la bouderait pas. Et il nous l'affirme dans un entretien téléphonique, ce 16 juin 2020, au lendemain du déjeuner à l'Elysée des présidents des Régions de France

Aux côtés de Renaud Muselier, Président de la Région PACA et de l'Association des Régions de France, Hervé Morin rejoindrait donc ceux qui appouveront le report .

Proposition encore à l'étude d'Emmanuel Macron de reporter les éléctions Régionales prévues en mars 2021, dans un délai d'un an, pouvant s'imaginer très probablement en juin 2022, après l'élection Présidentielle .

Mais Hervé Morin n'est pas né de la dernière pluie, après plus de 30 ans de vie politique jusqu'aux plus hauts sommets de l'Etat. Il met donc une condition incontournable : un calendrier, des propositions de nouvelles compétences pour les Régions, etc...

Si c'est une chance donnée à plus de décentralisation, plus de pouvoir en Région, je dis oui. Mais vraiment à condition que ce soit une véritable refonte des pouvoirs publics. Si c'est pour du rafistolage ou pire, du petit calcul politique, ce sera non sans hésiter.

(Hervé Morin, Président Normandie)

"La crise sanitaire nous a montré les limites du système centralisé"

On ne reviendra pas sur les sujets qui fâchent à l'Elysée, mais un peu quand même. En effet, au déclenchement de la crise sanitaire, "le Covid-19 a révélé aux yeux de tous l'inefficacité d'un système centralisé", confie Hervé Morin.

 

La Région Normandie a été parmi les premières, dès la mi-mars, à commander des masques pour les distribuer aux soignants. 

 

Un autre exemple : la prime aux soignants décrétée par le gouvernement quelques semaines plus tard,  a provoqué l'amertume chez les élèves infirmières-infirmiers privés de rémunération confortable et de prime d'Etat.

Immédiatement la Région, décide de combler l'injustice ressentie. Une promesse a été faite alors.

Et ce 15 juin, la commission permanente de la Région a voté "l'attribution d’aides exceptionnelles aux élèves aide-soignant et étudiants en soins infirmiers. Les élus régionaux ont décidé d’attribuer des aides exceptionnelles pour un montant total de 83 700 euros à 88 élèves aide-soignant et étudiants en soins infirmiers, ayant réalisé un stage dans un service ou établissement indirectement impacté par le COVID-19", rapporte le communiqué de Presse de la Région Normandie. 

Je crois que les gilets jaunes et la crise sanitaire nous ont montré, plus que jamais, que les gens ont besoin aujourd'hui de participer au débat. Il n' y a qu'avec la proximité que l'on peut écouter, répondre, et faire vivre correctement la démocratie. Récupérer la Santé en compétence pour la Région, ce serait une excellente chose.

 

La Santé : il faut décentraliser et ne plus laisser les ARS gérer ?

"Vous croyez que ça m'amuse, par exemple, de voir l'ARS ( ndlr :l'agence d'Etat chargé de la politique de santé dans les régions ) fermer la maternité de Bernay pour récupérer au final deux postes de gynécologue.", martèle en exemple Hervé Morin.

Pour lui, la Santé c'est une compétence à donner aux Régions, au même titre que l'Economie. Les hôpitaux sont à bout de souffle et les personnels de santé manifestent pour qu'on ne mette pas en place, un peu partout, toutes les mesures d'économie prévues avant la crise. 

Aujourd'hui, c'est aussi l'Hôpital de Lisieux qui voit, par exemple, le service qui a accueilli les malades du Covid-19 menacé de fermeture parce que le chef de service part en retraite et qu'on ne lui trouve pas de remplaçant. 

Au plus près, les Régions pourront traiter les dossiers avec plus de cohérence et de proximité. C'est aujourd'hui une question de survie de la démocratie de savoir s'emparer de ces sujets-là. Il y a urgence et j'espère que le Président de la République l'a compris. C'est ce qu'on va voir. 

 

La proximité ça paie : la preuve avec l'éducation

Et s'il faut trouver un bon exemple pour prouver que la proximité ça a du bon : "On a bien vu que les écoles gérées par les maires, les collèges gérés par les départements et les lycées gérés par les Régions ont su s'adapter aux besoin pendant la crise", précise Hervé Morin. Tous ont assuré leur mission, toujours en concertation avec les acteurs sur le terrain, au plus près. Les maires ont travaillé avec les enseignants, les équipes de direction de collège avec les départements, etc.

On n'a pas à rougir de nos écoles, collèges et lycées. Vous avez-vu, ils sont beaux, modernes. Les collectivités ont mis l'argent qu'il fallait. C'est un exemple qui montre que ça marche.

 

"J'espère qu'Emmanuel Macron a compris"

Hervé Morin, comme sa nature lui dicte, reste donc optimiste avant tout. "On va voir ce que le Président de la République nous propose. ll paraît qu'il consulte beaucoup. Il l'a dit dimanche dans son discours. On va voir ce qu'il en ressort comme propositions concrètes pour faire avancer un autre mode de gestion du pays." Le Président Macron a, c'est vrai, répété plusieurs fois ces dernières semaines qu'il fallait tirer les leçons des échecs de la crise. 

Mais dans l'entourage des Présidents de Régions, les rumeurs vont bon train. Certaines oreilles ont entendu des propos moins vendeurs. Selon le Journal le Figaro, c'est Emmanuel Macron qui veut poser ses conditions aux élus pour le report des Régionales en 2022. Et non l'inverse.

Extrait du Figaro du 15 juin 2020  : "Lors d'un déjeuner avec le président des Régions de France Renaud Muselier, qui a eu lieu lundi à l'Élysée en présence de la ministre Jacqueline Gourault, le chef de l'État s'est montré très clair, selon les informations du Figaro. «Je vous aide (financièrement) si vous m'aidez à reporter les régionales après la présidentielle car j'ai des opposants politiques parmi vous», a déclaré Emmanuel Macron, comme l'a rapporté Renaud Muselier aux présidents de région qu'il a eu ensuite par téléphone. "

Un calcul politique qui n'est plus du tout teinté du même discours. Voilà pourquoi, Hervé Morin a décidé d'attendre, sans fermer la porte mais avec des conditions. "C'est pour l'intérêt des français que ça  doit changer." Le girondin qui sommeille en lui reste toujours vigilant. Il faut dire que c'est plus que jamais le moment. 

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