#rendeznouslamer, la vague de protestation pour rouvrir l’accès au littoral atteint la Normandie

Les plages resteront fermées au moins jusqu’au 1er juin alors que certains parcs rouvrent. Une interdiction qui suscite incompréhension et colère dans la région.

 

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Samedi 2 mai, Christophe Castaner l’a réaffirmé : les plages resteront fermées jusqu’à nouvel ordre. Beaucoup d’élus, d’acteurs économiques et d’habitants du littoral espéraient pouvoir se réapproprier ces grands espaces iodés. Pour eux il faudra encore patienter. Pétitions, lettres au gouvernement, mobilisations sur les réseaux sociaux…la révolte gronde.


Derrière les (gestes) barrières, la plage !


À Dieppe, son restaurant est idéalement placé. Au bord des galets, le long de la promenade avec une vue imprenable sur la mer. 7 mois dans l’année, pendant la belle saison, les clients de Franck Leblond viennent habituellement aux "Planches " pour se restaurer en profitant des charmes dieppois.
 


Après plusieurs semaines de fermeture, Franck ne sait toujours pas quand il pourra rallumer ses fourneaux. Alors que pour la plupart des commerçants, le 11 mai sera synonyme de réouverture.

 On n’est pas plus bête que les autres ! On rouvre les commerces, les écoles, les transports… il faut que la restauration puisse aussi travailler, même un minimum c’est vital pour nous ! On est capable de prendre des dispositions pour retravailler car le virus ne va pas s’arrêter tout de suite



Sa terrasse est immense. Il assure pouvoir assurer les distances de sécurité sanitaire entre ses tables. Le service serait assuré par des serveurs masqués et gantés et les clients auraient à leur disposition des menus jetables et du gel hydroalcoolique. Bref s’adapter pour juguler les pertes financières et mettre en place, au plus tôt, un nouveau fonctionnement qui devra peut-être perdurer plusieurs mois.

Les baigneurs trépignent



Mêmes décors, même incompréhension, mais une autre problématique se pose pour le club des Pingouins de Dieppe. Ces baigneurs profitent des bienfaits de la mer toute l’année. Une pratique qui fait partie de leur hygiène de vie. "Pendant le confinement, ça nous a manqué énormément. C’est une période pendant laquelle on a besoin des défenses immunitaires ". Explique Brigitte Hamonic, la présidente du club. Elle relativise également le risque d’un afflux trop important pendant le déconfinement. 

Une plage de galets comme à Dieppe est peu fréquentée. On est au grand air c’est moins dangereux selon moi que les transports en commun et les supermarchés.

 


Les plaisanciers restent à quai

 

À Granville, l’accès au port est fermé, les sorties en mer sont proscrites, il n’est même pas possible de travailler sur son bateau. Jean Lepigouchet, Président du comité de la pêche maritime de loisir de la Manche, déplore également ce statu quo.

"Tout le monde est excédé ! On a l’impression d’une injustice. Franchement aller sur un bateau seul, avec les gestes barrières on ne voit vraiment pas ce qui peut poser problème ". Il estime que localement les pouvoirs publics doivent pouvoir prendre la responsabilité d’autoriser ou non l’accès à la mer.  

Je crois que les maires, avec les préfets doivent prendre des décisions en fonction de la configuration du littoral. Sur la côte d’azur il y a probablement des endroits où les gens sont les uns à côté des autres mais dans la Manche ce n’est pas le cas ! 

L’économie nautique en berne

Sans navigation, les loueurs et vendeurs de bateaux mangent leur pain noir. Les chantiers navals sont à l’arrêt, les articles de pêche ne se vendent plus. La société SLT Nautisme subit le confinement de plein fouet. Sur 25 salariés, 4 seulement continuent de travailler.

Pierre-Marie Thomas, le gérant de la société, ne verra pas le bout du tunnel le 11 mai prochain. "Si les plaisanciers ne naviguent pas, ça ne va pas nous rapporter du travail, il n’y aura aucune consommation dans nos magasins, aucun travail dans les ateliers. Il est important que les plaisanciers retournent sur l’eau et naviguent pour recréer du commerce".

De nouvelles règles de navigation sont à l’étude. Comme le retour obligatoire au port le soir et la limitation du nombre de personnes à bord. Les préfets devraient donner leurs décisions le 7 mai prochain.

#rendeznouslamer

Sur Twitter c’est l’un des # les plus populaires. Sur internet, artistes, sportifs et riverains se mobilisent pour reconquérir le littoral.

" Je ne fais jamais de politique mais là, une ligne est franchie. On touche à nos droits fondamentaux. Sans argument, on nous demande de ne pas retourner sur les plages. Nos plages normandes et notamment celles du Cotentin, immenses, sauvages, sont concernées au même titre que celles plus petites de Méditerranée où l'été on doit jouer de la serviette pour trouver de la place" explique Jérôme Houyvet, photographe, originaire de Barfleur ( 50), pratiquant le surf. Et il n'est pas le seul à être courroucé par cette interdiction.

 
"  Tous les acteurs  du littoral sont en train de monter au créneau  et en Normandie, avec nos 600 km de côtes, évidemment, on se mobilise" explique Remi Belan, organisateur d'événements nautiques. Partout sur la toile, pétitions, appels, groupes de soutien se multiplient. " 50 000 signatures en seulement quelques jours pour la pétition  ...., cela dit à quel point cette mesure est désapprouvée". 

Concrètement, le ministre a répondu négativement à une lettre signée par 50 députes au motif qu' autoriser la plage provoquerait de l'afflux. Mais nous, autochtones, pratiquant dans notre espace de vie, la mer, nos passions comme le paddle ou encore le surf, devons-nous être interdits de cet espace juste parce que des Parisiens vont déferler ? N'a-t-on pas les moyens de leur faire respecter la limite des 100 kilomètres ? Devons-nous être pénalisés ?  



" Nous défendons le concept de plage dynamique ", un concept partagée par la communuté des sportifs de glisse. Sur le site Wind surf, on peut ainsi lire dans une tribune intitulée "À une maladie injuste, n'ajoutons pas des règles injustes..."qu'il s'agit d'utiliser la plage uniquement comme un lieu de passage ou un accès au plan d'eau." Durant cette période, la "plage dynamique" se différencierait de la plage classique, souvent utilisée comme un lieu de présence statique, de rassemblement ou de bronzette. Il repose également sur le fait que la pratique de nos activités nautiques individuelles en elle-même induit la distanciation physique et ne pose pas de problème sanitaire."  

 
En attendant de fouler les plages et de prendre le large, un peu d’évasion pour vos yeux avec ces images aériennes d’Etretat :
 
VIDEO : Etretat confinée survolée par un drone en avril 2020. Images : AFP 



 






 
 
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