99000 personnes en Normandie souffrent de maladie psychique et la plupart du temps elles ne peuvent compter que sur leurs proches pour surmonter la maladie. Un parcours du combattant pour beaucoup de familles qui ne sont pas préparées au choc provoqué par ces maladies.
"Ce n'est pas un vilain petit canard mais quelque part il doit ressentir ça". Claudine Do parle de son fils aujourd'hui agé de trente ans avec calme et tendresse. Colin souffre de schizophrénie depuis le collège mais à l'époque, les spécialistes qui l'ont vu ont mis ses premiers troubles du comportement sur le dos de l'adolescence. Commence alors pour lui et ses parents un parcours du combattant. Echec scolaire, échec affectif, échec professionnel, les obstacles s'accumulent et dix ans après les premiers symptomes le verdict tombe. Colin est diagnostiqué psycho-affectif.
A l'adolescence, il a commencé a avoir des réactions difficiles au collège mais aussi dans sa vie de tous les jours. On est allé voir des structures éducatives et psychologiques mais on nous a dit que l'adolescence pouvait être difficile parfois. Sa maladie n'a été diagnostiquée que dix ans plus tard.
Après des années de souffrance pour lui et ses parents, ponctuées d'hospitalisations et d'échecs affectifs et professionnels, Colin vit seul dans un appartement près de Caen avec obligation de soins. Il a été reconnu adulte handicapé et mis sous curatelle. Il est suivi à l'hôpital par un médecin, un psychiatre, une assistante sociale et sa curatrice. Colin est conscient de sa maladie mais il ne l'accepte pas. Il n'est pas un fardeau, ce n'est pas un vilain petit canard même si quelque part il doit ressentir ça. Il nous a reproché ses hospitalisations mais maintenant c'est fini. Il compte beaucoup sur nous ajoute Claudine Do qui, depuis, aide les autres familles touchées par ces maladies.
Près de 3% de la population normande souffre de maladie psychique
Schizophrénies, troubles bipolaires, séquelles de psychoses infantiles, dépressions sévères, troubles névrotiques graves comme les TOC, toutes ces maladies se déclarent au cours de la vie, souvent à l'adolescence ou chez les jeunes adultes.
En Normandie, environ quatre-vingt-dix-neuf mille personnes souffrent de maladie psychique qui affectent leurs vies et celles de leurs proches. Des familles qui sont souvent perdues, quand un fils ou une fille, un mari ou une compagne présentent les premiers symptômes de la maladie. C'est souvent à ce stade qu'interviennent les soixante-dix bénévoles de l'Union nationale de familles et amis de personnes malades et/ou handicapées psychiques (UNAFAM). Une association qui compte six cents adhérents et des lieux d'accueil dans toutes les grandes villes de Normandie.
L'UNAFAM Normandie organise des groupes de paroles pour les proches de personnes malades, des formations ou des actions de déstigmatisation.
On reçoit beaucoup de personnes, dont un proche ou un membre de la famille est atteint de schizophrénie. On essaie de les écouter, ce qui est déjà énorme et de les soutenir car ces personnes sont dans le désarroi quand le diagnostic tombe.
Dans 70% des cas, les malades sont soutenus par leur famille proche. Des familles déboussolées que l'association accompagne dans la longue épreuve qui commence. Outre l'accueil et le dialogue, elle propose des formations pratiques pour mieux communiquer avec une personne atteinte par exemple de troubles bipolaires ou de dépression sévère. Il arrive un moment où les proches n'arrivent plus à faire face, ils sont dans une impasse et ne comprennent pas la maladie du conjoint ou de son enfant ajoute Claudine Guily.
#JournéeNationaleDesAidants
— Unafam (@Unafam) October 7, 2021
50% des #aidants ne parlent pas facilement
de la maladie de leurs proches. Ces mises sous silence
ont de graves conséquences sur les vies personnelles
et professionnelles des #aidants. #SantéMentale
? Agissons ensemble pour retrouver #LaForceDAvancer pic.twitter.com/I40tRIsCu0
Dans le cadre de la 32ème édition des Semaines d'Information sur la santé mentale, l'Unafam organise des soirées thématiques et des tables rondes à Caen sur les droits des personnes atteintes de ces maladies mentales.