Après deux mois sans salaire, les employés de ce Leader Price aux prud'hommes : "On ne demande qu'à être licenciés"

Les salariés du Leader Price de Lillebonne (Seine-Maritime) étaient au tribunal des prud'hommes du Havre, ce vendredi 25 octobre 2024. Ces derniers ont assigné leur direction en référé pour réclamer les salaires non perçus. Ils espèrent voir la situation se débloquer.

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Ce vendredi 25 octobre 2024, les cinq salariées du Leader Price de Lillebonne l'attendaient avec impatience.

"On est un peu soulagé. À voir la suite, comment ça peut se passer, confie l'une d'entre elles, Chantal Lemesle, à l'issue de l'audience. Notre contrat n'est pas rompu, il n'y a pas eu de dépôt de bilan, pas de liquidation judiciaire, donc on ne peut rien faire. On est dans le néant."

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"Ça nous pourrit la vie"

Face à l'urgence de la situation, les salariées ont assigné leur direction en référé, un acte destiné à obtenir une décision de justice beaucoup plus rapidement. Elles n'attendent qu'une chose : être licenciées. Car pour le moment, elles ne peuvent ni s'inscrire à France Travail, ni bénéficier de la garantie des salaires.

On a été pris pour des cons, on nous a menti du début à la fin. On attend notre dû, donc notre salaire. On ne demande qu'à être licenciées pour pouvoir tout oublier. Tant que je ne serai pas licenciée, je ne pourrai pas me projeter dans l'avenir.

Corinne Laruelle, salariée

à France 3 Baie de Seine

Au total, quatre franchises Leader Price de la pointe de Caux sont concernées par la situation : celles de Lillebonne, Gonfreville-l'Orcher, Harcanville et Goderville, dont les salariés sont venus soutenir leurs collègues de Lillebonne.

Toutes ces franchises appartiennent depuis le mois d'avril au même propriétaire qui n'a ni réglé la situation, ni payé ses salariés. Une situation extrêmement pesante, autant financièrement que psychologiquement.

Retrouvez le reportage d'Herbé Guiraudou et Danilo Commodi :

durée de la vidéo : 00h01mn39s
{} ©France télévisions

"On a du mal à dormir, ça nous pourrit la vie, confie Isabelle Piziaux, une autre salariée. Tous les jours, on se demande comment on va réussir à payer nos factures. Moralement, ce n'est pas bon."

La gérance nébuleuse de la franchise

Au mois d'octobre, le magasin de Lillebonne, plus approvisionné depuis des mois, a finalement fermé ses portes. Les employés ont reçu un courrier recommandé leur intimant de rester chez eux... mais rien n'a changé. "Je ne suis pas du tout étonné", relève Stéphane Leroy, défenseur syndical intervenant en matière prud'hommale.

"Depuis le mois de septembre, on a essayé de contacter le gérant par recommandé, téléphone et mail, et il n'a jamais donné suite. On n'a jamais rencontré les équipes de direction. Les salariées les croisent parfois : ils viennent enlever de la camelote, ils sont même venus démonter l'enseigne Leader Price pendant la nuit..."

Le gérant nous a dit qu'il allait déposer le bilan, mais ce n'est toujours pas fait... Les mois à venir vont être très compliqués, ça me fait très peur. Je réfléchis sur mon avenir, je prends le temps de souffler, mais je pense que je ne retournerai pas dans le commerce, je suis écœurée du commerce.

Corinne Millois, salariée

à France 3 Baie de Seine

"Le gérant est propriétaire d'une holding, c'est assez complexe, estime Stéphane Leroy. Il ne paye plus ses loyers, plus EDF... Il est vraiment temps que ça s'arrête."

Cette holding, Distri-Deauville, a racheté les quatre franchises Leader Price de la Pointe de Caux. Aucun de ses représentants ne s'est rendu à l'audience.

"Dans les grands groupes, on ne fait pas grand cas du personnel"

Fin septembre, la maire (divers gauche) de Lillebonne, Christine Déchamps, venue rencontrer les salariées, assurait elle aussi : "On ne connaît pas le propriétaire, c'est plutôt très opaque."

"Avec de grands groupes comme ça, des histoires de rachat, de revente, on ne fait pas grand cas du personnel. Depuis le rachat par le franchisé actuel, il n'y a pas eu de nouvelles livraisons. Les stocks se sont vidés petit à petit."

"Quand on veut faire descendre un chiffre d’affaires, on ne remplit plus le magasin, concluait-elle. Le chiffre d'affaires dégringole, et c'est un bon moyen de se déclarer en faillite et en cessation d'activité. Mais il y a de l'humain au cœur de tout ça. Cinq salariées sont en attente d'un éventuel devenir."

Une décision des prud'hommes le 8 novembre

Une attente qui devrait bientôt se terminer, même si la procédure complète pourrait prendre quelques mois : le tribunal des prud'hommes rendra sa décision le 8 novembre prochain.

Les salariés de Lillebonne ont également demandé une réparation pour le préjudice subi. Ceux des Leader Price de Gonfreville, Goderville et Hancarville vont quant à eux également entamer une action en justice.

Le groupe Casino, dont Leader Price est l'une des filiales, a de son côté attaqué Ditri-Deauville pour de lourds impayés. Une audience se tiendra le 14 novembre au tribunal de commerce de Nanterre.

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