La méthode du neuropsychiatre hongrois Petö se déploie en Normandie grâce au courage de parents d'enfants handicapés. Au pays de Caux, un maire met à disposition son école communale qui n'avait plus d'élèves pour une association qui organise la venue de praticiens d'éducation conductive.
Après Lisieux, Maucomble, Bois-Himont (près d'Yvetot) a ouvert un centre associatif d'éducation conductive. Il organise des stages pour des enfants avec leurs parents.
Peu connue du grand public, cette méthode l'est des familles qui élèvent un enfant polyhandicapé, souffrant par exemple d'infirmité motrice cérébrale.
Le neuropsychiatre hongrois, Andras Petö a conçu cette réeducation dans les années 40. Elle est développée depuis longtemps dans de nombreux pays voisins (Belgique, Angleterre, Autriche, Hongrie...). En France, elle est qualifiée par les autorités, d'innovante.
"Elle est basée sur une approche multidisciplinaire consistant à mobiliser les ressources neuro-motrices, cognitives et sensorielles des enfants grâce à un travail d’apprentissage guidé et ainsi trouver des stratégies de contournement des dysfonctions dans les actes quotidiens"
(source Agence régionale de santé de Normandie, 2022)
Le coût et la fatigue de devoir aller dans un pays voisin
A Bois-Himont, l'association "centre d'éducation conductive Yvann et Josian" est accueillie dans l'ancienne école communale (aux normes) qui n'a plus d'élèves, grâce au soutien de la ville.
Le centre a commencé les stages en début d'année. Il reçoit une thérapeute autrichienne, Zita, qui a suivi 4 années de formation à Budapest. Il y avait une demande de familles du pays de Caux.
"C'est toujours compliqué de se déplacer loin, le fait de pouvoir venir tous les jours, que ce soit à côté et abordable financièrement ça permet à nos enfants d'accéder à cette thérapie" explique la maman d'une petite fille de 5 ans
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Le stage de 5 jours coûte 130€ aux familles. L'autre moitié est financée par l'association qui organise des manifestations, et a le soutien de partenaires.
La présidente de l'assocation Ingrid Serret, est mère de jumeaux, Yvann et Josian, qui souffrent de handicaps. Ils ont pu bénéficier de la méthode du docteur Petö.
"En France, vous ne faites pas 5 heures de rééducation par jour, au mieux c'est 5 à 6h par semaine... quand il y a une prise en charge optimale."
Ingrid Serret, présidente de l'association "centre d'éducation conductive Yvann et Josian"
Les séances sont accompagnées de beaucoup d'encouragements et aussi de chants. La stimulation et la répétition permettent de faire progresser les enfants.
"J'ai constaté des progrès au niveau de la concentration. Elle avait beaucoup de mal à rester sur une activité. Elle avait aussi extrêmement peur de se mettre debout parce qu'elle avait fait des chutes" se félicite Audrey, mère de la petite Axelle.
L'éducation conductive n'a pas encore de centre de formation en France. Les agences régionales de santé commencent à l'intégrer dans leurs plans pour favoriser l'autonomie "en complémentarité et en articulation aux côtés des équipes sanitaires et médico-sociales" (source : "Pour la création d’un centre ressources éducation conductive" ARS normandie, 2022.)
A Bois-Himont, l'association "Yvann et Josian" aimerait beaucoup que les enfants suivis pour leur autonomie puissent aussi être scolarisés dans l'école qui n'avait plus d'élèves.