L'usine Renault de Dieppe menacée de fermeture : "l'incompréhension" du côté des syndicats

Selon "Le Canard enchaîné", Renault envisagerait de fermer quatre usines en France dans le cadre d'un vaste plan d'économie qui sera dévoilé vendredi 29 mai. Celle de Dieppe, qui produit l'Alpine, figurerait sur la liste. 

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L'usine Renault de Dieppe va-t-elle fermer ? Le constructeur automobile français envisagerait de fermer quatre sites en France, dans le cadre d'un vaste plan d'économie qui doit être annoncé la semaine prochaine, selon le Canard Enchainé. Parmi elles, l'usine de Dieppe, en Seine-Maritime. Les usines de Flins, Choisy-le-Roi et les Fonderies de Bretagne sont également menacées.

385 salariés menacés à Dieppe

A Dieppe, ce sont donc 385 emplois qui sont menacés. L'usine assemble le modèle sportif Alpine A110, un coupé sportif aux ambitions haut de gamme, relancé il y a deux ans. La cadence de production avait été réduite à 7 véhicules par jour (contre 15) en début d'année.
 


"C'est incompréhensible, tous nos feux sont au vert"

Du côté des salariés et des syndicats, qui l'ont appris par la presse, c'est l'incompréhension. "Tous nos indicateurs sont au vert, notre carnet de commandes est plein jusqu'au mois d'août", nous indique Dominique Seraffin, secrétaire du CSE et syndicaliste CFDT. Ce dernier ne croit pas à cette fermeture. 

Tout est fait pour que ça fonctionne. L'implication des salariés est au top niveau et reconnue chez Renault sur tous les indicateurs de performance. Ce n'est pas possible ! L'usine est quasiment neuve, il y a eu un gros investissement de 15 millions d'euros.
Dominique Seraffin, secrétaire du CSE et syndicaliste CFDT

"C'est un site historique sur Dieppe et sur la région, Dieppe sans l'Alpine ce n'est plus Dieppe et vice versa. Ce serait une catastrophe", poursuit le syndicaliste.
 


La direction, qui l'a aussi appris par la presse, ne semble pas avoir plus d'informations. 
 

"Quand on veut réindustrialiser le pays, c'est impensable!"

Une information qui sucite également l'incompréhension chez Sébastien Jumel, député de la 6e circonscription de Seine-Maritime. 

Il serait incompréhensible que le contribuable débloque 5 milliards de prêt garanti par l'Etat et qu'on s'apprête à développer des primes, y compris pour l'achat de nouveaux véhocules, et que ça se traduise par des supressions d'emplois chez nous.



Même incompréhension pour Philippe Martinez, le secrétaire général de la CGT, qui a jugé "impensable" que la direction de Renault veuille fermer quatre sites en France alors que le gouvernement "veut réindustrialiser le pays".

Est-ce que les 5 milliards que le gouvernement s'apprête à prêter à Renault vont servir à restructurer l'entreprise? C'est un gros problème
Philippe Martinez, secrétaire général de la CGT

Renault "a besoin de reproduire des Renault en France et retravailler sur l'emploi en France. La situation de Renault n'est pas due à la crise sanitaire. Elle est due à des années de gouvernance de Carlos Ghosn (l'ancien PDG, NDLR), qui a été érigé comme un dieu pendant des années et on voit les conséquences de sa stratégie. C'est cette stratégie qu'il faut changer".

"Je pense que le constructeur doit formuler un plan, non pas défensif mais offensif. Nous serons extrêmement attachés à la préservation des sites France", a assuré le Premier ministre Edouard Philippe au Sénat le mercredi 20 mai.
 
 

Un plan économique de 2 milliards d'euros

Le groupe au losange doit dévoiler le 29 mai les contours d'un vaste plan d'économie de 2 milliards d'euros annoncé en février, selon des sources proches.

La direction n'a pas souhaité faire de commentaire. Pas de commentaire non plus au ministère de l'Economie.

L'Etat français, premier actionnaire de Renault avec 15% du capital, prévoit de garantir un prêt bancaire d'environ 5 milliards d'euros pour le constructeur. Mais cette aide n'impliquerait pas de renoncer à des suppressions d'emplois. "Il y a des discussions. Rien n'est figé", a confié à l'AFP une source proche du dossier, sous couvert d'anonymat.

Dès février, la direction avait évoqué la possibilité de fermer des sites en France et à l'étranger lors de la présentation des résultats annuels.

Nous n'avons aucun tabou et nous n'excluons rien.
Clotilde Delbos, directrice générale par intérim

En difficulté avant même la crise du coronavirus qui a provoqué un effondrement du marché automobile, Renault avait enregistré l'an dernier ses premières pertes en dix ans. Le constructeur a vu début avril sa notation financière abaissée au rang d'investissement spéculatif par Standard and Poor's.

 

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