Il y a 25 ans, 9 personnes perdaient la vie dans une grotte. Parmi eux, trois enfants partis jouer dans les galeries ce jour-là. Tous seraient morts asphyxiés mais certains parents de victimes ne croient pas à cette version. Le père de l'une des jeunes victimes, a accepté de revenir sur ce drame...
Le 21 juin 1995, José Lampérier a perdu son fils Pierre, alors âgé de 14 ans. Ce jour-là, trois adolescents, Nicolas, Thomas et Pierre, partent explorer la grotte de Montérolier-Clairefeuille, près de Buchy (Seine-Maritime). Les parents, inquiets de ne pas les voir revenir, décident d’aller les chercher. Le père de Thomas et Nicolas entre dans la cavité. Il n’en ressortira pas vivant.
Le labyrinthe est connu des enfants du coin. Il est constitué de galeries construites en 1944 par les Allemands pour y abriter des bombes volantes. Les trois adolescents âgés de 13 et 14 auraient décidé d'allumer un feu au fond d'une des galeries sans savoir qu'un piège mortel se refermait sur eux.
L'alerte est donnée et le soir même et les secours sont à pied d'oeuvre. Mais vers minuit, le préfet décide d'arrêter brusquement toutes la manoeuvres car un spéléologue amateur et 4 pompiers volontaires ont disparu à leur tour dans la grotte. Le préfet rapatri deux énormes ventilateurs pour chasser la fumée durant toute la nuit. Les neuf corps sans vie seront retrouvés au petit matin.
Rappel précis des faits dans la vidéo ci-dessous :
Selon la thèse officielle, ils auraient tous été intoxiqués au monoxyde de carbone dégagé par le feu allumé dans la grotte. Mais à Montérolier, de nombreuses personnes sont convaincues de l'existence d'un mystérieux gaz toxique provenant des réserves des Allemands.
25 ans après, José Lampérier n'accepte toujours pas la version donnée par la justice. Pour lui, la vérité est toute autre et poursuit son combat pour la faire éclater. Il est persuadé que les autorités ont tenté d'étouffer l'affaire :
J'ai toujours ce sentiment de colère puisque depuis 25 ans nous recherchons la vérité. Nous pensons que les choses qui ont été faites, par la justice, les experts, n'ont pas pris en compte les intoxications cyanhydrique qui je pense sont importantes dans cette affaire.
"On a quand même du mal à penser qu'il a fallu 16 heures pour aller chercher des enfants qui se trouvaient à 150 m de l'entrée. Pour simplement nous dire aujourd'hui qu'il n'y avait simplement que du CO dans ces galeries. C'est impensable..."
A l'époque, les familles s'appuient aussi sur un constat : les parois de la grotte à l'endroit supposé où les victimes sont mortes sont demeurées blanches sans trace de fumée. D'autre part le jour du drame, les pompiers ont également senti une étrange odeur émanant des galeries.
La cyanure à l'origine des décès ?
Familles et pompiers mettent également en avant les analyses de sang des victimes qui montrent la présence de monoxydes de carbone mais aussi de chlore et de cyanure. Pourtant, selon la justice, aucun gaz toxique n'a été retrouvé dans les galeries.
En mai 1997, un non-lieu est prononcé au grand dam des familles qui manifestent pour obtenir la réouverture du dossier.
"Un feu de bois allumé par des enfants c'est beaucoup plus simple à régler comme problème", nous confie José Lampérier. "On ne nous a même pas donné les heures de décès. A partir de là, on se pose beaucoup de questions"
Nous pensons que sur un plan scientifique nous arrivons à démontrer que le cyanure était certainement à l'origine des décès.
"Peut-être qu'on a laissé mourir dans gens dans cette galerie et dans ce cas ce crime ne peut pas rester comme ça", conclue José Lampérier.
Une stèle en hommage aux victimes
Non loin des grottes désormais condamnées, seule un stèle portant le nom des victimes rappelle le drame qui s'est déroulé à Montérolier.
25 ans après les faits, nul doute que le mystère continue de hanter les mémoires.