Avec la révolution industrielle, la lumière artificielle s'est peu à peu imposée dans l'environnement, polluant la nuit et les sources lumineuses naturelles. Comment lutter contre cette pollution lumineuse qui impacte aujourd'hui l'environnement, l'équilibre de la faune et de la flore ? Responsabilité individuelle et collective sont en jeu.
Le développement économique de ces dernières décennies a favorisé l'éclairage artificiel extérieur à grande échelle sur l'ensemble de la planète et en particulier dans les zones fortement industrialisées. Cette surabondance de lumière la nuit est devenue gênante pour la faune, la flore, l'environnement d'une façon générale et a produit des effets délétères sur la santé humaine.
Autre notion, la pollution du ciel nocturne qui la remplace parfois, désigne la disparition des étoiles du ciel nocturne en milieu urbain. Elle est apparue à partir de la révolution industrielle vers 1870 et a évolué depuis.
La pollution lumineuse, qui se distingue des nuisances lumineuses, a eu pour effet d'attirer certaines espèces animales, mais aussi des groupements humains, dégradant de façon artificielle et subrepticement leur condition de vie. Pour la faune, elle correspond aux perturbations endocriniennes ou comportementales, notamment liées aux phénomènes de « phototaxie positive » (attraction irrésistible vers la lumière), ou de « phototaxie négative » (répulsion).
Nous recommandons aux collectivités de d'inclure la pollution lumineuse parmi les indicateurs de pressions sur la biodiversité. Elle est souvent associée à la notion de gaspillage d'énergie, dans le cas d'un éclairage artificiel inadapté et s'il constitue une dépense évitable d'énergie
Union internationale pour la conservation de la nature
Au xx e siècle, une augmentation conjointe de la production électrique, de l'offre en matériels d'éclairage et d'une demande de sécurité (de la part du public et des élus) sont souvent citées comme principales causes d'une tendance à l'augmentation de l'éclairage urbain et périurbain. Les politiques d'éclairage public ont conduit à une augmentation du halo lumineux et de la pollution lumineuse mesurée par satellite (avec une variation de +5 à +10 % par an pour la fin des années 1990, avec 19 % de la surface planétaire concernée. Les enjeux commerciaux, électoraux et d'image alimentent l'augmentation des éclairages. Le recours à des panneaux et enseignes lumineuses a augmenté la luminance de l'environnement nocturne (urbain et routier notamment).
Une progression incessante depuis la révolution industrielle
Ainsi, l'imagerie satellitaire des années 1996-1997 montre qu'en 1997, 18,7 % des terres émergées sont touchées (61,8 % des Etats-Unis hors Alaska et Hawaï et 85,3 % de l'Union européenne). Le phénomène continue depuis à s'aggraver tant pour l’intensité lumineuse que pour l'étendue des zones illuminées, d'environ 6 % par an, progressant par exemple de 6 % par an des années 1990 à 2010 et de 2,2 % en quatre ans (2012-2016) à l'échelle mondiale , devenant l'une des menaces importantes pour la biodiversité.
L'abondance d'électricité et son prix moins élevé la nuit (notamment dans les pays recourant à une production nucléaire) n'incitent pas aux économies d'éclairage, dans un contexte où les lois encadrant l'éclairage nocturne (quand elles existent) ne tiennent que peu en compte les préoccupations environnementales. Quand l'électricité est d'origine nucléaire (en France par exemple), il est complexe de ralentir une centrale nucléaire pour la nuit, où la consommation d'énergie est moindre : l'énergie étant de toute façon produite, elle est vendue à moindre coût la nuit (ce qui encourage la consommation nocturne d'énergie électrique… dont pour l'éclairage urbain).
Au phénomène des publicités lumineuses, néons, magasins et édifices publics (monuments, ponts, berges, etc.), illuminés parfois toute la nuit, s'ajoutent les impacts des « canons à lumière » ou « skytracers » (souvent improprement nommés lasers), qui balaient le ciel au-dessus des édifices. Enfin, l'éclairage public des rues a longtemps été réalisé avec des luminaires qui n'étaient pas conçus pour limiter les émissions vers le ciel (luminaires en forme de boules) ou de grande puissance (lampe à vapeur de mercure) haute pression très consommatrice d'énergie).
Nous nous attachons à prévenir et à expliquer l'ensemble des effets des éclairages nocturnes extérieurs non adaptés. Il ne faut pas seulement raisonner en terme d'économie d'énergie et oublier les effets sur la biodiversité ou les effets sur le sommeil ou la santé. Il faut trouver collectivement des solutions pour limiter la quantité globale de lumière émise la nuit.
Association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne
Un objectif : la sobriété lumineuse
Ainsi, l'association nationale pour la protection du ciel et de l'environnement nocturne appelle à "la sobriété lumineuse et énergétique" depuis de nombreuses années. L'administration publique qui possède 30% du parc immobilier est appelé à éteindre les lumières non nécessaires. La grande distribution s'est engagée à éteindre les enseignes lumineuses dès la fermeture des magasins. L'association recommande également un meilleur recours à l'extinction partielle ou totale dans la gestion des communes et à améliorer les usages. Par ailleurs, une charte est proposée aux collectivités locales qui souhaitent s'engager dans la rénovation de leur éclairage public. Un "label villes et villages étoilés" a été créé pour valoriser les démarches de progrès en matière d'économie d'énergie.
Une exposition de sensibilisation
Pour sensibiliser le grand public à ces questions de pollution lumineuse, la ville de Caen et son musée d'initiation à la nature propose une exposition pour mieux connaitre et comprendre la nuit... Quand avez-vous
pris le temps pour la dernière fois d’observer les étoiles du ciel ?
La nuit est-elle si noire ? Découvrir les 12 couleurs de la nuit en
observant qui se cache dans l’obscurité. Quel est l'impact des lumières sur la faune et la flore ? Des ateliers et des animations sont proposés jusqu'au 4 novembre pour que chacun puisse s'interroger sur son rapport à la nuit.