Ce lundi 23 janvier 2023, la chambre des appels correctionnels de Rouen (Seine-Maritime) a rendu sa décision dans l’affaire d’harcèlement à la caserne des pompiers de Bolbec, près du Havre.
Le feuilleton judiciaire dure depuis 15 ans et pourrait continuer. Trois anciens pompiers de la caserne de Bolbec se battent pour faire reconnaitre par la justice des faits d’harcèlement de la part d’un de leur supérieur.
Renaud Blanc, Stéphane et son frère Dominique Burel attendaient avec impatience le rendu de la cour d’appel de Rouen ce lundi 23 janvier 2023. Cette date devait marquer la fin de leur combat. Tous souhaitaient clore ce chapitre douloureux de leur vie. Mais à leur surprise, la chambre des appels correctionnels de Rouen a relaxé leur ancien chef de centre. Une décision incomprise par les trois retraités qui souhaitent poursuivre le combat :
"Il y a eu beaucoup de victimes et il faut se souvenir que cette affaire est partie du décès d'un jeune pompier. Il y a eu d'autres tentatives de suicide, moi j'ai lancé l'alerte, le Sdis a été condamné et aujourd'hui ce monsieur est relaxé, c'est à dire qu'il ne s'est rien passé !" regrette Renaud Blanc.
Le capitaine s'est toujours défendu en évoquant des "méthodes de management mal acceptées". Les trois amis quant à eux, décrivent des insultes, des menaces et des sanctions injustifiées pendant plusieurs années. Ils réfléchissent avec leur avocat à se pourvoir en cassation. Ils se sont également lancé dans un autre combat en créant l’association « harcèlement 18 » pour aider d’autres victimes partout en France.
Plainte pour harcèlement moral
En 2008, ils portent plainte contre leur ancien chef de centre pour harcèlement moral. Une procédure qui est intervenue auprès le suicide d’un des pompiers de la caserne. Les plaignants racontent avoir subi des insultes, des discriminations et des refus d’avancement. D’après eux une quinzaine de pompiers ont été mis en indisponibilité à cette époque.
Renaud Blanc a écrit deux ouvrages qui témoigne de son combat pour sa réhabilitation. Nous l'avions rencontré en 2012 à l'occasion de la sortie de son deuxième livre : "c’était un cauchemar, chaque pompier qui n’était pas dans le rang était quelqu’un certainement touché par le chef de centre. Il s'arrangeait pour lui faire vivre l’enfer"
Son avocat précisait : "on se trouve à chaque fois dans des milieux qui sont très hiérarchisés, dans lesquels le devoir d’obéissance et le respect des ordres est extrêmement prégnant. Ce qui fait que ce type de comportement est extrêmement difficile à faire ressortir. Il y a souvent une volonté de laisser les choses se régler de manière interne de ne pas faire de vagues, de ne pas nuire à l’image du service"
Les trois anciens pompiers espèrent une prise de conscience au sein du public et de la corporation : "il faut que le harcèlement soit puni aujourd’hui et que l’on arrête de croire que c’est parce qu’ils ont une un uniforme et des barrettes qu’ils peuvent dans leur coin faire des choses couvertes par l’administration qui ne veut rien entendre " ajoutait Renaud Leblanc.
Un premier procès s’était soldé par un non-lieu mais l’affaire a été rouverte après de nombreuses péripéties judiciaires. Le tribunal correctionnel du Havre a condamné l’ancien capitaine des pompiers à six mois de prison avec sursis et le versement de dommages et intérêts. Mais le gradé, aujourd’hui à la retraite, avait fait appel. Pour lui, il s’agissait d’une méthode de management stricte qui a été mal acceptée.