Quelques heures après son arrivée aux Sables d'Olonne, Charlie Dalin a répondu à nos questions, jeudi 28 janvier. Le skippeur du Havre a franchi la ligne d'arrivée en première position mais a dû laisser les honneurs de la victoire à Yannick Bestaven, qui a bénéficié de bonifications.
Moins de 24 heures après son arrivée aux Sables d'Olonne, mercredi 27 janvier, Charlie Dalin est revenu, à notre micro, sur son Vendée Globe 2020 et sa deuxième place. Le skippeur du Havre, qui se projette déjà sur le prochain tour du monde, évoque son aventure mouvementée pendant 80 jours de course.
Bonjour Charlie Dalin, dans quel état d'esprit êtes-vous près de 24 heures après votre arrivée aux Sables d'Olonne ?
Je suis toujours en train de savourer cette arrivée, mes proches, mes partenaires. Je suis heureux de la copie que j'ai rendue sur ce Vendée Globe et d'avoir franchi la ligne d'arrivée en première position. Ca, on ne me l'enlèvera pas. C'était une incroyable aventure. Faire un tour du monde en 2020, ce n'est pas anodin.
Vous êtes arrivés deuxième de cette édition, malgré avoir franchi la ligne d'arrivée en premier. Pas de déception ?
Forcément quand j'ai vu Yannick (Bestaven) soulever le trophée, il y a eu un petit pincement au cœur, je ne vais pas le cacher. Mais je respecte totalement ces bonifications. Si la direction de course m'avait demandé de me dérouter pour aller aider quelqu'un en difficulté, je l'aurais fait sans hésiter une seconde et j'aurais aussi bénéficié de bonification. Ca fait partie de l'histoire, ça fait partie du jeu. Je n'ai aucun regret à ce niveau-là.
Quel a été le plus beau moment pour vous de ce Vendée Globe ?
L'arrivée était très forte, la montée du chenal était particulière. Mais si on parle de la course en elle-même, le passage du Cap Horn, c'est un des éléments dont je me rappellerais le plus. C'était la nuit, avec un ciel légèrement dégagé et quelques gros nuages menaçants autour. J'ai pu apercevoir le Cap Horn dans l'obscurité. Ce qui m'a permis d'échanger quelques mots avec le gardien du phare. J'avais le sentiment d'avoir réussi à surmonter ces mers du Sud, de voir ce Cap légendaire.
Vous vous êtes fait quand même quelques frayeurs...
Oui, j'aurais pu abandonner. J'ai eu une avarie au niveau de ce foil (des ailes soumarines qui permettent d'atteindre des vitesses importantes). Un des guides qui tient ce foil s'est décroché. J'ai cru que la course était finie pour moi. J'ai cru que j'allais me retrouver dans un port en Australie ou en Nouvelle-Zélande. A un moment donné, j'ai même regardé sur la carte quel était le port le plus proche.
Mais, mon équipe technique s'est mobilisée. Un peu comme pour Apollo 13, on a fait avec les moyens du bord et à fabriqué quelque chose, une pièce et à la mettre en place. Ca m'a pris une journée entière de travail et j'ai pu reprendre la course. Si on m'avait dit à ce moment-là que j'allais tout de même franchir la ligne d'arrivée en première position, je ne l'aurais pas cru.