C'est un combat commencé il y a plus de 15 ans. La ville du Havre veut racheter des terrains pour construire un sentier du littoral, dans le quartier Dollemard. Sauf que sur place, une propriétaire loue plus de 150 parcelles de jardins familiaux.
C'est un petit bout de paradis pour certains havrais, un bol d'oxygène loin du tumulte de la ville, une fabrique à souvenirs.
Pour avoir un des jardins de loisirs familiaux de Dollemard, "il y a une longue liste d'attente, je n'inscris d'ailleurs plus personne tellement elle est longue", témoigne la propriétaire des lieux, Sophie Pelicant.
Certains viennent en profiter le week-end, d'autres pendant les vacances, quelqu'uns y vivent même à l'année ! Pour 20 euros par mois, à électricité solaire et sans eau potable. Mais tous ont pris leurs aises avec le temps, 33 ans après l'ouverture.
Les petites cabanes sont devenues des maisons, pas très grandes mais avec tout ce qu'il faut pour passer de bons moments.
"C'est anti-stressant, vos soucis, vous les laissez chez vous"
Joel était l'un des premiers, il vient ici toutes les semaines, cultiver ses courgettes, ses tomates, ses poireaux...
A quelques kilomètres à peine de son appartement havrais de Bléville, c'est là dans son jardin de Dollemard qu'il profite de la vie. "Mes enfants ont grandi ici, ils ont appris à faire du vélo. Quand il fait beau, on fait un barbecue en famille, parce qu'en immeuble, il ne faut pas faire trop de bruit. C'est anti-stressant, vos soucis, vous les laissez chez vous."
Plus de 150 terrains en tout, avec une solidarité locale pour un coup de main, un prêt... Une solidarité que tente de mettre à profit Sophie Pelicant, la propriétaire dans son combat contre la mairie du Havre. La ville tente depuis longtemps de racheter cet espace pour y construire un sentier du littoral.
Vendre ces terrains est inenvisageable pour Sophie Pelicant. C'est son père qui " a conçu ça, arbre par arbre, allée par allée."
Impossible de trouver un terrain d'entente, alors elle s'est vu rappeler que toute cette zone est non constructible, son activité donc "illégale", même si elle paie des impôts dessus.
Et pourtant, la mairie a déjà commencé la procédure d'expropriation, et garantit proposer aux locataires d'autres jardins familiaux en échange...
Après 15 ans de discussions, l'argument ultime, c'est la loi !
La ville prépare d'ailleurs un second combat contre la propriétaire. Son père, aujourd'hui décédé, était l'exploitant de l'ancienne décharge Dollemard, dont les restes de plastiques et de métal débordent de la falaise... juste à coté des jardins.