Le parti d'Edouard Philippe a décroché 58 investitures sous la bannière de la majorité présidentielle. Ces quatres derniers jours, les négociations ont été rudes avec les représentants de LREM.
C'est une question qui fait couler beaucoup d'encre depuis quelques jours. Quel rôle va jouer Edouard Philippe et son parti Horizons à l'occasion des élections législatives de juin prochain ? Si l'ancien Premier ministre espère compter lors des prochaines échéances électorales, dans l'entourage du Président de la République, l'ambition d'Edouard Philippe a été vue d'un mauvais œil.
Objectif d'Horizons : avoir un groupe pour peser
"Aucune circonscription pour Horizons, ce sont des cons !". Selon nos confrères d'Europe 1, cette phrase aurait été prononcée par Emmanuel Macron il y a quelques jours, avant d'ajouter : "Il me doit tout et il pense qu'on est égaux ? Il a fumé les vapeurs du port du Havre ?" Depuis, l'Elysée a formellement démenti ces propos.
La raison de la brouille entre le Président et son ancien Premier ministre : la volonté d'Edouard Philippe de présenter des candidats Horizons dans plus d'une centaine de circonscriptions pour s'assurer d'obtenir un groupe à l'Assemblée Nationale. Mais Emmanuel Macron marche sur un fil pour investir des candidats de tous les partis alliés à LREM. Avec 577 circonscriptions, le chef de l'Etat doit en réalité satisfaire tous ses partenaires. Il doit s'entendre à sa gauche avec Territoires de progrès et En Commun et à sa droite avec Agir et Horizons, sans oublier son allié historique, le Modem, présent depuis 2017 dans la majorité.
Une première salve d'investiture
Réunis en bureau politique à Paris, mardi 3 mai dans la soirée, autour d'Edouard Philippe, les cadres d'Horizons semblaient sereins à la sortie. Le maire du Havre soulignait la "bonne confiance" entre son mouvement et la majorité présidentielle. "La période de turbulence entre Horizons et LREM semble se terminer", analyse Bruno Cautrès, politologue.
Une nouvelle réunion a eu lieu ce jeudi 5 mai à Paris entre Edouard Philippe, Pierre-Yves Bournazel pour Horizons et Richard Ferrand et Stanislas Guerini pour LREM. Avec leurs alliés du Modem, les représentants des trois partis ont défini une bannière commune pour les élections législatives : "Ensemble." En Marche, de son côté, a même annoncé changer de nom pour "Renaissance", déjà utilisé lors de la campagne des européennes en 2019.
Lors de ce rendez-vous, après de nombreux ajustements, Horizons a finalement décroché 58 investitures sur les 577. "Le Modem en aura presque deux fois plus, cela montre quand même qu'il y a une hiérarchie dans la majorité", souligne le politologue Bruno Cautrès. Le spécialiste souligne tout de même que le Modem est un allié historique d'Emmanuel Macron alors que le parti du maire du Havre n'a même pas fêté son premier anniversaire.
La majorité traine derrière la gauche, Edouard Philippe responsable ?
Depuis plusieurs jours à gauche, Jean-Luc Mélenchon a réuni autour d'une même table le PCF, le PS et EELV pour créer une maison commune baptisée Nouvelle Union Populaire Ecologique et Sociale. Une réussite de l'aveu de nombreux observateurs politiques.
Du côté d'En Marche et d'Horizons, les relations tendues entre le maire du Havre et certains cadres du parti présidentiel ont ralenti les discussions. "La majorité se devait de réagir, souligne Bruno Cautrès, il fallait absolument que les négociations avancent pour que la campagne débute."
Une première salve de 220 candidats de la majorité sera connue très prochainement. "Pour savoir si Edouard Philippe a gagné son pari, il faut regarder quelles circonscriptions il a obtenu", note le politologue. Il est possible que la majorité des sièges réservés à Horizons ne soit dévoilée qu'en fin de semaine.