Exxon Mobil Chemical France a annoncé la suppression de 677 emplois sur la plateforme pétrochimique de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime). Les conséquences sont lourdes pour ce territoire où beaucoup d'entreprises dépendent de ce site.
C'est une annonce qui fait l'effet d'une bombe... 677 postes supprimés annoncés par l'entreprise Exxon Mobil, pour "raisons économiques".
Au-delà des emplois directs, beaucoup vont être pénalisés dans la région, à commencer par les nombreux sous-traitants. C'est le cas du bureau d'études "Projenor", basé à La Frenaye, près de Port-Jérôme-sur-Seine, qui travaille depuis quarante-cinq ans avec la société ExxonMobil. Pour son directeur, c'est la douche froide.
La douche froide
"Vendredi dernier, nous étions en réunion avec le grand patron pour un contrat sur lequel il nous a félicités. Et une semaine après, on se prend ça !", s'exclame Thierry Certain, le cogérant de l'entreprise.
Une quarantaine de personnes travaillent au sein de cette entreprise spécialisée dans la charpente et la tuyauterie. Les contrats avec le géant américain représentent 30% de leur chiffre d’affaires. "On a peur, mais nous allons réagir en diversifiant notre clientèle", tente de se rassurer Thierry Certain.
"C'est mon grand-père qui a créé l'entreprise pour travailler avec Exxon Mobil à l'époque. C'était notre client principal et c'est toujours le cas pour nous. Forcément la fermeture du site aura des conséquences", s'inquiète son fils, Bastien Certain, le cogérant de l'entreprise.
Des conséquences lourdes
Au lendemain de l'annonce, il est encore trop tôt pour connaître les conséquences réelles pour les sous-traitants, comme Projenor. Les prochains mois seront décisifs pour eux, mais ce ne sont pas les seuls qui vont devoir s'adapter.
Jennifer Viel, la cogérante de la pizzeria l'Estrella basée à cinq minutes du site, en sait quelque chose. Les salariés d'Exxon Mobil représentent 30% de son chiffre d’affaires. Midi et soir, des dizaines d'employés viennent manger dans son établissement.
"Nous sommes dépités. Ce sont des clients avec qui nous avons des affinités, ils ont l'habitude de nos produits. Le fait de ne plus les voir, notre chiffre d’affaires va beaucoup baisser", regrette Jennifer Viel.
Même son de cloche pour la restauratrice du kebab "Mini House", qui craint de mettre la clef sous la porte. "Ce sont des clients très importants, surtout le midi. La moitié de nos clients vient de l'entreprise Exxon Mobil, cela nous fait très peur", s'alarme Anan Zainou.
Tous les commerçants rencontrés éprouvent le même sentiment : la crainte pour le futur.
Rester optimiste
Les commerces sont concernés, tout autant que les agences d'intérim, comme "Interaction" qui s'est implantée en 2022 exprès à Port-Jérôme-sur-Seine pour profiter de l'activité d'Exxon Mobill.
"C'est une grosse surprise, nous avons des inquiétudes. Nous ne travaillons pas directement avec Exxon Mobil mais avec leurs sous-traitants. Ces sous-traitants représentent 80% de nos contrats d'intérim", confie Christelle Leboucher, responsable de l'agence.
Mais la responsable préfère rester optimiste et espère rebondir grâce à d'autres entreprises qui viendront s'implanter à Port-Jérôme.
La maire de la commune va d'ailleurs dans ce sens. Hier, Virginie Carolo, également présidente de Caux Seine Agglo, confiait vouloir regarder de l'avant et préparer déjà la suite. "On va devoir préparer les jours à venir, rebondir, réfléchir au foncier qui pourrait être libéré pour accueillir de nouvelles entreprises".
Tous espèrent que leur bassin d'emploi reste attractif et attire de nouvelles entreprises. Toujours est-il qu'un emploi perdu à Exxon Mobil a des conséquences sur cinq emplois indirects dans la région.