677 emplois supprimés chez ExxonMobil : un "choc", un "tsunami", une fermeture "terrible" pour les salariés et leurs familles

ExxonMobil Chemical France a annoncé réduire son activité sur la plateforme pétrochimique de Port-Jérôme-sur-Seine (Seine-Maritime) en 2024. 677 emplois vont être supprimés. Le gouvernement, les syndicats, les élus locaux et la maire de la commune sont inquiets des conséquences pour la région.

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L’information est tombée tôt dans la matinée et surprend beaucoup. Les salariés n'étaient pas prévenus, c’est la douche froide pour eux.

"On sait depuis lundi que la société voulait déclencher un CSE extraordinaire ce jeudi, mais on ne s’attendait pas à une annonce aussi importante", réagit, à chaud, Pierre-Antoine Auger, délégué syndical (FO) ExxonMobill.

677 postes supprimés

À 37 ans, Pierre-Antoine Auger a consacré la moitié de sa vie à ExxonMobil, sur le site de Gravenchon, à Port-Jérôme-sur-Seine, près du Havre (Seine-Maritime). Ce Normand travaille au sein de l’unité de production qui va disparaître cette année.

"Je suis triste, énervé, sous le choc. Il faut que je digère l’information et après nous nous mettrons au travail pour limiter les départs contraints", assure le délégué syndical.

Dans un communiqué publié ce jeudi, ExxonMobil Chemical France prévoit la suppression de 647 emplois sur le site de Port-Jérôme-sur-Seine et 30 postes basés au siège de la société à Nanterre. Il s’agit de "l’arrêt définitif du vapocraqueur, des unités de polyéthylène, de polypropylène, d’adhésifs et des facilités logistiques associées", précise la société.

Aucun départ avant 2025

Face aux inquiétudes, ExxonMobil promet d’engager une "recherche de solutions individuelles et collectives" pour les salariés concernés par les suppressions d’emplois et précise qu' "aucun départ n’est envisagé avant 2025".

La raison de cette fermeture s'explique par les mauvaises retombées économiques. La société aurait perdu 500 millions d’euros depuis 2018. "Nous étions au courant de ces pertes, car cela est évoqué tous les mois en CSE, mais nous pensions que la raffinerie de Port-Jérôme (qui n'est pas concernée par cet arrêt, NDLR) compenserait les pertes de l’activité pétrochimique. On est donc très surpris !", s'exclame Pierre-Antoine Auger.

De son côté, la direction met en avant d'importants problèmes auxquels la société devait faire face ces dernières années. En plus des soucis économiques, la concurrence ne faisait que s'accroître.

"Aujourd'hui, l'unité de Notre-Dame-de-Gravenchon Port-Jérôme-sur-Seine, NDLR) est une unité de taille moyenne avec une fabrication de 400 000 tonnes d'éthylène, alors que les nouvelles installations qui se construisent dans le monde, aux États-Unis et au Moyen-Orient, sont quatre à cinq fois supérieures et bénéficient surtout de coût énergétique beaucoup plus faible", justifie Jean-Philippe Petit, directeur des affaires publiques pour les sociétés du groupe ExxonMobil en France.

Limiter les conséquences sociales

Un "tsunami" pour les salariés, mais aussi pour leur entourage. C’est une annonce aux lourdes conséquences pour l’agglomération Caux Seine et les communes avoisinantes. Virginie Carolo, la maire de Port-Jérôme-sur-Seine, commune de 10 000 habitants, se sent, elle aussi, profondément choquée, "même si ici tout le monde savait que cela arriverait un jour".

Virginie Carolo, également présidente de Caux Seine Agglo, veut regarder de l'avant et prépare déjà la suite. "On va devoir préparer les jours à venir, rebondir, réfléchir au foncier qui pourrait être libéré pour accueillir de nouvelles entreprises". Elle pense aujourd'hui aux salariés, à leur famille, et promet de garder un bassin d'emploi attractif.

Surveiller l'après

La préfecture de la Seine-Maritime a rapidement réagi en assurant que l'État serait très exigeant sur le respect des procédures de sauvegarde de l'emploi et sur la redynamisation économique.

Le moment venu, et dès que possible, l’État soutiendra les acteurs du territoire pour accompagner les initiatives partenariales de redynamisation économique, y compris en lien avec les projets déjà identifiés sur la zone.

Préfecture Seine-Maritime, 11 avril 2024

Le ministre de l'Industrie, Roland Lescure, a pris acte de cette annonce, en affirmant que cette fermeture était "terrible pour les salariés et leurs familles". "Le groupe a une obligation absolue de proposer des perspectives de reclassement pour les salariés et de valorisation pour le site."

"Le géant du pétrole encaisse les profits"

Quant à Céline Brulin, sénatrice de Seine-Maritime et Jean-Paul Lecoq, député de Seine-Maritime, eux refusent une telle annonce et demandent à l'État d’exiger d’ExxonMobil de revenir sur sa décision.

Le géant du pétrole encaisse les profits et joue avec la vie des salariés !

Céline Brulin et Jean-Paul Lecoq

"Nous prendrons contact avec les élus locaux pour réfléchir, ensemble, aux initiatives à prendre pour empêcher ce mauvais choix. Les salariés et les élus locaux doivent de toute urgence être reçus par Bruno Le Maire, ministre de l’Économie et son ministre délégué en charge de l’Industrie, Roland Lescure", écrivent-ils.

La raffinerie épargnée 

La société a annoncé qu’elle allait engager des discussions avec les pouvoirs publics pour la revitalisation du bassin d’emploi et l’évaluation de nouvelles utilisations possibles des terrains qui seraient libérés.

En revanche, la raffinerie Esso à Port-Jérôme-sur-Seine poursuivra ses activités et continuant d'approvisionner le marché français. Elle continuera de produire et fournir carburants, lubrifiants, huiles de base et bitumes à ses clients.

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