Samedi 21 octobre, juste avant les vacances, un professeur d'histoire-géographie du lycée Claude-Monet du Havre (Seine-Maritime) a surpris ses élèves en sortant un couteau devant eux. Il évoquait l'assassinat de Samuel Paty et Dominique Bernard. Un lycéen raconte.
"Le professeur a été immédiatement reçu par la direction de l'établissement. L'incident était suffisamment important pour nécessiter l'interruption des cours de cet enseignant", a déclaré le rectorat de Normandie après qu'un professeur a sorti, en plein cours, un couteau devant ses élèves, samedi 21 octobre 2023, au Havre (Seine-Maritime).
Une enquête a été ouverte par le parquet du Havre. Nous travaillons en lien étroit avec les forces de l'ordre et faisons tout notre possible pour que la rentrée scolaire se passe dans les meilleures conditions possibles.
Rectorat de Normandieà France 3 Normandie
Reçu ce mercredi 25 octobre par le médecin de prévention de l'Éducation nationale, le professeur d'histoire-géographie concerné avait évoqué, très perturbé, les attentats de Charlie Hebdo et le meurtre de Samuel Paty et Dominique Bernard, ajoutant, selon nos confrères de Paris-Normandie, "j’en ai marre de perdre mon temps, de faire mon boulot de prof, celui pour lequel on assassine !".
Visionnez le rappel des faits de D. Commodi et H. Guiraudou, avec l'interview de Christophe Hamon, élu SNUipp :
"Il nous a dit qu'il se sentait menacé"
Selon un élève présent lors de ce cours d'histoire-géographie, les faits se sont produits dans le cadre d'un cours de deux heures, divisé en deux créneaux, le mardi 17 octobre puis le samedi 21, où le professeur, via une méthode de "questions-réponses", abordait son ressenti quant à l'attaque d'Arras.
"Je pensais que ça allait être un cours d'histoire normal, a relevé le lycéen. Samuel Paty, il disait que c'était comme son frère, parce que c'était un prof d'histoire-géo, et que Dominique Bernard, c'était comme sa mère, qui était prof de français."
Il nous a raconté une anecdote personnelle : quand il était en seconde, il pouvait frapper quelqu'un jusqu'à ce que sa tête explose... Ce n'était pas très rassurant.
Un élève du lycée Claude-Monet, présent au cours d'histoire-géographieà France 3 Normandie
Visiblement troublé, le professeur a déclaré avoir "prédit" une attaque terroriste "quelque part en France cette année" et vouloir se protéger en s'équipant d'armes. "Il nous a dit qu'avant, il avait une bombe au poivre. Qu'en raison de l'assassinat de Dominique Bernard, il avait augmenté son équipement. Il nous a dit qu'il se sentait menacé. J'avais l'impression qu'il voulait se protéger lui-même", a souligné le lycéen.
"On était stupéfait, surpris et choqué"
"Et puis, il a parlé d'un totem d'immunité et nous a dit qu'il pouvait utiliser le prétexte que c'était sous le coup de l'émotion pour être immunisé et acquitté durant un procès."
L'enseignant a ensuite sorti un couteau et adopté une attitude menaçante. "C'était un couteau pliable, il nous l'a montré sans le déplier. Mais je pense que la lame faisait la taille de sa paume", a expliqué l'élève. "Claude-Monet, c'est assez tranquille, c'est un lycée comme les autres. Quand on a vu le couteau, il n'y a pas eu de cris, on était stupéfait, surpris et choqué. On était tous interloqué, on a préféré ne rien dire."
Nous, au lycée, on se fait fouiller à l'entrée, on ouvre nos sacs. Mais les profs, eux, peuvent passer en toute tranquillité sans se faire fouiller. C'est normal d'avoir quelque chose pour se défendre, mais là c'est une arme blanche...
Le lycéen
Les faits ont ensuite été rapportés par les élèves à leur professeur principal. Et pris très au sérieux par l'Éducation nationale. Le rectorat nous a précisé qu'une cellule d'écoute allait être mise en place au lycée Claude-Monet "dès la rentrée", "pour les élèves et les personnels qui en ressentiraient le besoin".