L'actrice Nikita Bellucci et son mari le réalisateur Ludovic Dekan étaient poursuivis par le groupe Ares (Jacquie et Michel) pour dénigrement commercial. Le couple avait en effet pris position contre la violence dans l'industrie pornographique. Le tribunal de commerce de Paris, qui statuait sur la procédure, s'est déclaré incompétent.
"On n’est pas vraiment étonnés, c'était couru d'avance. Ça fait plus d'un an et demi qu'ils ont lancé les procédures, mais ce n'est pas ce qui nous inquiète le plus", commente l'actrice Nikita Bellucci, qui vit avec sa famille dans la région rouennaise.
Le groupe Ares poursuivait l'actrice et son mari, le réalisateur Ludovic Dekan, pour "dénigrement commercial", alors qu'une enquête judiciaire avait été ouverte en juillet 2020 contre la société exploitant la plateforme Jacquie et Michel. Des violences avaient alors été signalées à l'encontre de femmes, au cours de tournages de films pornographiques.
Nikita Bellucci et son mari avaient à l'époque déploré ces violences dans la presse et les réseaux sociaux.
Pas de critiques déloyales
Le tribunal de commerce de Paris a finalement estimé le 30 janvier dernier, que "contrairement à ce que soutient Ares, ces mentions publiées entre février et octobre 2022 ne mettent pas en cause la qualité de la plateforme Jacquie et Michel et ses produits de service". On ne peut donc pas parler de "critiques déloyales", mais éventuellement de diffamation.
Le tribunal s'est ainsi déclaré incompétent, et renvoie le groupe vers d'autres instances. Une bonne nouvelle pour l'actrice et son mari, le groupe Ares estimant son préjudice à 700 000 euros de dommages et intérêts.
Une procédure "bâillon" ?
"On a juste relayé des tweets et des informations. Ils voulaient surtout nous faire taire ", poursuit la jeune femme.
Ils essaient de nous intimider, ils font ça avec tout le monde. Une actrice a repris un tweet de mon mari, elle est maintenant blacklistée. C'est un climat très malsain
Nikita Bellucci, actrice
Nikita Bellucci parle même de "doxing" à l'encontre de sa famille, abréviation de "dropping dox" qui signifie "divulguer des informations". " Nous avons déposé une plainte. Le tribunal de commerce ce n'est pas le plus important. Ce qui nous inquiète, c'est tout ce qui se passe à côté", termine la jeune femme.
Pour rappel, Michel Piron, l'un des fondateurs du site "Jacquie et Michel", a été mis en examen pour complicité de viol et traite d'être humain. Il demeure innocent et conteste vigoureusement sa mise en cause.
Droit de réponse de la SAS ARES
Le groupe ARES indique que "contrairement à ce qu’indique Mme Bellucci, la procédure initiée par le groupe ARES n’est en rien une procédure bâillon. Le Tribunal de commerce a d’ailleurs débouté l’actrice sur cette demande. Le groupe a décidé de faire appel, estimant que les propos tenus s’inscrivaient bien dans un cadre dénigrant de produits et services, par des concurrents du secteur du porno".