Mort de Raymond Gurême à 94 ans, dernier survivant tzigane du camp d'internement de Darnétal

Il avait oeuvré une partie de sa vie pour faire connaitre le sort des tziganes français pendant la seconde guerre mondiale. Raymond Gurême avait été interné en 1940 dans un camp à Darnétal, près de Rouen, et avait fini par s'évader d'un autre camp, avant de rentrer dans la résistance. 

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Raymond Gurême avait assisté en 2014 à Darnétal, au dévoilement d'une plaque commémorative en souvenir des quelque 200 hommes, femmes et enfants qui ont transité par ce camp d'internement de nomades.
Dès le 6 avril 1940, un décret interdisait la libre circulation des nomades et les assignait à résidence.
De nombreux départements avaient alors leur camp pour tsiganes et forains, décidé par l'occupant nazi et orchestré par la police française. 
6000 à 6500 nomades ont ainsi été internés pendant la guerre. 

Une équipe de France 3 Normandie avait rencontré à l'occasion de cette commémoration ce dernier survivant tzigane du camp de Darnétal.
Raymond Gurême avait alors 89 ans, et cet hommage fait à sa communauté l'avait beaucoup ému.

Ca soulage car au moins on sent qu'on est pas complètement oublié. C'est un peu dur pour nous les gens du voyage...on tourne la page mais c'est gravé là, avait-il confié à nos journalistes le doigt pointé sur sa tempe.
Raymond Gurême

C'est à l'âge de 15 ans que Raymond fût arrêté avec sa famille à Petit-Couronne près de Rouen le 4 octobre 1940, pour être conduit au camp pour nomades de Darnétal.
A l'époque les Gurême exploitaient un cirque et un cinéma itinérant, mais tout va s'arrêter brusquement.
Après Darnétal, la famille est internée à Linas-Monthéry dans l'Essonne et survit dans le plus grand dénuement.

Ca a été terrible. Nous n'avions plus rien, ni pour manger, ni pour nous chauffer dans les baraques, les gosses tombaient malades, des bébés mouraient, les gens dépérissaient
Raymond Gurême à nos confrères de l'AFP en 2010.

 


Le jeune Raymond parviendra à s'échapper après plusieurs tentatives, mais reviendra à plusieurs reprises au camp apporter de la nourriture aux siens.
En avril 1942 sa famille est transférée dans le plus grand camp nomade de la zone occupée, à Montreuil-Bellay
Après un passage dans un camp de travail en Allemagne, Raymond Gurême entrera dans la résistance.
Il ne retrouvera sa famille en Belgique que des années plus tard après la guerre.


Soixante ans à se taire

Après soixantes années à se taire, Raymond va faire du sort des tziganes et de leur discrimination, le combat de cette partie de sa vie.
Il écrira un témoignage "Interdit aux nomades" où il reviendra sur cette période de l'histoire et l'internement des familles nomades de 1940 à 1946.

Jamais nous ne pensions que d'autres Français nous traiteraient comme des moins que rien alors que mon père avait fait la guerre de 1914-1918
Raymond Gurême à l'AFP en 2010.

L'histoire des nomades et des tsiganes pendant la seconde guerre mondiale est assez méconnue.
Il a fallu attendre 2016 pour que le président de la République François Hollande reconnaisse la responsabilité de la France dans les persécutions des nomades et l'internement de milliers de tsiganes au cours de la seconde guerre mondiale.

"La République reconnaît la souffrance des nomades qui ont été internés et admet que sa responsabilité est grande dans ce drame", s'était exprimé le président Hollande lors d'une commémoration au camp de Montreuil-Bellay en octobre 2016 , "sans oublier que dans d'autres régions, les gens du voyage ont été déportés à Auschwitz parce qu'ils étaient des tziganes".

Malgré cette reconnaissance, Raymond Gurême dénonçait toujours le sort des roms aujourd'hui, victimes eux aussi de maltraitance et de discriminations.

 

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