Dès sa naissance, un lien indéfectible va se créer entre Annie Porte et l'Abbé Pierre. La famille de l'enfant est en effet la toute première a avoir bénéficié d'une maison construite par Emmaüs pour accueillir les plus démunis. Rencontre.
1951. Les parents d'Annie Porte rencontrent celui qui, encore anonyme, va changer leur vie. "Après guerre, mes parents n'avaient pas les moyens de prendre un logement. Prévenu par un prêtre qu'une famille vit sous une toile de tente, l'abbé Pierre construit une maison avec ses compagnons", raconte celle dont la naissance coïncide avec la création d'Emmaüs.
"La première enfant d'Emmaüs" vit alors avec ses parents et son frère Joël dans une maison à Neuilly-Plaisance (Seine-Saint-Denis) et rencontre Henri Grouès, dit l'abbé Pierre. Leurs destins seront liés à tout jamais, et immortalisés sur cette célèbre Une de Paris Match, en 1954.
"Il a marqué ma vie"
La petite fille, si discrète, ainsi blottie dans les bras de l'abbé Pierre, représente le début d'un long combat pour redonner de la dignité des plus démunis.
"Ça a été le début pour lui, ça a marqué son histoire aussi, confie Annie Porte. Nous, on le considérait comme un père spirituel, mais aussi un grand-père. Il a marqué ma vie."
Rien que pour lui, on n'a jamais voulu baisser les bras. Il fallait qu'on y arrive, c'était important.
Annie Porteà France 3 Normandie
En sortant Annie et sa famille de la misère, l'abbé Pierre a fait de la famille Porte le symbole de son combat, et montré qu'il était possible d'agir. "On voulait lui faire honneur, on voulait lui montrer qu'on allait continuer, avec ce qu'il avait fait pour nous."
Esteville, lieu de pélerinage
Aujourd'hui encore, chaque année, Annie Porte se rend en pèlerinage à Esteville (Seine-Maritime). C'est dans ce village situé à 30 kilomètres de Rouen que se trouve en effet la sépulture de l'abbé Pierre, et le centre homonyme.
Rempli de souvenirs, le lieu lie l'histoire intime de la petite fille devenue adulte à celle d'une cause bien plus grande et qui, 70 ans après l'appel d'hiver 54, dure toujours.
"J'ai mon histoire aussi ici, j'ai passé de bons moments avec lui, ce sont des bons souvenirs", confie-t-elle. Concluant : "et me recueillir sur la tombe de l'abbé Pierre, c'est quelque chose."